En 2006, un sondage indiquait que 54% des Français avaient le sentiment de passer moins de temps ensemble en raison des avancées technologiques. En 2012, ils étaient plus de 70% à le penser. L'arrivée des smartphones et des tablettes a accentué un phénomène qui commence tout juste à être pris en compte dans les sociétés industrielles : l'enfermement, ou repli technologique. La capacité des appareils à la miniaturisation a permis un nomadisme technologique, couplé à une ruée des utilisateurs vers les réseaux sociaux et autres outils de communication en ligne. En quelques années, un nombre croissant de personnes se sont vues happées par l'ultra-communication : consultation de ses mails au lit, regarder la télévision tout en échangeant sur les réseaux sociaux avec une tablette tactile, échanges de tweets, de messages Facebook, de SMS dans les transports en commun, au travail, en vacances... Ces pratiques sociales numériques se font au détriment des relations humaines concrètes entre individus physiques.
Dans les familles, les enfants devant des écrans interagissent de moins en moins avec leurs parents qui, eux-mêmes, se mettent à échanger de moins en moins entre eux, les yeux rivés sur les messages de leurs ordinateurs, tablettes, ou smartphones.
Si l'addiction aux nouvelles technologies n'est pas encore répertoriée dans le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, ndlr), celle aux jeux vidéo y figure parmi les troubles du comportement. Aux Etats-Unis, ce problème a vu fleurir des propositions d'aides à la désintoxication numérique comme
le programme reSTART, qui propose des programmes de désintoxication à Internet. Cet organisme prône "une relation soutenable aux technologies numériques" et ressemble à s'y méprendre aux fameux AA, les Alcooliques Anonymes. Une autre organisation,
"Digital Detox" propose des stages de déconnexion : le principe est d'offrir des retraites dans des lieux où aucun accès au réseau n'est possible, avec à la clef, pour les participants des activités "analogiques" de type méditation, yoga, écriture, découverte de la nature…
Ces organismes constatent que le stress moderne s'est accentué avec l'utilisation de plus en plus intensive des technologies numériques, engendrant une perte de repères et des effets sur la santé conséquents : problèmes de sommeil, prise de poids, troubles de l'attention, dépressions, anxiété, etc. Les résultats d’une étude publiée sur le site de Digital Detox, démontre qu’un Américain moyen passe entre huit et douze heures par jour devant un écran, et que 50% des Américains admettent être "accros" à Internet. Ne pas avoir de réponse à un message électronique, par exemple, génère de grandes angoisses, et obligent de nombreuses personnes à se lever la nuit pour aller vérifier, qui sa boite mail, qui son blog ou son mur Facebook.