Fil d'Ariane
Le président américain et le président syrien se rencontrent, mercredi 14 mai, à Ryad en Arabie Saoudite. Plus tôt dans la semaine, Donald Trump annonçait une spectaculaire levée des sanctions contre Damas.
Cette combinaison de photos montre le président américain Donald Trump, à gauche, à Riyad, en Arabie saoudite, le 13 mai 2025, et le président syrien Ahmad al-Sharaa à Ankara, en Turquie, le 4 février 2025.
Donald Trump a rencontré le président syrien islamiste Ahmad al-Chareh, mercredi 14 mai à Ryad, après avoir annoncé une spectaculaire levée des sanctions contre Damas, qui a salué un "tournant décisif".
L'entrevue, annoncée comme brève et informelle par Washington, a débuté autour de 10H15 (07H15 GMT) peu avant une réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG), organisation de six pays de la région.
Selon la Maison Blanche, Donald Trump a "accepté de saluer" le nouveau chef de l'État syrien, arrivé au pouvoir en décembre à la tête d'une coalition de forces islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad.
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L'Américain a annoncé, mardi, qu'il allait "ordonner l'arrêt des sanctions contre la Syrie", qui pèsent lourdement sur l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.
Le pays fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979, mais ces sanctions ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011.
M. Trump a vanté le fait que ce geste fort pourrait "donner (à la Syrie) une chance de grandeur", en allusion à son fameux slogan "Rendre sa grandeur à l'Amérique".
Il s'agit d'un "tournant décisif", s'est réjouie la diplomatie syrienne après que l'Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont déjà assoupli leurs propres régimes de sanctions.
M. Chareh avait aussi été reçu avec les honneurs à l'Elysée par le président français Emmanuel Macron qui l'avait exhorté le 7 mai à protéger "tous les Syriens sans exception" face aux violences et exactions entre diverses communautés syriennes.
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"Bonne chance à la Syrie", a proclamé Donald Trump avec cette levée spectaculaire des sanctions, réclamée par le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.
Il avait plaidé lundi pour "un nouveau départ" pour Damas.
Cette décision signifie que "Washington a accepté les garanties de l'Arabie saoudite pour légitimer la nouvelle administration syrienne", a affirmé Rabha Seif Allam, du Centre d'études politiques et stratégiques d'al-Ahram au Caire.
Elle permettra à Damas de "recevoir les financements nécessaires pour relancer l'économie, imposer l’autorité de l'Etat central et lancer des projets de constructions avec le soutien clair du Golfe", a-t-elle ajouté.
La nouvelle a été accueillie par des célébrations en Syrie, où des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants se sont rassemblés, mardi soir, sur la place des Omeyyades à Damas.
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La brève rencontre Trump-Chareh aura lieu malgré les réticences d'Israël, allié indéfectible des États-Unis qui frappe en Syrie depuis bien avant la chute du régime d'Assad.
Elle doit se tenir avant la réunion à Ryad de Donald Trump avec les dirigeants et représentants des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). C'est-à-dire l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et Oman, autant d'Etats en pleine transformation économique et dont le poids diplomatique déborde largement désormais la seule région du Golfe.
Le président américain avait livré, mardi, une louange appuyée des gouvernements de la région, en fustigeant les stratégies diplomatiques occidentales.
La Syrie donc, mais aussi les discussions avec l'Iran pourraient être abordées par le président américain et ses interlocuteurs, tout comme la guerre dans la bande de Gaza ou contre les Houthis du Yémen.
Reste que Donald Trump, qui mène une diplomatie résolument transactionnelle, vient d'abord dans la région pour signer de gros accords économiques.
Le président Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman font un geste alors qu'ils rencontrent des délégations au palais royal de Riyad, en Arabie saoudite, mardi 13 mai 2025.
En Arabie saoudite, la Maison Blanche a clamé avoir glané pour 600 milliards de dollars d'investissements, avec d'énormes contrats d'armement ou des projets dans l'intelligence artificielle et l'énergie.
Ryad a déployé tous ses fastes pour Donald Trump, et Doha, où il se rendra plus tard mercredi, devrait faire de même.
Mais les échanges de l'ancien promoteur immobilier avec les dirigeants qataris auront pour arrière-plan un scandale politique qui couve à Washington.
L'opposition démocrate aux États-Unis, qui reproche au milliardaire d'avoir accepté "le plus gros pot-de-vin étranger de l'histoire récente", entend retarder certaines nominations présidentielles au Sénat.
En cause : un Boeing 747-8 offert à Donald Trump par la famille royale qatarie pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l'utiliser après son mandat
Le président a répliqué que l'avion était un "cadeau temporaire".
Au-delà des soupçons de corruption que suscite ce cadeau de très grande valeur, l'offre qatarie a suscité des interrogations sur la sécurité de l'appareil qui transportera le président de la première puissance mondiale.