Fil d'Ariane
La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a annoncé mercredi sa démission après huit ans au pouvoir, portant un coup à la cause indépendantiste dans la nation britannique.
"Dans ma tête et dans mon coeur, je sais que le moment est venu, que c'est le bon moment pour moi, pour mon parti et pour le pays, et j'annonce donc aujourd'hui mon intention de démissionner en tant que Première ministre et cheffe de mon parti", a déclaré Mme Sturgeon lors d'une conférence de presse. Elle restera en poste jusqu'à ce que le Parti national écossais désigne un nouveau leader.
La dirigeante de 52 ans, qui est restée longtemps très populaire, portait le combat pour un nouveau référendum d'indépendance mais avait été fragilisée par une loi récente facilitant le changement de genre en Ecosse.
Née dans la ville industrielle d'Irvine, au sud-ouest de Glasgow, d'un père électricien et d'une mère infirmière, toujours active en politique, Nicola Sturgeon a rejoint le SNP à l'âge de 16 ans, en tant que coordinatrice adjointe pour la jeunesse.
Peter Murrell, son mari, est directeur général du parti. Le couple, sans enfant, s'est rencontré il y a plus de vingt ans lors d'une réunion des jeunes du SNP, dont Nicola Sturgeon est devenue l'une des premières représentantes au Parlement écossais dès sa création en 1999
En janvier, après la démission surprise de la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern, Mme Sturgeon assurait qu'elle avait encore "plein d'énergie" et qu'elle ne se sentait "pas du tout près" du moment où elle devrait partir.
Son départ, sans successeur évident, porte un coup à la cause indépendantiste, le combat de sa vie dont elle était la figure incontestée, déterminée et appréciée du public.
Nicola Sturgeon est arrivée à la tête du Parti national écossais (SNP) et du gouvernement écossais après la démission de son prédécesseur Alex Salmond en 2014. Les Ecossais avaient alors voté à 55% en faveur d'un maintien au sein du Royaume-Uni.
Elle a depuis, avec patience et détermination, repris le combat pour l'indépendance, revigoré par le Brexit auquel les Ecossais s'étaient majoritairement opposés. Elle se bat depuis pour l'organisation d'un nouveau vote, rejeté fermement par Londres.
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Elle a accumulé les succès électoraux, obtenant une nouvelle fois en mai 2021 une majorité pro-indépendance au Parlement local avec les Verts.
Fluctuants, les sondages ont penché régulièrement en faveur d'un "oui" à l'indépendance ces dernières années, notamment pendant la pandémie dont la gestion par Londres, sous Boris Johnson, était très critiquée.
Mais sa stratégie électorale consistant à vouloir transformer la prochaine campagne pour les législatives, prévues dans moins de deux ans, en un référendum de facto sur une sécession, a été peu appréciée des électeurs.
Personnellement, Nicola Sturgeon a été fragilisée par l'adoption en décembre d'une loi très controversée facilitant la transition de genre, permise dès 16 ans et sans avis médical.
Londres a indiqué vouloir s'y opposer et la mesure a été critiquée par des féministes, y compris l'autrice à succès de la saga Harry Potter J. K. Rowling, qui vit en Ecosse. Les critiques du texte estiment que des prédateurs sexuels peuvent s'en servir pour accéder à des lieux réservés aux femmes.
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Juste après le vote, un scandale est venu donner de l'eau au moulin de ses détracteurs : une femme transgenre condamnée pour avoir violé des femmes avant sa transition avait été incarcérée dans une prison pour femmes, créant de vives réactions.
Elle a finalement été transférée vers une prison pour hommes, poussant Nicola Sturgeon à un rare revirement.