Des familles de harkis portent plainte contre X pour recel de cadavre

Des familles de harkis ont porté plainte contre X notamment pour "recel de cadavre", a-t-on appris, jeudi 22 mai, auprès de leur avocat. Morts entre 1962 et 1965, ils avaient été enterrés sans sépulture dans un ancien camp à Rivesaltes, dans le sud de la France.

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Un ancien combattant assiste à une cérémonie au camp Joffre de Rivesaltes

Un ancien combattant assiste à une cérémonie au camp Joffre de Rivesaltes, près de Perpignan, dans le sud de la France, samedi 14 avril 2012. Nicolas Sarkozy a reconnu la « responsabilité historique » de la France dans l'abandon des anciens combattants algériens harkis qui se sont battus pour la France, après la guerre d'Algérie en 1962. 

AP Photo/Pascal Parrot, Pool
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Des familles de harkis décédés entre 1962 et 1965 et enterrés sans sépulture dans un ancien camp à Rivesaltes, dans le sud de la France, ont porté plainte contre X notamment pour "recel de cadavre", a-t-on appris, jeudi 22 mai, auprès de leur avocat, Antoine Ory.

Cette plainte pour "violation de sépulture accompagnée d'atteinte à l'intégrité d'un cadavre et de recel de cadavre", dont l'AFP a pu consulter une copie, a été déposée au parquet de Perpignan.

Français musulmans majoritairement recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), les harkis ont été abandonnés par la France à la fin du conflit. Des dizaines de milliers d'entre eux et leurs familles ont fui des massacres de représailles en Algérie, et ont été parqués en France, dans des conditions souvent indignes.

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Près de 22.000 harkis et membres de leurs familles sont passés par le camp Joffre, à Rivesaltes, après l'indépendance de l'Algérie, entre 1962 et 1965. Au moins 146, dont 101 enfants, sont décédés sur place ou à l'hôpital de Perpignan. 

Les corps de 60 d'entre eux, dont 52 bébés, n'ont jamais été retrouvés. À l'automne 2024, des tombes ont été découvertes sur le périmètre du camp lors de fouilles réclamées par les familles, mais une fois ouvertes, les sépultures se sont révélées vides.

Puis les familles ont appris avec stupéfaction, le 21 février lors d'une visite de la ministre française déléguée à la Mémoire, Patricia Miralles, que les dépouilles avaient en fait été déplacées en septembre 1986.

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Le maire de Rivesaltes, André Bascou, en poste depuis 1983 mais qui disait jusque-là ne plus se souvenir, avait alors indiqué avoir retrouvé dans les archives municipales la trace du transfert des ossements au cimetière communal Saint-Saturnin.

Revenue à Rivesaltes le 28 avril, la ministre avait reconnu qu'il manquait "des éléments" pour comprendre pourquoi ces ossements ont été déplacés, et le cimetière du camp ainsi rayé de la carte, sans que les familles ne reçoivent aucune information.

La ministre avait aussi détaillé le contenu de quatre caisses contenant des milliers d'ossements retrouvés dans le cimetière communal de Rivesaltes et qui pourraient justement être ceux du cimetière harki, "quatre adultes et une cinquantaine d'enfants de 0 à 3 ans".

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Les cinq plaignants soulignent que le délit de recel de cadavre "n'est pas prescrit" car les corps des défunts n'ont toujours pas été retrouvés.

Ils mettent aussi en avant que la "profanation de sépulture accompagnée d'atteinte à l'intégrité d'un cadavre n'est pas davantage prescrite" car "elle a été exécutée à l'insu des familles et aussitôt dissimulée".