Fil d'Ariane
Washington veut relancer les négociations de paix au Proche-Orient. Mais à sa manière. Celle du président américain, Donald Trump.
Comme souvent c'est d'abord une question d'argent pour le locataire de la Maison-Blanche. "Nous payons les Palestiniens des centaines de millions de dollars par an, sans reconnaissance ou respect" de leur part, a tweeté Donald Trump.
It's not only Pakistan that we pay billions of dollars to for nothing, but also many other countries, and others. As an example, we pay the Palestinians HUNDRED OF MILLIONS OF DOLLARS a year and get no appreciation or respect. They don’t even want to negotiate a long overdue...
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 2 janvier 2018
"Puisque les Palestiniens ne sont plus disposés à parler de paix, pourquoi devrions-nous leur verser des paiements massifs à l'avenir?", a-t-il ajouté.
le 45ème président américain n'a cependant pas précisé, à quelles aides il faisait spécifiquement allusion dans son tweet.
En 2016, les États-Unis ont versé, 319 millions de dollars d'aide aux Palestiniens (soit 264 millions d'euros) via leur agence de développement (USAID), selon des chiffres fournis par le site de l'agence.
Il faut y ajouter 304 millions de dollars d'assistance (254 millions d'euros) alloués par Washington aux programmes de l'ONU dans les territoires palestiniens.
Cette position américaine s'inscrit sans doute dans la logique des mesures de rétorsions attendues après un vote à l'Assemblée générale de l'ONU, le mois dernier, condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d'Israël.
"Nous nous en souviendrons quand on nous demandera encore une fois de verser la plus importante contribution financière à l'ONU", avait lancé Nikki Haley, l'ambassadrice américaine aux Nations unies. Le vote à l'ONU du jeudi 21 décembre 2017, condamnant la position de Donald Trump sur le statut de Jérusalem, avait été entériné à une très large majorité (128 votes favorables, 35 abstentions et 9 votes défavorables).
Mme Haley avait indiqué ensuite vouloir "mieux dépenser" l'argent des Américains à l'avenir.
"Jérusalem est la capitale éternelle de l'État de Palestine et n'est pas à vendre pour de l'or ou des milliards" a indiqué Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne. Nouvelle réaction palestinienne alors que le processus de négociations de paix est incontestablement devenu plus hasardeux depuis cette décision du 6 décembre 2017. Celle de la Maison Blanche de reconnaître en Jerusalem, la capitale d'Israël. Cette décision avait provoqué une vague de critiques dans le monde au delà de la colère des Palestiniens. Cette décision avait, en revanche, été bien accueillie par le pouvoir en Israël. Le ministre israélien des Transports allant même jusqu'à annoncer le 27 décembre 2017 qu'une station de train porterait bientôt le nom de Donald Trump à Jérusalem.
"Nous ne céderons pas au chantage !", a affirmé Hanan Ashrawi, une responsable de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Et d'ajouter : "Maintenant il [Donald Trump] ose accuser les Palestiniens des conséquences de ses actions irresponsables !"
Certes, la Maison Blanche est mobilisée - en tout cas en apparence - sur le dossier de ces négociations de paix. L'émissaire du président américain pour le Proche-Orient, Jason Greenblatt, multiplie depuis des mois les déplacements dans la région. Mais parallèlement, renforcé par le soutien des États-Unis, le parlement israélien a adopté mardi 26 décembre 2017, un projet de loi qui devrait compliquer le passage sous souveraineté palestinienne de certaines zones de Jérusalem.
C'est potentiellement un nouvel obstacle dans le cadre d'un futur accord de paix. Pour le président palestinien, Mahmoud Abbas, c'est même "une déclaration de guerre".
Jérusalem, avec ses lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, est un sujet sensible. Depuis la création d'Israël en 1948, la communauté internationale considère que son "statut" doit être négocié entre Israéliens et Palestiniens.
Ce qui est sûr c'est que Donald Trump tient ses promesses vis-à-vis de la logique multilatérale, avec une réduction drastique de la participation américaine au budget de l’ONU pour 2018-2019. Une coupe de 285 millions de dollars (236 millions d'euros) par rapport aux deux années précédentes.
Une manière de faire levier face à un isolement certain et acté à l'ONU, sur ce dossier proche-oriental.