Outre-Manche, c’est un événement historique. Et si les Écossais disaient « oui » au référendum sur l'indépendance de l'Écosse ? Selon un sondage publié ce dimanche 7 septembre 2014, 47 % de la population y serait favorable. A l'inverse, 45 % serait pour le maintien de l'Ecosse au sein du Royaume-Uni. Qui sont les indépendantistes et les opposants ? Quels pourraient-être les conséquences pour le Royaume-Uni ? Explications.
Qui souhaite l’indépendance ? Le Parti National Écossais (SNP) milite pour l’indépendance. Fondé en 1934, ce parti classé au centre-gauche et se définissant comme social démocrate, connaît une certaine popularité à partir des années 1970. En 2011, il remporte une écrasante victoire aux élections du Parlement semi-autonome écossais et obtient la majorité absolue. Fort de cette victoire, les dirigeants du SNP promettent alors l’organisation d’un référendum sur l’indépendance. Accepté en 2012 par le gouvernement britannique de David Cameron, ce référendum se tiendra le 18 septembre 2014.
Quels sont les arguments du SNP ? >> Des bénéfices économiques : Pour le SNP d’Alex Salmond, l’indépendance aurait des bénéfices économiques pour l’Écosse. Selon lui, l'Écosse est "l'un des pays les plus riches du monde" et aurait donc tout à gagner à se séparer du Royaume-Uni. >> Justice sociale : Autre argument phare du SNP : l’indépendance pourrait donner lieu à plus de politiques sociales en Écosse et in fine à davantage de justice sociale. Le parti entend réorienter la politique économique de l’Écosse (la fiscalité demeure pour l’heure l’apanage de Westminster) vers un modèle plus social à l’image des pays scandinaves. >> Sous-marins nucléaires : Indépendante, l’Écosse verrait ses compétences élargies à la défense. En clair, l’Écosse pourrait se " débarrasser " des sous-marins nucléaires britanniques, dont l’essentiel se situe sur le territoire écossais.
Une Écosse indépendante serait-elle viable ? Les partisans du « non » font valoir qu'une Écosse indépendante rencontrerait de grandes difficultés économiques. D’après eux, le pays deviendrait alors très dépendant des fluctuations des cours du pétrole (20% du PIB écossais proviendrait des revenus du pétrole de la mer du Nord) et du gaz. Ils pointent également l’état de santé fragile des banques, notamment de la Royal Bank of Scotland, renflouée en 2008 par le gouvernement britannique afin de lui éviter la faillite. Ce n’est pas l’avis d’Alex Salmond, chef de file du « oui ». Il y a quelques mois le SNP a présenté un épais livre blanc intitulé "Le futur de l'Écosse : votre guide pour une Écosse indépendante". Ce document se veut le texte "le plus détaillé jamais publié en faveur de l'indépendance d'un pays". Traitant essentiellement de questions économiques, il est censé répondre à 650 questions posées par des "vrais gens", et expose de manière détaillée les projets du gouvernement en termes de monnaie, de taxation, d'éducation, de défense ou de système social.
Quels changements au niveau institutionnel ? Selon Alex Salmond, cette nouvelle Écosse rejoindrait l'Union européenne et l'OTAN, mais conserverait la reine comme monarque et la livre sterling pour monnaie. Quelles conséquences pour le Royaume-Uni ? Pour les Britanniques, l’indépendance de l’Écosse serait tout d’abord symbolique. Elle mettrait un terme à 307 ans d’union, et verrait le Royaume-Uni amputé de 9% de sa population et plus de 30% de son territoire. Mais pas seulement. L’Écosse entend aussi garder 90% des revenus des réserves pétrolières de la mer du Nord. Un point qui pourrait se révéler source de conflits. L’indépendance écossaise pourrait par ailleurs avoir des répercussions en Irlande du Nord. D’ailleurs, depuis deux ans déjà, les indépendantistes nord-irlandais du Sinn Féin réclament, eux aussi, la tenue d’un référendum sur cette même question en 2016. Plus au Sud de l’Europe, les résultats de cette consultation seront également suivis de près par les Catalans. Le 9 novembre 2014, cette région d’Espagne organisera, un référendum sur l'indépendance de la Catalogne.
Quels soutiens ?
Ces derniers mois, le camp du "non" a reçu le soutient d'Hillary Clinton, Barack Obama, du Premier ministre chinois Li Keqiang ou de J.K. Rowling, l'auteure britannique de la saga Harry Potter. Quant aux indépendantistes, ils se vantent de présenter une liste de soutiens prestigieux parmi lesquels les artistes Annie Lennox (chanteuse d’Eurythmics), Alan Cumming (acteur dans la série The L World et The Good wife), Peter Mullan (acteur et réalisateur), et le plus connu d’entre eux, Sean Connery, l'ancien James Bond.
Dates clés
Mai 1707 : Union du royaume d’Ecosse et du Royaume d’Angleterre 1997 : Référendum en Ecosse sur la « devolution », la création d’une institution dévolue. Le “oui” l’emporte. Le Parlement écossais est crée. 1999 : L’Ecosse (de même que l’Irlande du Nord et le Pays de Galles), disposent d’un Parlement régional élu semi-autonome. Le Parlement et l’exécutif écossais gèrent, entre autres, l’éducation, la santé, l’environnement et la justice. La fiscalité, la defense et les affaires étrangères restent du ressort de Westminster. Mai 2011 : Victoire du SNP (Parti national écossais) qui obtient la majorité absolue des sièges au Parlement écossais (69 sur 129). Octobre 2012 : Le Premier ministre britannique David Cameron et le Premier ministre écossais Alex Salmond signent l’accord d’Edimbourg portant sur l'organisation en 2014 d'un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse. 18 septembre 2014 : Référendum sur l’indépendance de l’Ecosse. La question posée aux Écossais sera « Should Scotland be an independent country? » (« L'Écosse devrait-elle être un pays indépendant ? »).