C'est en février 2011 que le scandale de la vente d'armes numériques par des entreprises françaises est révélé par un site français d'information en ligne, Reflets.info. Animé par des journalistes et des hackers, le site satirique d'investigation dévoile les pratiques d'une entreprise spécialisée dans la surveillance numérique, Qosmos, puis celles d'Amesys, filiale de la célèbre entreprise d'informatique Bull. Cette filiale, Amesys, aidée de la DGSE, a vendu en 2007 au dictateur libyen Khadafi, du matériel capable d'écouter la totalité de sa population. La technologie dite "d'inspection profonde de paquets" (
DPI en anglais, Deep Pack Inspection) est alors détaillée par le site Reflets qui s'interroge sur la légalité de ventes de matériels capables d'espionner 6 millions de personnes au sein d'un Etat où la torture, l'élimination des opposants au régime, sont bien connues.
Le gouvernement de François Fillon, à l'époque
se voit poser une question à ce sujet par un parlementaire socialiste, Christian Paul, et n'y répondra pas.
Une plainte de la Fédération internationale des droits de l'homme est déposée en octobre 2011 contre Amesys , après que des journalistes du Wall Street journal découvrent les documentations de l'entreprise française dans les locaux de surveillance du régime libyen.
Antoine Champagne, directeur de publication de
Reflets.info ne pense pas que le gouvernement français soit véritablement surpris par la surveillance de la NSA à chaque nouvelle publication du Monde : "Les premières révélations de Snowden indiquaient que toutes les communications passant par les câbles transatlantiques étaient écoutés par la NSA, ou en tout cas une grande partie. Donc bien entendu on pouvait imaginer qu'ils ciblaient des personnes en particulier ou des entreprises dans tous les pays du monde. La suite a prouvé que c'était le cas, et la France n'avait pas de raison d'être épargnée. La technologie du DPI est une invention française, issue des universités françaises et on doit bien se douter ici que des entreprises américaines l'utilisent, les marques qui produisent ce type de matériel sont connues, comme HP, par exemple." François-Bernard Huyghe, directeur de recherche en stratégie de l'information, cyberstratégie, intelligence économique à l'Université Paris IV-Sorbonne et à Polytechnique, enfonce le clou sur cette indignation simulée : "Les réactions de François Hollande et de ses ministres sont comiques, nous savions tous depuis les années 90, avec le programme Echelon que nous étions écoutés par les Etats-Unis. Alors, quand Hollande dit, à propos des écoutes de décembre dernier, que "si c'était vrai, ce serait inacceptable", on peut quand même sourire…" (voir l'analyse de Slimane Zeghidour en encadré sur le réseau Echelon, NDLR)