Elle est belle, nichée au bord du Pacifique dans son écrin de montagnes, surtout quand le soleil darde ses rayons sur ses tours de verre étincelantes. Mais elle n'est pas que belle : elle est aussi une ville verte, la plus verte du Canada et l'une des plus vertes en Amérique du Nord.
D'ici 2020, Vancouver aspire à être la ville la plus verte du monde. C'est le pari qu'a lancé le maire Gregor Robertson quand il a été élu à son premier mandat en 2009. Il a lancé avec son équipe le plan « greenest city » afin d'atteindre cet objectif ambitieux. Un plan qui s'est attaqué au problème de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre en s’attaquant à 10 cibles précises. Le plan a déjà atteint 80% de ces objectifs.
Les transports
C'est la cible des transports qui a été atteinte plus vite que prévu : le plan prévoyait qu'en 2020, la moitié des déplacements dans la ville de Vancouver se ferait en transport en commun, à pied ou à vélo. C'est le cas depuis avril 2015. La ville est quadrillée de 275 kilomètres de pistes cyclables, le système de transport collectif est équipé de bus électrifiés notamment et de deux lignes de métro - une troisième doit être inaugurée l'an prochain. 200 bornes électriques ont aussi été installées dans la ville pour les voitures électriques - et elles sont tellement populaires qu'il en manque, dit une résidente qui venait brancher gratuitement sa Nissan à l'une de ses bornes.
Enfin le nombre de kilomètres parcourus en voiture par personne dans la ville a réduit de 21% depuis 2007. Vancouver est aussi une ville de marche : on peut faire plus de 15 kilomètres sur le « sea wall » en longeant les côtes de la baie et du Pacifique. Une promenade magnifique au demeurant. On peut donc dire que les Vancouverois ont embarqué dans l'aventure verte proposée par leur maire et ils ont été partie prenante du succès de ces mesures. Il faut dire que la ville a pris soin de les consulter avant de s'engager dans cette voie et des citoyens consultés cela veut aussi dire des citoyens impliqués.
« Dans les deux années qui ont suivi l’adoption du plan, explique Andrea Reimer, adjointe à la mairie de Vancouver, nous avons consulté 35 000 résidents, ainsi qu’une centaine d’organisations, de professeurs, de spécialistes, d’entrepreneurs, des membres des communautés ethniques, car on avait besoin du soutien des citoyens et c’est leur engagement qui a permis au plan d’avoir ce succès ».
Des bâtiments verts
En 2008, la ville s'est dotée d'un code du bâtiment très rigoureux afin de réduire l'empreinte carbone des bâtiments à construire. C'est l'autre grand volet du plan vert : réduire de 20% la consommation énergétique des immeubles par rapport aux niveaux de 2007. Le plan prévoit également que tous les nouveaux bâtiments construits à compter de 2020 soit « carbo-neutre », soit 0 émission de gaz à effet de serre. Plusieurs bâtiments neufs de Vancouver ont déjà reçu la certification leed platinum, la plus haute certification en matière environnementale dans ce domaine.
Vancouver est d'ailleurs la ville qui détient le record de bâtiments certifiés leed au Canada par capita. «
C’est la cible qui est le plus gros défi, confie Doug Smith, directeur du programme de développement durable à la ville de Vancouver.
Par exemple pour les immeubles neufs, il y a des milliers d’étapes à respecter et pour les immeubles existants qu’il faut rendre plus efficaces énergiquement, il faut changer les fenêtres, revoir l’isolation, les gens qui travaillent dans cette industrie doivent être formés à ces nouvelles techniques, les gens qui délivrent les permis aussi, les fournitures doivent elles aussi changer, etc. »
Développer l'économie verte
Vancouver se targue d'être la capitale de l’économie verte, qui regroupe les
entreprises et industries liées de près ou de loin à l’application de mesures
écologiques, les nouveaux procédés de fabrication, les nouveaux matériaux de
construction, etc. Selon le « Global Green Economy index », Vancouver est au
4eme rang sur 70 villes dans le monde pour son économie verte (après
Copenhague, Amsterdam et Stockholm). Les emplois liés à l'économie verte ont
augmenté de 19% depuis 2010, passant de 16 700 à 20 000. On espère qu’ils
seront 30 000 en 2020.
On mange local
Importer des aliments par bateau ou par camion, c'est une activité énergivore. C'est pourquoi le plan vert de Vancouver a préconisé le développement de jardins communautaires, de fermes urbaines et encouragé les Vancouverois à manger des produits locaux. Beaucoup des restaurants de la ville sont fiers de promouvoir ces produits dans leurs menus et les jardins communautaires ont fleuri dans la ville.
Des organismes ont aussi mis en place des systèmes de partage de jardins, des propriétaires acceptant de mettre un bout de leur jardin à la disposition d'autres personnes pour y faire pousser légumes et fruits. L'économie du partage est très populaire à Vancouver. Et ça marche : depuis 2010, les Vancouverois consomment 36% de plus de produits locaux d'alimentation, l’objectif étant de 50% pour 2020.
Zéro déchet
Depuis 2008, les déchets solides à enfouir ou incinérer ont été réduits de 18% et on espère qu’ils seront réduits de moitié en 2020. Recyclage, compostage sont les maîtres mots pour atteindre cet objectif. Une usine de pompage des eaux usées dans le quartier du village olympique permet par exemple de chauffer les immeubles du quartier en recyclant ces eaux usées.
Du vert partout
Vancouver compte trois nouveaux parcs depuis l'an dernier - elle en a déjà 200 - et on y a planté 37 000 arbre depuis 2010. L'objectif est d'en planter 150 000 au total d'ici 2020. A noter également que la ville s’est fixé l’objectif pour 2020 que chaque résident vive à moins de 5 minutes à pied d’un parc ou un espace vert.
La lutte contre les énergies fossiles
Vancouver a été, en 2012, la première ville au Canada à adopter une stratégie d'adaptation aux changements climatiques. L’adoption du plan vert a permis à la ville de réduire de 7% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 2007, la cible étant une réduction de 33% pour 2020.
Et la ville est très ambitieuse aussi pour l’avenir, en se donnant comme objectif d’éliminer sa dépendance aux énergies fossiles d’ici 2050 pour ne faire appel qu’aux énergies renouvelables.
Vancouver gagnera-t-elle ce pari de devenir, d’ici 2020, la ville la plus verte du monde ? La ville vient en tout cas de redéfinir un plan d’action précis pour les 5 prochaines années pour atteindre cet objectif. «
Nous allons concentrer nos actions sur les bâtiments et sur les transports, explique Doug Smith.
Et le plus important ça va être d’améliorer notre système de transports en commun avec plus de métro et plus de train, car on attend un million de personnes en plus dans la région dans les 15-20 prochaines années et tous ces gens, il va falloir les transporter ». Rendez-vous en 2020 maintenant.