DIRECT - Ukraine : la bataille autour des drones se poursuit

La Russie accuse les États-Unis d'avoir commandité l'attaque présumée de drones ukrainiens contre le Kremlin. Attaque qu'elle affirme avoir déjouée. "Un mensonge", selon Washington. De son côté, l'Ukraine affirme avoir abattu une trentaine de drones explosifs envoyés par la Russie, ainsi qu'un de ses propres drones, en perte de contrôle.

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Une partie d'un drone militaire russe au sol après avoir été abattu, dans le centre de Kiev, jeudi 4 mai. AP/ Alex Babenko.

Une partie d'un drone militaire russe au sol après avoir été abattu, dans le centre de Kiev, jeudi 4 mai. AP/ Alex Babenko.

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16H08 TU. Une metteuse en scène russe incarcérée pour "apologie" du terrorisme

Evguénia Berkovitch, 38 ans, risque jusqu'à sept ans de prison. Elle a été incarcérée jusqu'au 4 juillet a indiqué le tribunal Zamoskvoretski de Moscou, cité par les agences de presse russes.

La veille, elle avait été convoquée à Moscou par les enquêteurs avec la dramaturge Svetlana Petriïtchouk, 43 ans. Cette dernière doit passer devant le même tribunal dans la soirée, selon des images diffusées par des médias russes d'opposition.

Les poursuites les visant ont suscité un choc dans le monde du théâtre en Russie.
Les deux femmes sont suspectées d'apologie du terrorisme pour une pièce écrite par Svetlana Petriïtchouk et mise en scène par Evguénia Berkovitch en 2020.

La pièce en question, "Finist est un vaillant faucon", jouée entièrement par des femmes, raconte l'histoire de femmes russes recrutées sur internet par des islamistes en Syrie et partant les rejoindre pour les épouser.

Saluée par la critique, elle avait reçu deux "Masques d'or" en 2022, la plus grande récompense du milieu théâtral en Russie.

Une pétition appelant à leur libération et clamant leur innocence, lancée par le journal indépendant Novaïa Gazeta, a déjà été signée par plus de 3.000 personnes.

L'année dernière, Evguénia Berkovitch avait publié des vers contre l'offensive en Ukraine qui avaient été "très diffusés", souligne le texte accompagnant cette pétition.

Depuis le lancement de l'offensive contre l'Ukraine, les autorités russes ont accéléré la répression de toute forme de dissidence, à coups de milliers d'amendes et de lourdes peines de prison.

Dans le milieu culturel, des artistes critiques de Vladimir Poutine ont aussi été poursuivis en justice, licenciés ou poussés à l'exil.

Evguénia Berkovitch est une ancienne élève et collaboratrice de Kirill Serebrennikov, réalisateur et metteur en scène, désormais en exil en Allemagne et réputé pour ses oeuvres critiques du pouvoir russe mêlant politique, religion et sexualité.

14H49 TU. Le groupe Wagner menace de quitter Bakhmout et éreinte l'état-major

Laissant exploser sa colère dans plusieurs vidéos d'une rare virulence, l'homme d'affaires Evguéni Prigojine a mis en cause le haut commandement pour les "dizaines de milliers" de Russes tués et blessés en Ukraine.

Un retrait de Wagner de Bakhmout, où cette organisation est en première ligne, laisserait l'armée russe en délicate posture, au moment où les Ukrainiens disent achever leurs préparatifs avant une grande offensive présentée comme imminente.

Le chef de Wagner accuse depuis des mois l'état-major russe de ne pas fournir suffisamment de munitions à ses hommes pour les priver d'une victoire à Bakhmout qui ferait de l'ombre à l'armée régulière, laquelle a essuyé des revers l'an dernier.

Mais, dans trois vidéos diffusées ce vendredi par son service de presse, les attaques d'Evguéni Prigojine atteignent un niveau sans précédent, exposant les vives tensions qui existent au sein des forces de Moscou.

"Le 10 mai 2023, nous devrons transférer nos positions à Bakhmout aux unités du ministère de la Défense et retirer les éléments de Wagner vers l'arrière pour panser nos plaies", y déclare-t-il.

Dans une des vidéos, il accuse nommément le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de l'état-major Valéri Guérassimov d'être responsables de "dizaines de milliers de tués et de blessés" en Ukraine.
"Ils porteront la responsabilité de dizaines de milliers de tués et de blessés devant leurs mères et leurs enfants", lâche-t-il.

La charge contre l'état-major avait débuté avec une première vidéo macabre mise en ligne dans la nuit de jeudi à vendredi, dans laquelle on voit Evguéni Prigojine déambuler parmi des dizaines de cadavres alignés sur le sol.
"Ces gars sont de Wagner. Ils sont morts aujourd'hui, leur sang est encore chaud (...) Ils sont morts pour que vous puissiez vous engraisser dans vos bureaux !", s'exclame-t-il, le visage déformé par la rage.
"Vous vous asseyez dans vos clubs hors de prix et vos enfants profitent de la vie, font des vidéos sur YouTube !", poursuit-il en lançant des insultes. "Choïgou ! Guérassimov ! Où sont mes putains d'obus ?!"

Interrogé par la presse sur ces tensions, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu avoir "vu les déclarations" du chef de Wagner mais a refusé de les commenter.

14H39 TU. Les récentes attaques ayant visé la Russie annoncent l'offensive ukrainienne pour des experts

Frappes de drones contre des raffineries de pétrole, sabotages ferroviaires : les attaques contre des infrastructures russes se sont multipliées ces dernières semaines, signe, selon des experts, de l'imminence de la grande offensive ukrainienne.

Si Kiev n'a revendiqué aucune de ces actions dénoncées par Moscou comme des "sabotages" ukrainiens d'"une ampleur sans précédent", la plupart semblent clairement viser des chaînes logistiques de l'armée russe dans les régions frontalières de l'Ukraine et en Crimée annexée qui sert de base arrière aux troupes russes.

"Tout cela est fait pour préparer une offensive", estime Mykhaïlo Samous, directeur adjoint du Centre des études sur l'armée, la reconversion et le désarmement à Kiev. "Je suis sûr que l'intensité (de ces attaques) va rapidement augmenter".

"Ce sont des mesures typiques pour limiter les capacités des forces armées russes", a commenté auprès de l'AFP un haut responsable ukrainien s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. "L'Ukraine ne viole aucunement le droit humanitaire" par ces actions, a-t-il ajouté.

Des installations pétrolières, essentielles pour l'approvisionnement des troupes apparaissent comme cibles prioritaires de ces attaques, le plus souvent effectuées à l'aide de drones.

Contrairement aux combats à l'intérieur du pays où les armements occidentales jouent un rôle primordial, "on utilise essentiellement des armements de fabrication ukrainienne pour frapper la Russie", souligne Mykhaïlo Samous. "Il y a un certain consensus sur la non-utilisation d'armes allemandes, françaises ou américaines contre le territoire russe".

La liste d'incidents s'allonge quasiment tous les jours.

Aujourd'hui, une raffinerie de pétrole visée par un drone a pris feu dans la région russe de Krasnodar, près de la Crimée. La veille, des drones ont déjà été attaqué cette même installation ainsi qu'une autre raffinerie, dans la région de Rostov, frontalière de l'Ukraine, alors qu'en Crimée, un autre appareil a été abattu près d'une base aérienne russe à Sébastopol.

Dans la nuit de mardi à mercredi, un dépôt de carburant a pris feu dans la région de Rostov.

Le week-end dernier, c'était un dépôt de pétrole en Crimée elle-même qui était frappé par une attaque de drones et un bombardement a fait quatre morts dans la région frontalière de Briansk.

Également à Briansk, deux trains de marchandises ont déraillé en début de la semaine à la suite d'explosions des voies ferrées. Ces incidents ont "presque certainement provoqué une perturbation (...) des mouvements ferroviaires militaires russes", commentait aujourd'hui le ministère britannique de la Défense.
"La zone d'action de l'armée ukrainienne augmente. C'est la préparation en vue de la libération de la Crimée", et des régions méridionales de Zaporijjia et Kherson, partiellement occupées. "Si on tape Rostov, la logistique s'allonge de plusieurs centaines de kilomètres", souligne Mykhaïlo Samous.

Pour un autre expert militaire ukrainien, ces attaques d'impact limité ne sont qu'une tentative de "compenser" l'absence d'armements de longue portée capables de frapper en profondeur de la Russie et que l'Occident refuse à ce stade de livrer à Kiev.

"On se débrouille comme on peut" mais "ce n'est pas suffisant", estime cet analyste qui a souhaité s'exprimer sous le couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité du sujet. En plus, "beaucoup de drones sont abattus par les Russes", observe-t-il.

Le plus spectaculaire de ces incidents, l'attaque de drones contre le Kremlin le 3 mai que Moscou affirme avoir déjouée semble cependant se démarquer des autres attaques.

Si la Russie qui affirme avoir intercepté deux appareils a aussitôt mis en cause Kiev et son principal allié Washington, des experts ukrainiens et occidentaux ont émis des doutes sur cette hypothèse soulignant que cet incident, quelle que soit sa valeur symbolique, n'avait aucune signification militaire pour l'Ukraine.

13H46 TU. La Russie annonce l'évacuation partielle de localités occupées près de la ligne de front dans le sud

La Russie a annoncé ce vendredi une évacuation partielle de 18 localités sous occupation russe dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine.

"Ces derniers jours, l'ennemi a accentué les bombardements sur les localités situées à proximité directe de la ligne de contact", a indiqué sur Telegram Evguéni Balitski, le responsable régional installé par Moscou.
"Pour cette raison, il a été décidé d'éloigner en premier lieu les enfants avec leurs parents, les personnes âgées et handicapées, les patients des hôpitaux, des tirs de l'ennemi et de les déplacer à l'intérieur de la région", a-t-il poursuivi, assurant que les évacuations seraient "temporaires".

Parmi les 18 localités concernées se trouve notamment Energodar, la ville où se trouve la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée par l'armée russe depuis mars 2022 et visée à plusieurs reprises par des tirs, faisant craindre une catastrophe.

A l'automne dernier, les autorités d'occupation russes avaient annoncé des évacuations similaires dans la région de Kherson, peu avant une offensive qui a permis à l'armée ukrainienne de reprendre la capitale régionale qui était occupée par les Russes.

10H53 TU. Le site du Sénat bloqué par des hackers pro-russes

Le site internet du Sénat était inaccessible depuis le milieu de matinée vendredi 5 mai, un blocage revendiqué par le collectif de hackers pro-russe NoName, qui avait déjà attaqué le site de l'Assemblée nationale en mars.

NoName a revendiqué l'attaque sur sa chaîne Telegram - publiquement accessible - vers 10H20, avec un message en russe et en anglais critiquant le soutien de la France à l'Ukraine.

"Nous avons lu dans la presse que la France travaille avec l'Ukraine sur un nouveau plan d'aide qui peut inclure des armes, ainsi que des déclarations de la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna" et "nous avons bloqué le site du Sénat français".

09H14 TU. Nouvel incendie dans une raffinerie russe de pétrole visée par un drone

Un nouvel incendie s'est déclaré dans le sud-ouest de la Russie, près de l'Ukraine, dans une raffinerie de pétrole visée la veille par une attaque de drone, ont indiqué les services de secours locaux, cités par les agences de presse russes.

L'incendie qui a touché une surface de 60 m2 a été signalé dans la matinée dans la raffinerie de pétrole à Ilsky, dans la région de Krasnodar, et a été maîtrisé à 06H00 TU, "avant l'arrivée des pompiers", a indiqué l'antenne locale du ministère russe des Situations d'urgence, citée par l'agence Interfax. "Les employés de la raffinerie ont rapidement été évacués. Personne n'a été blessé", a-t-elle souligné.

Selon l'agence officielle TASS citant une source au sein des services de secours, l'incendie a été provoqué par une nouvelle attaque de drone.

Pour sa part, l'agence publique RIA Novosti a affirmé, citant une autre source au sein des services de secours, que l'incendie s'est déclaré en raison de l'auto-inflammation des produits pétroliers dont la fuite s'était produite la veille après une attaque de drone.

Aucune information officielle sur l'origine de l'incendie n'était disponible dans l'immédiat.

La raffinerie de pétrole à Ilsky avait été visée par une attaque de drone non identifié hier, selon les autorités locales, en provoquant un incendie dans l'un des réservoirs de l'installation pétrolière qui a rapidement été éteint.
Depuis près d'une semaine, une série d'attaques de drones et des sabotages ferroviaires ont frappé des régions russes proches de l'Ukraine et la Crimée annexée, à quelques jours des célébrations militaires du 9 mai, essentielles dans l'agenda du Kremlin.

Mercredi, la Russie a affirmé avoir abattu deux drones ukrainiens qui visaient le Kremlin à Moscou, la plus spectaculaire attaque imputée à Kiev depuis l'offensive russe en Ukraine.

08H47 TU. Le groupe Wagner menace de se retirer de Bakhmout le 10 mai, faute de munitions

"Nous allions prendre la ville de Bakhmout avant le 9 mai. Lorsqu'ils ont vu cela, les bureaucrates militaires ont stoppé les livraisons" de munitions, accuse l'homme d'affaires Evguéni Prigojine dans une vidéo publiée par son service de presse.

"Par conséquent, à partir du 10 mai 2023, nous nous retirerons de Bakhmout", ajoute-t-il, disant refuser que "(ses) gars, sans munitions, subissent des pertes inutiles et injustifiées".

08H14 TU. l'attaque présumée de drones impossible sans que Washington soit au courant, affirme Lavrov

"Il s'agit d'un acte hostile. Il est clair que les terroristes de Kiev n'auraient pu le commettre sans que leurs patrons soient au courant", a lancé Sergueï Lavrov lors d'un déplacement en Inde, en affirmant que Moscou allait prendre des "actions concrètes" pour riposter à cette attaque présumée.

Mercredi, Moscou a affirmé avoir intercepté deux drones ukrainiens qui visaient le Kremlin, dénonçant une tentative d'assassiner le président Vladimir Poutine. Kiev a nié toute implication et Washington a mis en doute les accusations russes.
Jeudi, la Russie - par la voix du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov - a accusé les États-Unis d'avoir commandité cette attaque présumée.

Washington a aussitôt réagi en dénonçant un "mensonge" et en niant toute implication. "Si vous croyez que dès que les États-Unis et l'Ukraine ont rejeté les accusations, nous devons arrêter de penser ce que nous savons là-dessus, ce n'est pas le cas", a pour sa part insisté vendredi Sergueï Lavrov, s'adressant à la presse. "La capacité de nos amis ukrainiens et occidentaux de mentir est très bien connue", a-t-il affirmé.

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00H05 TU. Attaque présumée de drones : Moscou accuse Washington, qui dément

La Russie a accusé jeudi 4 mai les États-Unis d'avoir commandité l'attaque présumée de drones ukrainiens contre le Kremlin qu'elle affirme avoir déjouée la veille. "Un mensonge", selon Washington.

L'Ukraine, qui affirme achever ses préparatifs en vue d'une grande offensive, a dit avoir abattu jeudi une trentaine de drones explosifs envoyés par la Russie.

20H51 TU. L'Ukraine dit avoir abattu un de ses propres drones à Kiev après sa perte de contrôle

L'armée de l'air ukrainienne a annoncé que le drone abattu quelques heures plus tôt au-dessus de Kiev, provoquant une explosion suivie d'un incendie, était l'un des siens, en perte de contrôle.

20H23 TU. Enfants ukrainiens "déportés" par Moscou : l'OSCE pointe un phénomène "massif"

Des centaines de milliers d'enfants ont probablement été transférés par la Russie dans les zones sous son contrôle en Ukraine ainsi que sur son propre territoire, selon un rapport de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

"Selon les estimations les plus basses que nous avons pu trouver, leur nombre se situe autour de 20.000. Mais des sources russes et ukrainiennes suggèrent des chiffres dix fois plus élevés, voire davantage encore", détaille l'une des co-autrices du rapport. "Il s'agit donc vraiment d'un phénomène massif".

La Russie affirme de son côté protéger des enfants "réfugiés" mais selon les auteurs du document, elle a pris "des mesures juridiques et politiques (...) pour favoriser l'obtention de la nationalité russe et leur placement dans des familles d'accueil".