Invitée de #TV5Mondepolitique ce mardi, Zakia Khattabi. La co-présidente du parti Ecolo, la formation écologiste belge, nous parle des prochaines échéances électorales en Belgique et de sa conception de l'écologie politique.
- Les communales c'est bientôt. A l'approche du 14 octobre, Ecolo progresse dans les sondages, mais reste loin derrière le PS et le MR, le parti libéral. Votre formation a la vocation à rester un parti d'opposition ?
"Absolument pas. Je pense que lorsqu'on s'engage en politique, c'est pour faire bouger les choses et on fait bouger les choses quand on est à la manoeuvre. Les prochaines élections électorales, qu'elles soient communales ou après européennes, fédérales et autres seront un moment important pour les écologistes parce qu'on le voit et même en France, comme en Belgique d'ailleurs. On ne fait pas d'écologie sans les écologistes. Donc nous allons nous lancer dans la bataille pour faire en sorte que les écologistes reviennent au pouvoir."
-Est-ce que le scrutin communal sera une grande répétition de ce qui pourrait se passer pour ces législatives ?
" On le dit de manière facile j'ai envie de dire mais en même temps il faut quand même se rendre compte que les élections communales sont très spécifiques dans le sens où les gens ne votent pas pour des partis. Ils votent pour des personnes. C'est quand même le niveau de pouvoir le plus accessible et le plus proche des citoyens et les gens votent pour un projet local. Donc on voit chez nous aussi, nous avons invité nos membres, par exemple à s'organiser autour de projets. Ce sera déjà un signal positif. Mais on doit quand même se méfier parce qu'il y a une grande différence dans l'appréhension des enjeux et des personnes pour lesquelles les citoyens votent au niveau communal par rapport aux législatives. "
-Mais dans le baromètre des personnalités, les Ecolos ne sont pas très bien placés ? Est-ce que ça va peser sur votre campagne ?
" C'est typique des écologistes. D'abord nous menons des campagnes autour des projets et pas des individus. Et puis vous savez je suis Présidente de parti depuis quatre ans et j'ai commencé ma carrière politique en 2009 et je me retrouve comme Présidente de parti face à des ministres ou à des présidents de partis, des ténors politiques avec lesquels j'ai grandi. Voilà j'avais entre douze et quinze ans et je voyais à la télévision les hommes et les femmes politiques qui sont aujourd'hui mes alter ego. (...) On ne devient pas une personnalité en faisant un passage de dix, quinze ans, on le voit ceux qui sont là sont là depuis trente ans. Et par ailleurs nous plaidons depuis longtemps pour un renouvellement de notre classe politique. Je pense qu'il est temps que les nouvelles générations prennent leurs responsabilités en main, et prennent des responsabilités au plus haut niveau politique. "
-Le PS lui retrouve des couleurs dans les enquêtes d'opinion, malgré les scandales qui ont contraint le parti à faire le ménage. Qu'est-ce qui explique cette remontée des socialistes? Vous qui prônez la bonne gouvernance, pourquoi n'avez-vous pas réussi à profiter justement de la vague d' affaires qui a plombé l'image du parti socialiste ?
Nous avons saisi les scandales comme une opportunité pour remettre en avant un projet politique en matière de gouvernance. Nous portons depuis longtemps une volonté de meilleure répartition du pouvoir. A travers les différentes affaires qui nous ont occupés en Belgique, il y avait trois éléments qu'on retrouve systématiquement. C'est l'enrichissement personnel, c'est la concentration du pouvoir et le conflit d'intérêt. Donc à travers les propositions que nous avions mis sur la table, nous souhaitions mettre à mal ce triptyque pour assainir notre vie politique. Alors voilà les citoyens sont dans des injonctions contradictoires et paradoxales alors qu'aujourd'hui le citoyen lui-même demande un renouvellement de la classe politique. Il continue à voter pour des personnalités qu'il voit depuis trente ans. Donc il faut faire avec, et cela ne nous empêchera pas de lui apporter une alternative crédible en matière de gouvernance.
- Mais si j'en crois les sondages, vous ne serez pas aux Affaires ? Et s'il devait y avoir une coalition, comme c'est souvent le cas en Belgique, est-ce que vous accepteriez des compromissions ?
Des compromissions certainement pas quand on voit aujourd'hui comment le gouvernement fédéral fonctionne. Il est clair que les écologistes n'accepteront pas de participer à un gouvernement qui poursuivrait dans la lignée des politiques qui sont menées aujourd'hui par le gouvernement MR-NVA.
- Qu'est-ce qui vous dérange dans cette politique justement ? Parlez-nous de votre projet.
"Outre les enjeux écologistes totalement absents des préoccupations de ce gouvernement, on voit bien que la priorité de ce gouvernement vise à répondre aux préoccupations d'une infime minorité ou alors d'institutions européennes et ne se préoccupe pas en fait du quotidien de nos concitoyens. Il y a quelques semaines ce gouvernement a annoncé qu'il avait enfin abouti par exemple sur le pacte énergétique. Or quand on regarde les mesures qui sont vendues en matière de transition énergétique, il n'y a absolument rien de neuf, quand d'une part on nous annonce ces transitions énergétiques, mais que d'autre part on réfléchit par exemple à l'agrandissement d'un aéroport, il y a une contradiction qui est fondamentale. Quand on désinvestit dans la SNCB, dans une mobilité alternative, comment est-ce qu'on peut faire changer le comportement des invividus ? (...) Entendre aujourd'hui les termes du débat par rapport à la réforme de la SNCF sans que jamais ne soient mis en avant les enjeux environnementaux qui permettraient par exemple à la France d'atteindre les objectifs qu'elle s'est donnés. Voilà ce sont toutes des contradictions en Belgique, comme en France.
On ne fait pas d'écologie sans écologistes
Notre objectif en 2019 c'est de remonter au pouvoir pour faire avancer les choses en matière par exemple de qualité de l'air. Les Bruxellois tous les jours souffrent de la pollution atmosphérique. Il y a 12 000 morts prématurés en Belgique liés à la pollution de l'air. Il est urgent de mettre en place des politiques volontaristes en matière de diminution par exemple de la pollution atmosphérique. "