Fil d'Ariane
Des scènes de liesse, à Paris, Berlin et à Vienne. Les réfugiés syriens ont exulté tout le week-end. Bachar Al-Assad est tombé. Après 13 ans de guerre civile, que faire désormais ? Rentrer au pays ou continuer leur « nouvelle vie ». Plusieurs pays ont, eux, d’ores et déjà tranché à leur place.
Une jeune fille syrienne pfait le signe de la victoire avec un drapeau de l'opposition syrienne sur ses épaules dans les rues de Berlin, Allemagne, 10 décembre 2024.
Depuis 2011, l’ONU estime que c’est environ 60 % de la population syrienne qui a dû quitter le pays, près de 6 millions de personnes en tout. Il faut pourtant déjà penser à demain. Du nombreux pays européen n’ont pas tardé à statuer sur leur sort.
Les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Grèce ou encore la Belgique se sont alignés sur la politique française : la suspension des demandes d’asile en cours depuis la Syrie. En France, environ 700 demandes sont encore en cours d’examen. Il faut dire que l’hexagone n’est pas le pays qui a le plus accueilli. Près d’un million de Syriens ont rejoint l’Allemagne lors de la vague migratoire de 2015-2016, et 47 000 demandes d’asile sont toujours à l’étude.
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Cependant, le gouvernement Scholz, par la voix de son ministre de l’Intérieur, a annoncé, lui aussi, geler ces demandes dans l’attente d’une vision plus claire de la situation politique. À moins de trois mois des élections anticipées, la CDU, l’opposition chrétienne démocrate, s’est elle aussi emparée du sujet. Jens Spahn, vice-président du groupe, a déclaré que pour « tous ceux qui souhaitent retourner en Syrie, nous affréterons des charters pour eux, et ils recevront une somme de départ de 1 000 euros ».
En Autriche, 95 000 réfugiés syriens résident dans le pays. Leur dossier d’asile va être réexaminé dans les prochains jours, et les autorités ont également annoncé préparer « un programme de rapatriement et d’expulsion vers la Syrie ». Des mesures dures, d’autant que le regroupement familial leur a également été interdit dans le pays, passé sous le giron de l’extrême droite lors des législatives de septembre.
En Suède, l’extrême droite a exigé la révocation des titres de séjour des quelque 200 000 Syriens qui vivent dans le pays. Morten Messerschmidt, leader du Parti populaire au Danemark, s’est illustré en allant encore plus loin : « En plus d’aider à la reconstruction du pays, cela permettra d’améliorer les statistiques sur les viols au Danemark ».
À Bruxelles, on reste pour le moment prudent. Les États membres sont libres de régir comme ils le souhaitent le sort des réfugiés syriens sur leur territoire ; il est donc impossible de formuler des recommandations ou d’établir une stratégie commune.
Seulement 20 % des déplacés syriens dans le monde ont trouvé refuge en Europe. Près de 50 % d’entre eux se trouvent en Turquie. Là-bas, leur futur est devenu un enjeu politique de premier plan lors des dernières élections présidentielles et législatives. Erdogan doit en tenir compte. Nombre de Turcs aimeraient voir les Syriens rentrer chez eux. Il est donc impératif pour le président de les renvoyer le plus rapidement possible. En Turquie, près de 3 millions de Syriens sont réfugiés depuis le début de la guerre civile en 2011.
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Les premiers témoignages arrivés le week-end dernier démontrent qu’une majorité de ces réfugiés souhaitent rentrer au pays. D’autres, en revanche, ont commencé une nouvelle vie ailleurs, loin de la guerre. Quoi qu’il en soit, tous devront attendre que la situation, à la fois politique et diplomatique se stabilise, avant de prendre la décision de rester, ou de rentrer chez eux.