DIRECT - Ukraine : la Crimée encore attaquée et l'inquiétude est toujours grande autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia

Un dépôt militaire dans le nord de la Crimée a été endommagé, nouvelle tentative ukrainienne de fragiliser les bases arrière russes. L'Otan réclame une "inspection" urgente par l'Agence internationale de l'énergie atomique de la centrale nucléaire de Zaporijjia, cible de plusieurs frappes, dont les deux belligérants s'accusent mutuellement.
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De la fumée s'élève au dessus d'un dépôt de munitions russes près du village de Mayskoye en Crimée
De la fumée s'élève au dessus d'un dépôt de munitions russes près du village de Mayskoye en Crimée le 16 août 2022.
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20H00 TU. Ukraine: six morts et seize blessés dans une frappe russe sur Kharkiv​.
 
Kharkiv
Des roquettes russes tirées depuis la région de Bolgorod rayent le ciel de Kharlkiv. Le 15 août 2022. La deuxième ville d'Ukraine est la cible de bombardements quotidiens. Le dernier en date, ce 17 août, a fait 6 morts et 16 blessés.
© AP Photo/Vadim Belikov
Au moins six personnes ont été tuées et seize blessées dans un bombardement russe sur Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine. Le président Volodymyr Zelensky dénonce une "attaque ignoble et cynique".

Le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, avait dans un premier temps évoqué sur Telegram un bilan de trois morts et dix blessés, avant que le gouverneur régional Oleg Sinegoubov ne le revoit à la hausse. "Malheureusement, le nombre de morts et de blessés à la suite du bombardement (...) a augmenté : six personnes sont mortes, seize ont été blessées", a indiqué Oleg Sinegoubov sur Telegram.

"Il y un puissant incendie sur les lieux de la frappe dans un immeuble d'habitation", a ajouté le maire Igor Terekhov.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui évoqué un immeuble d'habitation "totalement détruit" dans la frappe. "Une attaque ignoble et cynique sur les civils qui n'a aucune justification et démontre l'impuissance de l'agresseur", a-t-il écrit sur Telegram. "Nous ne pardonnerons pas, nous nous vengerons".

15H41 TU. Nucléaire : "nous devons nous préparer à tous les scénarios" (ministre ukrainien).

"Personne ne pouvait prévoir que les troupes russes allaient tirer sur des réacteurs nucléaires à l'aide de chars. C'était du jamais vu", accuse Denys Monastyrsky lors d'un déplacement à Zaporijjia, ville du Sud située à une cinquantaine de kilomètres à vol d'oiseau de la centrale nucléaire.

Après avoir assisté à des exercices de premiers secours en cas d'accident nucléaire, il a déclaré : "nous devons nous préparer à tous les scénarios possibles", accusant la Russie d'être un "État terroriste (...) Tant que la Russie contrôle la centrale nucléaire de Zaporijjia, il y a de gros risques".

Des dizaines de secouristes ukrainiens ont participé à cet exercice sous une chaleur de plomb, ont constaté des journalistes de l'AFP. Equipés de masques à gaz et de vêtements protecteurs avec des dosimètres, ils se sont entrainés à évacuer des blessés et nettoyer des véhicules contaminés.

Le patron l'opérateur nucléaire ukrainien Energoatom, Petro Kotine, a estimé que jusqu'à 500 soldats russes, ainsi qu'une cinquantaine de véhicules militaires dont des blindés et des chars se trouvent à la centrale. "Le pire, c'est que ces deux ou trois dernières semaines, ils ont placé ces véhicules dans la salle des machines des unité 1 et 2", où l'électricité est produite, a affirmé Petro Kotine, l'ancien directeur de cette installation.

15H09 TU. La Russie reconnait qu'une explosion dans un dépôt de munition en Crimée est un "acte de sabotage".

L'armée russe a, fait exceptionnel, reconnu qu'une explosion survenue le 16 août dans un dépôt de munitions près du village de Djankoï, dans le nord de la Crimée, était le fait d'un "acte de sabotage".

Cette explosion avait été précédée une semaine auparavant par une attaque ayant ciblé l'aérodrome militaire de Saki, dans l'ouest de la péninsule, qu'un responsable ukrainien sous couvert d'anonymat a décrit comme une "opération spéciale de sabotage bien préparée".

Si Kiev n'a pas reconnu officiellement sa responsabilité dans ces deux attaques, le conseiller de la présidence Mikhaïlo Podoliak a évoqué une "démilitarisation en action" de la Crimée, une référence à la terminologie utilisée par la Russie pour justifier son invasion de l'Ukraine déclenchée le 24 février.
 

D'autres responsables comme le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov ont préféré ironiser, suggérant que ces déflagrations avaient été le résultat de cigarettes mal éteintes, une plaisanterie devenue virale en Ukraine.
 

"Un certain nombre d'infrastructures civiles, parmi lesquelles une ligne de haute tension, une centrale électrique, une voie ferroviaire, ainsi que plusieurs maisons, ont également été endommagées", a raconté l'armée russe.

Andriï Iermak, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, a, quant à lui, salué sur Telegram une "opération démilitarisation façon travail d'orfèvre par les forces armées ukrainiennes".

D'après le ministère britannique de la Défense, citant des médias russes, de la fumée a également été visible le 16 août au-dessus de Gvardeïskoïe, dont les installations et celles de Djankoï constituent les "deux des plus importants aéroports militaires russes en Crimée".

Pour l'analyste danois Oliver Alexander, ces explosions, qui pourraient en réalité être dues à des frappes de missiles balistiques, ont porté un coup au moral de l'armée russe tout en redonnant confiance au camp ukrainien, au sixième mois de la guerre.
"La Crimée avait été relativement épargnée, mais ce n'est plus le cas. Cela met la pression sur les Russes", relève-t-il auprès de l'AFP.

14H41 TU. Centrale de Zaporijjia : l'Otan réclame une "inspection" urgente de l'AIEA.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, juge "urgent" qu'une "inspection" de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ait lieu à la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine.
 

La centrale, la plus grande d'Europe, a été prise début mars par les troupes russes au tout début de leur invasion de l'Ukraine.

Depuis le 5 août, Kiev et Moscou s'y accusent mutuellement de bombardements, alors que des frappes ont atterri une fois près d'un bâtiment de stockage radioactif, et ont une autre fois provoqué l'arrêt automatique d'un réacteur.

L'occupation du site par les soldats russes "constitue une grave menace pour sa sécurité et augmente les risques d'accident ou d'incident nucléaire (...) Il est urgent d'autoriser une inspection de l'AIEA et d'obtenir le retrait de toutes les forces russes", estime Jens Stoltenberg, lors d'une conférence de presse.

Le contrôle russe de Zaporijjia "met en danger la population de l'Ukraine, des pays voisins, ainsi que la communauté internationale", a-t-il insisté, s'exprimant après une rencontre avec le président serbe Aleksandar Vucic.


13H31 TU. L'Ukraine menace de démanteler un pont reliant la Russie continentale à la Crimée​.
Le pont de Kertch
Le pont construit par les Russes au dessus du détroit de Kertch en Crimée. Photo du 25 novembre 2018. 
© AP

L'Ukraine a menacé de démanteler le pont de Kertch, construit à grands frais par Moscou pour connecter la Russie à la péninsule annexée de Crimée, où ont eu lieu plusieurs explosions sur des bases militaires russes.

(RE)lire : Trois ans après, un pont entre la Crimée et la Russie

"Ce pont est une structure illégale et l'Ukraine n'a pas donné sa permission pour sa construction. Il porte préjudice à l'écologie de la péninsule et doit donc être démantelé. Peu importe comment: volontairement ou non", a écrit sur Telegram le conseiller de la présidence ukrainienne Mikhaïlo Podoliak.

Le pont de Kertch, qui avait été inauguré par le président russe Vladimir Poutine en mai 2018, a représenté un chantier colossal de deux ans coûteux pour bâtir les 19 kilomètres reliant la Russie continentale à la Crimée et désenclaver la péninsule quatre ans après son annexion par Moscou.

Cette menace voilée de M. Podoliak intervient après une série d'explosions survenues en Crimée, que la Russie utilise comme base arrière logistique pour son invasion de l'Ukraine lancée le 24 février.

10H28 TU. Des mineurs ukrainiens continuent à ramener du charbon pour livrer leur pays.

Après l'échec des troupes russes dans leur assaut sur Kiev, la capitale ukrainienne, les combats se sont concentrés depuis avril sur l'est industriel et le sud agricole du pays.

Près de Pavlograd, ville du centre-est de l'Ukraine, 4.000 ouvriers travaillent dans la mine dite des "Héros du cosmos", fondée il y a 43 ans lorsque le pays faisait encore partie de l'URSS.

Dans la mine de charbon "Héros du Cosmos" à Pavlograd.
Dans la mine de charbon "Héros du Cosmos" à Pavlograd.
capture d'écran vidéo AFP

Quelque 800 employés ont été mobilisés dans l'armée ukrainienne, alors que la guerre avec la Russie entrera bientôt dans son septième mois et que le front n'est qu'à 150 kilomètres.

Mais la production de la mine n'en a pas souffert, insistent les responsables. "Chacun est à sa place mais nous sommes avec eux par l'esprit", déclare Oleksandre Oksen, un chef de puits de 42 ans.

De l'extérieur, l'installation a des airs de campus universitaire. Les feuilles des saules ondulent, de l'eau jaillit à côté d'un jeu d'échecs géant dont les pièces arrivent à hauteur de taille.
Mais à 370 mètres de profondeur, dans une cage d'ascenseur gémissante toute la descente, la situation est tout autre.
La chaleur est étouffante, l'air saturé de poussières. Une légende raconte que la mine héberge un fantôme qui aide les ouvriers.

Mais même ici, la guerre les hante. Les mineurs devant rendre leur téléphone au début de chaque quart de travail, ils ignorent les dernières informations - y compris d'éventuels bombardements qui pourraient frapper leurs familles et amis - jusqu'à leur retour à la surface six heures plus tard.
"En quittant la mine, la première chose qu'ils font est de décrocher le téléphone et d'appeler", explique Vassyl, le directeur de la mine, qui a demandé que son nom de famille ne soit pas dévoilé.

​02H36 TU. Départ du premier navire de l'ONU chargé de céréales pour l'Afrique.

Le premier navire humanitaire affrété par l'ONU pour transporter des céréales ukrainiennes quitte le port de Pivdenny, dans le sud de l'Ukraine, avec quelque 23.000 tonnes pour l'Afrique, a annoncé le ministère ukrainien de l'Infrastructure.

"Le navire Brave Commander avec du grain pour l'Afrique a quitté le port de Pivdenny. Ce matin, le cargo est parti pour le port de Djibouti, où les vivres seront livrées à l'arrivée aux consommateurs en Ethiopie", a indiqué le ministère sur Telegram.

Selon lui, "23.000 tonnes de blé se trouvent à bord de ce navire affrété par le Programme alimentaire mondial des Nations unies".

Présent au port de Pivdenny dimanche, le ministre ukrainien de l'Infrastructure Oleksandre Koubrakov avait dit espérer que "deux ou trois" navires supplémentaires affrétés par l'ONU pourraient en partir prochainement.

Pour sa part, l'Agence américaine d'aide au développement (USAID) a précisé dans un communiqué avoir fourni 68 millions de dollars au Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM) pour l'achat, le transport et le stockage de 150.000 tonnes de blé ukrainien.

"L'USAID (...) a soutenu le premier envoi humanitaire de céréales à quitter la mer noire via le port ukrainien de Yuzhny aujourd'hui", indique le communiqué de l'agence qui précise qu'avant la guerre, l'Ukraine était l'un des principaux fournisseurs de céréales du PAM.

Il s'agit de la première cargaison d'aide alimentaire à quitter l'Ukraine depuis qu'ont été signés en juillet par Kiev et Moscou, via une médiation de la Turquie et sous l'égide de l'ONU, des accords sur l'exportation des céréales ukrainiennes, bloquées à cause de la guerre entre les deux pays.

(Re)voir Ukraine : départ du premier navire humanitaire de l'ONU pour l'Afrique

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22H05 TU. Vladimir Poutine accuse les Etats-Unis de faire traîner le conflit.

Le président russe Vladimir Poutine accuse les États-Unis de faire traîner le conflit en Ukraine, lancé par une offensive militaire de Moscou il y a presque six mois, tandis que le premier navire humanitaire affrété par l'ONU quittait l'Ukraine chargé de céréales pour se rendre en Afrique.

Pour discuter notamment de la mise en oeuvre de l'accord permettant ces exportations de céréales ukrainiennes, signé en juillet par Kiev et Moscou sous l'égide des Nations unies et via une médiation de la Turquie, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres se rendra jeudi 18 août en Ukraine, où il rencontrera les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan à Lviv, a annoncé mardi son porte-parole.

Antonio Guterres ira vendredi 19 août à Odessa, un des trois ports utilisés dans le cadre de l'accord d'exportation de céréales, avant de se rendre en Turquie.

Ils discuteront "du besoin d'une solution politique à ce conflit", a précisé le porte-parole de l'ONU Stephane Dujarric.

Vladimir Poutine reproche ainsi aux États-Unis de chercher à "déstabiliser" le monde, évoquant la récente visite à Taïwan de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi.

"La situation en Ukraine montre que les États-Unis cherchent à faire traîner ce conflit. Et ils agissent de la même manière en cultivant la possibilité d'un conflit en Asie, en Afrique, en Amérique latine", a déclaré Vladimir Poutine à la Conférence internationale sur la sécurité à Moscou.

Il a dénoncé une "démonstration insolente de leur manque de respect envers la souveraineté des autres pays et leurs obligations internationales".

21H41 TU. Emmanuel Macron et Narendra Modi veulent "travailler ensemble" sur le conflit en Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi sont convenus mardi de "travailler ensemble pour que le conflit prenne fin" en Ukraine, a indiqué l'Elysée dans un communiqué.

Les deux dirigeants ont échangé par téléphone à propos de "la guerre menée par la Russie en Ukraine et ses conséquences déstabilisatrices pour le reste du monde", selon la présidence française.

Emmanuel Macron, qui avait reçu le Premier ministre indien en mai à Paris, a souligné la "détermination de la France à poursuivre son soutien à l'Ukraine".

L'Inde s'est abstenue de condamner ouvertement l'invasion russe de l'Ukraine, et de se joindre aux votes en ce sens à l'ONU.

En juin, elle a néanmoins cosigné une déclaration du G7 s'engageant à "respecter l'intégrité territoriale et la souveraineté des autres États".

Face à la crise alimentaire provoquée par conflit en Ukraine, le président français a aussi réaffirmé "l'importance pour la communauté internationale d'agir de manière coordonnée".

20H00 TU. Alexeï Navalny exige des sanctions systématiques contre les oligarques russes.

L'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny dénonce l'absence de sanctions occidentales systématiques contre les oligarques russes pour leur soutien au régime de Vladimir Poutine et son intervention militaire en Ukraine.

Dans un message nourri d'exemples publié sur ses réseaux sociaux, il affirme que seuls 46 des 200 Russes les plus riches, selon le classement du magazine Forbes, sont actuellement soumis à des sanctions américaines, européennes ou britanniques. 

"Pour moi, cela ne ressemble pas vraiment à une guerre totale contre les oligarques de Poutine", a-t-il commenté.

navalny
L'opposant russe Alexei Navalny regarde des photographes se tenant devant le tribunal de district de Babuskinsky à Moscou, en Russie, le samedi 20 février 2021.
 
(AP Photo/Alexander Zemlianichenko, Dossier)

Selon lui, entre autres, le PDG du géant russe Gazprom Alexeï Miller n'est toujours pas visé par des sanctions européennes, tandis que le célèbre oligarque Roman Abramovitch échappe toujours, lui, aux sanctions américaines. 

"Les entreprises d'Abramovitch continuent de fournir du métal au ministère russe de la Défense. Comment se fait-il qu'elles ne soient toujours pas sanctionnées?", s'interroge Navalny.

"On ne peut pas espérer un schisme au sein des élites de Poutine concernant la guerre, si, malgré beaucoup de bavardage, on n'utilise pas le bâton contre eux et qu'on les laisse garder leurs carottes", ajoute-t-il. 

Il propose également de bannir "pour 20 ans" des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'UE toute personnalité russe soutenant publiquement l'offensive en Ukraine.

Inversement, selon lui, "un mécanisme simple" pour éviter les sanctions serait de se déclarer ouvertement contre l'offensive en Ukraine et "de cesser de soutenir le régime de Poutine avec des mots, des actes et de l'argent"