Selon la lettre d'informations financières Vernimmen, les entreprises du CAC 40 ont versé 56 milliards d'euros à leurs actionnaires l'an dernier, une somme en hausse de 30 %.
On croit parfois l'économie française en difficulté. Il n'en est rien. Après la nouvelle des 5,8 milliards d'évasion fiscale en provenance de l'hexagone retrouvés – mais pas forcément restitués - dans les comptes de la Banque suisse H.S.B.C. (sur un total mondial, il est vrai, de 180 milliards), l'autre chiffre du jour, autrement plus conséquent, ne manquera pas de réconforter les 6 millions de chômeurs du pays et, plus généralement, l'ensemble de ses salariés soumis à une austérité qui ne dit pas son nom : 56 milliards d'euros. Il s'agit des sommes versées par les entreprises du
CAC 40 (principal indice boursier parisien) à leurs actionnaires en 2014, sous forme de dividendes et de rachats d'actions, selon l'étude publiée par la lettre spécialisée Vernimmen.net. Une hausse de 30 % par rapport à l'année précédente.
Ce total égale presque le record atteint en 2007 par les grands groupes français cotés en Bourse, avant la crise financière qui avait éclaté l'année suivante, selon les données de l'étude.
Dans le détail, les rachats d'actions ont bondi de 55% à plus de 10 milliards d'euros, et les dividendes de 25% à 46 milliards, d'après cette étude citée dans le quotidien Les Echos.
Deux opérations au caractère exceptionnel ont il est vrai contribué à gonfler le total : la sortie partielle de Nestlé du capital de L'Oréal, qui a vu le groupe français racheter pour environ 6 milliards d'euros de ses propres actions à son actionnaire suisse, et une distribution d'actions Hermès par LVMH à ses actionnaires.
Hors ces opérations, les dividendes n'en ressortiraient pas moins en hausse de 5,5%.
Trio de tête des versements de dividendes (hors LVMH) : Total, Sanofi et GDF Suez, comme l'année dernière. « Si on ajoute EDF, Orange et BNP Paribas, on atteint avec 6 groupes presque 50% des dividendes », précise Vernimmen.net.
Contre l'investissement
Un peu embarrassants pour un monde patronal exigeant toujours plus mais aussi pour un pouvoir présumé de gauche soupçonné de complaisance à son endroit, les chiffres confirment la propension des grands groupes français à récompenser leurs actionnaires plutôt qu'à embaucher et à investir, alors que le gouvernement leur a accordé des mesures importantes avec le CICE (« Crédit d'impôt compétitivité emploi ») puis le pacte de responsabilité (40 milliards en faveur des entreprises).
L'été dernier, des chiffres montrant une forte hausse des dividendes versés au premier semestre avaient déjà nourri ce débat.