Des États-Unis à l'Iran, quelles sont les réactions à l’attaque de Salman Rushdie ?

L'écrivain britannique Salman Rushdie a été poignardé au cou vendredi 12 août. Il est désormais placé sous respirateur. Selon son agent, il risque de perdre un œil. De nombreuses personnalités internationales réagissent à l'attaque à son encontre. Tour d'horizon. 
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Salman Rushdie
Salman Rushdie au Mississippi Book Festival, en août 2018.
Rogelio V. Solis/AP
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Salman Rushdie, auteur des "Versets sataniques" et cible depuis plus de 30 ans d'une fatwa de l'ayatollah Khomeini en Iran, a été placé sous respirateur après avoir été poignardé le 12 août au cou et à l'abdomen dans l'Etat de New York par un homme qui a été arrêté. "Salman va probablement perdre un œil ; les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au niveau du foie", détaille au New York Times son agent Andrew Wylie. Il précise que Salman Rushdie, 75 ans, est placé sous respirateur artificiel.
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L'agression est survenue alors que Salman Rushdie s'apprêtait à donner une conférence dans un amphithéatre de Chautauqua, dans l'État de New-York aux États-Unis. Autour du monde, de nombreuses personnalités dénoncent l'attaque de l'écrivain britannique. 

Émoi international

Le président français Emmanuel Macron considère que "Salman Rushdie incarne la liberté et la lutte contre l’obscurantisme" depuis 33 ans. "Nous sommes aujourd'hui, plus que jamais, à ses côtés", écrit-il sur son compte Twitter. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a  également réagi sur le même réseau social. Il s'est dit "consterné que Salman Rushdie ait été poignardé alors qu’il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre.

Le sénateur de l'État de New York Chuck Schumer décrit quant à lui une "attaque choquante et épouvantable". "C’est une atteinte à la liberté d’expression et de pensée, qui sont deux valeurs fondamentales de notre pays et de la Chautauqua Institution, déclare-t-il. J’espère que Salman Rushdie se rétablira rapidement et complètement et que l’agresseur fera l’objet d’une responsabilité et d’une justice complètes." Kathy Ochul, la gouverneure de l'État considère que l'attaque à l'encontre de Salman Rushdie était "une attaque à l'encontre de notre valeur la plus sacrée - la liberté d'expression."

Masih Alinejad, journaliste et activiste iranien condamne "l'attaque barbare à l'encontre de Salman Rushdie. Après avoir survécu un kidnapping et une tentative d'assassinat à New York, je ne me sentirai plus en sécurité sur le sol américain jusqu'à ce que les États-Unis agissent contre la terreur." Jodie Ginsberg, président du Comité de Protection dés Journalistes est choquée par la nouvelle. "Salman Rushdie a toujours été un fervent défenseur du droit à la liberté d'expression pour tous", déclare-t-elle. 

Partout autour du monde, des écrivains "horrifiés"

De nombreux écrivains ont réagi à l'attaque de Salman Rushdie. Parmi eux, l'Américain Stephen King, maître du suspense. "J'espère que Salman Rushdie va bien", écrit-il sur son compte Twitter. Khaled Osseini, auteur afghan-américain se dit "totalement horrifié par l'attaque lâche sur Salman Rushdie." "C'est une voix essentielle et il ne peut pas être réduit au silence", poursuit l'auteur des "Cerfs Volants de Kaboul."

Pour le romancier britannique Ian McEwan, l'attaque représente "un assaut sur la liberté de pensée et d'expression." Il considère son "cher ami" Salman Rushdie comme un "esprit fougueux et généreux, un homme avec un talent et un courage immense."

"Rien ne justifie une fatwa, une condamnation à mort", s'indique Charlie Hebdo, journal satirique français décimé par un attentat islamiste en 2015, après l'attaque contre l'écrivain Salman Rushdie. "À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous ne connaissons pas les motivations de l'auteur de l'attaque au couteau contre Salman Rushdie. Était-il révolté contre le réchauffement climatique, contre la baisse du pouvoir d'achat ou contre l'interdiction d'arroser les pots de fleurs pour cause de canicule ?", écrit ironiquement Riss, chef de la rédaction de Charlie Hebdo et l'un des rares survivants de l'attentat de 2015, dans un billet sur le site du journal.

La presse conservatrice iranienne félicite l'assaillant

En Iran, où Salman Rushdie est la cible d'une fatwa depuis plus de 30 ans, le discours tenu est différent. Le principal quotidien ultraconservateur iranien, Kayhan, félicite l'homme ayant poignardé l'écrivain britannique. "Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie", écrit le journal, dont le patron est nommé par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

Au marché aux livres de Téhéran, tout le monde est au courant de l'attaque, mais seuls ceux la soutenant s'expriment: "J'étais très heureux d'apprendre la nouvelle. Quel que soit l'auteur (de l'attaque), je lui baise la main (...) Que Dieu maudisse Salman Rushdie", assure Mehrab Bigdeli, qui se présente comme un religieux chiite.

Le pouvoir iranien n'a pour le moment pas commenté officiellement la tentative d'assassinat sur l'intellectuel de 75 ans. Suivant la ligne officielle, l'ensemble des médias iraniens ont qualifié Salman Rushdie  d'"apostat", à l'exception d'Etemad, un journal réformateur. Le quotidien Iran, journal étatique, estime que "le cou du diable" a été "frappé par un rasoir".

Mohammad Marandi, conseiller de l'équipe de négociateurs sur le dossier nucléaire en Iran a réagi sur son compte Twitter. "Je ne verserai pas de larmes pour un écrivain qui dénonce avec une haine et un mépris infinis les musulmans et l'islam", écrit-il.