Fil d'Ariane
Ce mercredi 13 novembre, les auditions publiques commencent au Congrès américain, dans le cadre de l’enquête visant à destituer le président Donald Trump. Soupçonné d’abus de pouvoir, le président républicain qualifie cette enquête de “mascarade”, "chasse aux sorcières délirante”, et même de “tentative de coup d’État”. Donald Trump a même juré de laver “l’affront” que représente les investigations démocrates sur “l’affaire ukrainienne” lors de la prochaine élection présidentielle en novembre 2020, en remportant un second mandat.
Tous les témoins annoncés mardi ont déjà été entendus à huis clos dans le cadre de cette exceptionnelle procédure de destitution lancée par les démocrates fin septembre à la Chambre des représentants, où ils sont majoritaires. Les auditions durent déjà depuis six semaines. Mais les démocrates souhaitent que les Américains découvrent en direct ces témoignages et "les informations de première main sur les méfaits du président".
Les premières auditions publiques commenceront donc ce mercredi, avec deux diplomates : William Taylor, chargé d'affaires américain à Kiev, et George Kent, haut responsable du département d'Etat spécialiste de l'Ukraine, le lanceur d'alerte.
Compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, il est toutefois peu probable que Donald Trump soit destitué, car la chambre haute, qui sera chargée de le juger, aura le dernier mot.
En effet, ils soupçonnent Donald Trump d’avoir fait pression sur l’Ukraine afin qu’elle ouvre une enquête sur l’ancien vice-président démocrate, Joe Biden, qui semble être le mieux placé pour l’affronter lors de la présidentielle de 2020, et son fils, Hunter. Le président américain aurait suspendu une aide militaire de près de 400 millions de dollars destinée à l’Ukraine, et aurait promis une invitation du nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche en échange de l'ouverture d'une enquête sur l'ancien vice-président de Barack Obama.
Lors d’une conversation téléphonique le 25 juillet dernier, Donald Trump a bien demandé à son homologue ukrainien de “se pencher” sur Joe Biden et son fils Hunter, au travers de Burisma, le groupe gazier ukrainien qui comptait Hunter Biden dans son conseil d'administration.
C’est George Kent, haut responsable du département d'État, alarmé par cet appel qui avait décidé d’en alerter sa hiérarchie. Le 15 octobre dernier, ce dernier avait révélé aux enquêteurs son alerte auprès de ses responsables. Il a également confirmé aux élus que l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, avait mené pendant des mois la campagne pour enquêter sur Joe Biden.
L’ancien maire de New York, affirme que Joe Biden a demandé le limogeage d'un procureur ukrainien pour sauver son fils d'investigations visant Burisma. Il aurait obtenu la tête de l'ambassadrice américaine à Kiev, Marie Yovanovitch, elle-même accusée sans preuves d'avoir voulu protéger les démocrates. Cette dernière doit également témoigner devant le Congrès, vendredi prochain.
"Le président est soupçonné d'avoir demandé l'intervention d'une puissance étrangère dans une élection américaine" dans son intérêt politique personnel, a souligné mercredi, sur la radio publique NPR, le chef démocrate de la commission du Renseignement qui mène l'enquête, Adam Schiff.
Parmi les autres témoignages annoncés, l’un des plus attendus est celui de Gordon Sondland, l'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne et proche de Donald Trump. Il a déjà livré l’un des témoignages les plus accablants dans cette affaire en reconnaissant avoir lié une aide militaire destinée à l'Ukraine à l'ouverture d'une enquête sur un rival politique du milliardaire, le démocrate Joe Biden.
De son côté, Donald Trump ne cesse de déclarer que cet appel avec Volodymyr Zelensky était “irréprochable”. Il affirme, de plus, avoir voulu uniquement renforcer la lutte contre la corruption en Ukraine, en mentionnant les Biden. C'est cet argument que devraient reprendre les républicains siégeant à la commission du Renseignement.
Ils ont par ailleurs demandé, sans succès, le témoignage public de Hunter Biden et du lanceur d'alerte.