Ecosse : de Bannockburn au référendum sur l'indépendance
Ce dimanche 28 juin, en Ecosse, l'histoire se met au service de la politique. La commémoration de la bataille de Bannockburn qui, voici 700 ans de cela, se solda par la défaite de l'Angleterre sur l'Ecosse, acquiert une dimension très actuelle. Car dans moins de trois mois, le 18 septembre 2014, les Ecossais se prononceront par référendum sur leur maintien ou non au sein du Royaume-Uni.
Ce samedi 28 juin, quelque 250 "combattants" ont revêtu leurs cottes de mailles, brandissant de fausses épées, massues et lances pour rejouer la victoire, en 1314, d'une poignée de soldats sous-équipés du roi d'Ecosse sur la plus grande armée du monde, celle du roi d'Angleterre. Les acteurs, qui ont à leur actif les scènes épiques des films hollywoodiens "Gladiator" et "Robin des Bois", se sont produits devant quelque 10 000 spectateurs rassemblés près du château médiéval de Stirling, dans le nord de l'Ecosse, pour assister aux moments-clés de la bataille. Le symbole du combat de l'Ecosse pour l'indépendance Mais à moins de trois mois du référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, ces commémorations prévues de longue date ont acquis une autre dimension. Le 18 septembre, en effet, les Ecossais seront appelés à écrire une autre page de leur histoire : ils devront décider de rester dans le Royaume-Uni ou de quitter une union vieille de 300 ans. Or pour nombre de nationalistes, la victoire de la petite armée du roi Robert Bruce sur les forces anglaises du roi Edouard II est un épisode emblématique du combat de l'Ecosse pour l'indépendance : "Il ne s'agit pas seulement d'une bataille, il s'agit de quelqu'un (Robert Bruce) qui est resté fidèle à ses principes", juge Steve Lamont, un juriste de 50 ans originaire de Dundee, assis à côté de ses deux enfants agitant des drapeaux écossais. "C'est cela, l'indépendance de l'Ecosse, garder la foi, tenir bon, même quand les chances de victoire ne sont pas de votre côté."
"Ce sont nos racines" Parmi les touristes présents, des Américains s'enorgueillissaient de leurs origines écossaises : "C'est comme rentrer à la maison. Ce sont nos racines, ce que nous sommes", expliquait ainsi Maria Haight, retraitée de 66 ans venue de Caroline du Nord, enveloppée dans un tartan. Les événements du week-end avaient commencé vendredi soir avec une parade de centaines de joueurs de cornemuse, devant des spectateurs brandissant pour beaucoup des drapeaux faits d'un Union Jack d'un côté et de la croix écossaise de Saint-André de l'autre. Face à ces musiciens en kilt, devant le château de Stirling, objet de décennies de combats, le touriste écossais Rodney Collins reconnaissait être ému : "Mais les électeurs écossais, dit-il, doivent voter avec leur raison en septembre. Je ne pense pas que l'Ecosse puisse se débrouiller seule économiquement. Je trouve que beaucoup de choses reposent sur les émotions, et pas assez sur des préoccupations commerciales". Sans Bannockburn, il n'y aurait pas d'Ecosse Le Premier ministre écossais, Alex Salmond, qui a décidé d'organiser le référendum l'année de l'anniversaire de cette victoire sur les Anglais, était de la fête : "Sans Bannockburn, il n'y aurait pas d'Ecosse. C'est un moment emblématique dans l'histoire de la nation," a-t-il déclaré, avant d'afficher son optimiste sur les chances de gagner le référendum : "Nous réduisons l'écart, nous sommes en bonne voie." Selon un sondage publié récemment dans le Financial Times, 47% des Ecossais sont opposés à une sortie du Royaume-Uni, devançant de 10 points le camp du oui, tandis que 15% sont indécis.
Bannockburn : reconstitution historique
Des centaines de combattants écossais ont participé ces 28 et 29 juin 2014 à la constitution de la bataille de Bannockburn, qui fut une victoire écrasante des Ecossais sur le roi Edouard II d'Angleterre en 1314, voici 700 ans de cela.