Des avantages économiques et politiques Il n'empêche, pour le gouvernement, l'adoption de l'euro va donner un nouveau coup de fouet à la croissance. « La Lettonie est une économie ouverte (…). L'adhésion à l'euro va stimuler les investissements, a déclaré Valdis Dombrovskis devant la presse. Il suffit de regarder ce qui s'est passé en Estonie où les investissements ont doublé dans le secteur financier ». Le pays, dont la fameuse note a été relevée à BBB/Positifs par l'agence Fitch, va aussi pouvoir emprunter à des taux plus avantageux. « Pour l'instant, nous empruntons à des taux encore plus élevés que ceux de la Grèce ou de l'Espagne », indique
l'eurodéputée démocrate-chrétienne, Sandra Kalniete. Et, en pratique, la Lettonie est déjà dans l'Union monétaire. « Depuis notre adhésion à l'Union européenne en 2004, rappelle Sanita
Pavļuta-Deslandes, l'ambassadrice de la Lettonie auprès de l'OCDE, le lats est rattaché à l'euro par un taux fixe qui n'a pas bougé. 70% de nos échanges commerciaux et 80% des crédits des ménages et des sociétés se font déjà en euros. » Sur le plan géopolitique, « c'est une confirmation historique de notre attachement à l'Ouest, renchérit l'élue européenne, ancienne ambassadrice de la Lettonie à Paris. Alors que la Russie cherche à développer son pouvoir d'influence, c'est très important, pour nous, d'avoir un positionnement clairement européen. » Une aubaine pour Bruxelles Quant à l'Union européenne, elle a aussi des intérêts dans cette affaire. Faire entrer ce pays balte (même petit, avec un PIB de 20 milliards d'euros) dans la zone euro est une occasion en or pour faire la promotion d'une monnaie fortement décriée ces derniers temps. « C'est un signe de confiance, a souligné, mercredi, le commissaire européen, Olli Rehn (…). C'est une preuve supplémentaire que ceux qui prédisait la désintégration de la zone euro se trompaient.» Après les espérances déçues placées dans l'Irlande, l'expérience lettone est l'exemple à valoriser pour montrer qu'une sortie de crise est possible, que l'austérité donne des résultats. Pour s'en convaincre, Bruxelles ne manque pas de rappeler les belles performances de la Lettonie qui a enregistré la plus forte croissance de l'Union européenne en 2012. Son déficit public est tombé sous le seuil de 3% et sa dette n'est qu'à 40% du PIB. Un bilan macroéconomique qui mérite néanmoins d'être nuancé. Le chômage ne décroit que très lentement et s'élève encore à 12%. Le système éducatif reste vétuste et les jeunes les mieux formés continuent de s'exiler. Sans oublier une faiblesse de taille pointée par la Banque centrale européenne : la fragilité du système bancaire national. Les dépôts des non-résidents, en majorité des russes, ont augmenté jusqu'à représenter quasiment la moitié des dépôts bancaires. Encore des efforts ? Résultat, pour contenir la dette et éviter tout envolée de l'inflation, les Lettons doivent poursuivre leurs efforts. « C'est le vrai défi qui les attend, s'inquiète Céline Bayou. Faire perdurer la politique d'austérité sur une période encore plus longue alors que la croissance est de retour et que d'importants sacrifices ont déjà été faits.» La spécialiste s'interroge : « A un moment donné, la population ne va-t-elle pas exiger la fin de l'austérité et le retour des politiques sociales avec une revalorisation des salaires et des allocations sociales ? »