Deux ans après, le Covid-19 souffle toujours le chaud et le froid

Qui croire ? Qui écouter ? Deux ans après que le Covid-19 eut été qualifié de "pandémie", les messages contradictoires se multiplient. Tandis que l'Organisation mondiale de la santé appelle à la plus grande prudence, de nombreux pays lèvent les restrictions mises en place en 2020.
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Pékin illustration Covid 19 10 mars 2022 AP
Pékin, ce jeudi 10 mars 2022. La Chine semble remettre en cause sa stratégie draconienne du "Zéro Covid".
© AP Photo/Ng Han Guan
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C’est une constante depuis l’apparition du Covid-19 : les annonces d'un jour sont fréquemment balayées par celles du lendemain. Le message de l’Organisation mondiale de la santé mercredi 9 mars ne fait pas exception. "Cette pandémie est loin d'être terminée", a mis en garde son patron, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus. Même si l'OMS note depuis quelque temps que le nombre d'infections et le nombre de mort baissent, elle souligne que la pandémie "ne sera finie nulle part si elle n'est pas finie partout".

Ces derniers jours, l’organisation a ainsi noté une croissance très forte dans la région du Pacifique occidental, même si au niveau mondial le nombre de nouvelles infections et de décès ont baissé respectivement de 5 et 8%. "Le virus continue d'évoluer et nous continuons à faire face à des obstacles majeurs dans la distribution des vaccins, des tests et des traitements partout où le besoin s'en ressent", insistait mercredi le Dr. Tedros.
Les tests - qui permettent de détecter les nouveaux variants - sont une source d'inquiétude pour l'OMS, son patron notant que "plusieurs pays ont drastiquement réduit leurs tests (...) Cela nous empêche de voir où se trouve le virus, comment ils se répand et comment il évolue", a-t-il prévenu. La stratégie de tests en Afrique du sud avait ainsi permis de détecter très vite le variant Omicron à la fin novembre 2021. Il est aujourd'hui ultra-dominant. Dix millions de cas ont été répertoriés la semaine dernière, affirmait mercredi l’OMS, considérant qu’"il faut rester vigilant".

Allègement des restrictions

Ces alertes résonnent curieusement au moment où la plupart des pays occidentaux sont en train de réduire drastiquement les restrictions imposées depuis deux ans.
Ainsi, lundi 14 mars, en France, quasiment toutes les règles sanitaires anti-Covid seront levées. Les masques disparaîtront de la plupart des lieux publics, les mesures imposées aux entreprises seront supprimées, et le Pass vaccinal n’aura plus cours.

En Autriche, le gouvernement a, lui, annoncé mercredi la suspension de la loi sur la vaccination obligatoire contre le Covid-19, mettant en avant la moindre dangerosité du variant Omicron. 

D’un point de vue strictement arithmétique, le Covid-19 ne semble pourtant pas
derrière nous.

En France, l’épidémie enregistre une reprise dans des régions où les enfants sont revenus de vacances il y a quinze jours. Chaque jour, dans le pays, environ 150 personnes meurent toujours de la maladie et le nombre de cas quotidiens reste plus élevé que lors du pic de la vague Delta il y a six mois. 

Interrogé par RFI, l’épidémiologiste Antoine Flahaut explique ce rebond par le sous-variant B.A.2 d’Omicron. Il serait 30% plus transmissible que son cousin, le sous variant B.A.1, à qui l’on doit la dernière vague en Europe de l’Ouest. 

Mais l’Europe n’est pas la seule concernée par ce rebond. La Chine a fait état ce jeudi de 402 nouveaux cas de Covid-19, soit près du double de la veille. La province du Jilin, dans le nord-est, près de la Corée du Nord, est la plus touchée. Contrairement à ce qu’elles faisaient jusqu’à présent, les autorités n’annoncent toutefois pas de mesures draconiennes pour endiguer l’évolution de la maladie. Il a simplement été demandé aux habitants de ne pas se déplacer inutilement. 

Ce vendredi 11 mars 2022, le monde entrera officiellement dans sa 3e année sous pandémie de Covid-19. En effet, il y a deux ans, le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé accordait à la maladie son statut pandémique.