Le 7 décembre 2009 s'ouvrait à Copenhague, au Danemark, la plus grande rencontre internationale sur les changements climatiques depuis celle qui permit l'adoption du protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005. Les media du monde entier s'étaient empressés de couvrir l'évènement, porteur de grands espoirs climatiques. Espoirs largement déçus, les 193 pays invités n'ayant pas réussi à s'engager dans un projet commun. Trois ans plus tard, le sommet similaire qui s'est ouvert à Doha lundi 26 novembre n'est couvert pratiquement que par la chaîne nationale, Al-Jazeera. Sur place, le chargé de campagne d'
Avaaz, Iain Keith, a remarqué ce manque d'engouement médiatique. Il l'explique par le fait qu' "il est difficile de trouver des chefs d'Etat vraiment engagés dans ce débat". Alors qu'en 2009, ils avaient fait le déplacement à Copenhague, les chefs d'Etats ont cette fois préféré envoyer leurs ministres de l'environnement "qui évidemment n'entraînent avec eux pas autant de media que les présidents". Les chefs d'Etat et les journalistes qui les suivent ne sont-ils tout simplement pas blasés de ces débats interminables entre des dizaines de pays incapables de conclure ensemble un accord? Le fiasco de Copenhague ne les a-t-il pas définitivement guéris de tout espoir d'entente climatique? "Ça joue peut-être", concède le vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (
Giec)
Jean-Pascal van Ypersele. "Les attentes de Copenhague étaient vraiment très grandes, c'était après qu'Al Gore et le Giec aient reçu un prix Nobel de la paix, c'était un moment où beaucoup de pays, de citoyens espéraient qu'à Copenhague un accord ambitieux allait prendre le relais du protocole de Kyoto." Si l'attention n'est donc plus la même, "le problème est toujours là", et si Jean-Pascal van Ypersele admet que beaucoup de décideurs politiques préfèrent se consacrer à régler la crise économique, la protection du climat se rappelle à leur agenda de la manière la plus violente qui soit. "Les évènements extrêmes ont plutôt tendance à se manifester assez bien ces dernières années, que ça soit les inondations terribles au Pakistan, les inondations à Bangkok, les incendies de forêt qui ont affectés Moscou il y a deux ans, les cyclones de tous les côtés que ce soit Sandy ou Irene l'an dernier..." La liste n'en finit pas de s'allonger et à mesure que défilent les images des catastrophes, la conclusion du vice-président du Giec tombe comme une évidence : "le climat est bien en train de changer".