Le milliardaire a été officiellement désigné ce mardi soir à Cleveland par le parti républicain pour tenter de battre Hillary Clinton et de succéder à Barack Obama. L'homme d'affaires de 70 ans l'a largement emporté, avec le vote de 1 725 délégués en sa faveur sur un total de 2 472.
Donald Trump a fait une entrée fracassante en politique avec une phrase qui a marqué les esprits : «Quand le Mexique nous envoie ses gens, il n'envoie pas les meilleurs éléments. On envoie ceux qui posent problèmes. Ils apportent avec eux la drogue. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs».
Sans s’attarder sur l’aspect totalement outrancier de cette sortie, celle-ci est un exemple parfait du style Trump. En quelques phrases concises, il s’attaque à l’immigration illégale, au trafic de drogues et aux problèmes d’intégration sans jamais se soucier de la nuance. La gestuelle et la voix sont là pour appuyer des faits qui ne le sont pas.
Dès 1987, l’homme d’affaires à succès
(parfois) avait affiné et décrit sa méthode dans un livre vendu par milliers :
«Les gens veulent croire en ce qui est le plus formidable, le plus génial et le plus spectaculaire. J’appelle cela l’hyperbole véridique. C’est une forme innocente d’exagération - et une méthode de promotion très efficace»,
rappelle Le Parisien citant les écrits du républicain.
Sauf que dans une campagne présidentielle, ses exagérations n’ont rien d’innocent. Alors que l’Amérique traverse une période de grande polarisation et d’incertitude, Trump fait appel au cerveau reptilien des votants qui semblent être plus attachés « à cet homme fort qui va redonner son éclat à l’Amérique », qu’à la véracité de son programme.
Et pourtant, il y a de quoi s’inquiéter. Le site américain
Politifact, spécialiste des vérifications de données, analyse constamment les déclarations des acteurs politiques du pays et leur attribue des notes. En 2015, l’ex star de télé réalité a remporté le mensonge de l’année de ce site reconnu puisque 19% de ses déclarations sont totalement incroyables, 40% sont fausses, 16% sont plutôt fausses et 14% ne sont qu’à moitié vraies. Au total, plus de 70% de ses déclarations ne sont pas vraies.
S’il exerce l’art du mensonge à peu près sur n’importe quel domaine, il vise particulièrement ses adversaires politiques et les minorités. Quant aux premiers, il est toujours de bon ton d’asséner ses « vérités » en les ponctuant d’une insulte. Encore une marque de fabrique.
Le New York Times est allé jusqu’à concocter une infographie interactive pour lister ses illustres injures. La bouche de la sénatrice démocrate Elizabeth Warren serait « très moche » d’après le vainqueur de la primaire républicaine. Quand il s’agit des immigrés, des musulmans et des noirs, les énormités n’ont pas de limites.
Donald Trump traite la sénatrice Elizabeth Warren de niaise et l'accuse d'instrumentaliser ses origines.
Donald Trump : les musulmans des États-Unis ne s'intègrent pas
« Même les musulmans des Etats-Unis issus de la deuxième ou la troisième génération ne s’intègrent vraiment pas », avait-il déclaré sur NBC le 18 juin. Politifact note que les études disponibles montrent complètement le contraire. Toujours sur les musulmans : « 25% pensent que les actes de violence à l’encontre des Américains se justifient car cela fait partie du djihad mondial ». Ici, le site spécialisé fait savoir que ces statistiques ne sont pas représentatives des musulmans américains. Quelques mois avant, il avait osé dire : « Parmi les réfugiés syriens qui arrivent en Europe, il y a très peu de femmes, très peu d’enfants ». Une fois de plus, Politifact montre que c’est faux.
Pourquoi s’arrêter aux discours et aux tweets ? Ses vidéos de campagne sont aussi truffées d’inexactitudes. Ainsi, on peut voir une horde de personnes traverser la frontière sud des Etats-Unis. En réalité, il s’agit de la frontière marocaine,
selon le site Politico. Bien entendu, les sujets économiques et de politique étrangère sont aussi passés au « trumpomètre » : « Vous savez ce que Saddam Hussein a réussi ? Il a tué des terroristes». Politifact répond : « Certes il a tué quelques terroristes, mais il en a soutenu bien d’autres ».
Ce site n’est pas le seul à s’être intéressé aux mensonges du New Yorkais, le
Washington Post a relevé les quatre pires mensonges de « Pinocchio »,
The Daily Beast, lui, s’est penché sur ses discours sur la sécurité nationale.
The Quartz, de son côté, s'est concentré sur la tuerie d'Orlando.
>> Décryptage sur TV5MONDE de François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis.
Le mensonge et les élections américaines, une histoire d'amour
Mais toute cette énergie employée à démonter ses impostures semble vaine. Plus c’est gros plus ça passe. Il ne s’excuse jamais, Trump peut en revanche
rétropédaler sur certaines questions comme l’avortement. Mais une phrase scandaleuse viendra en chasser une autre. C’est ce qui fait dire au journaliste politique Michael Kinsley dans
Vanity Fair qu’il est inutile d’en faire une obsession. L’éditorialiste fait remarquer que les gaffes et le mensonge font partie des campagnes électorales
made in the USA.
Des millions d’Américains ne semblent pas partager son avis. Selon les plus récents sondages,
Hillary Clinton et Trump sont au coude-à-coude. Son discours populiste, décomplexé voire haineux a trouvé un véritable écho auprès d’u
ne certaine frange de l’Amérique. Mais pourra-t-elle porter plainte pour escroquerie à la fin du mandat du promoteur immobilier ? Trump est impliqué dans 3500 procès intentés par des clients et des étudiants déçus, rappelle
Le Parisien.
Du mensonge au plagiat
La convention républicaine a commencé en grande pompe ce lundi avec une entrée en scène de star du rock pour le candidat Trump
et des discours de personnalités à gogo
. Mais la véritable vedette de la soirée a été la femme de l’homme d’affaires, Melania
Trump
. Le mannequin a livré un discours d’une dizaine de minutes où elle a mis l’accent sur ses origines étrangères, sur les nombreuses qualités de son époux, sur ses valeurs.
Mais ce qui a le plus marqué de son allocution ce sont les ressemblances entre ses paroles et celles de Michelle Obama en 2008, lors de la convention démocrate. A deux reprises, le copier-coller est devenu plus qu’évident. On se demande si les directeurs de campagne se sont dits que ça passerait comme une lettre à la poste. Évidemment, la « boulette » n’est pas passée inaperçue. Et a fait la joie des opposants à Trump
ainsi que des internautes
dont la créativité et l’humour sont sans limites.