Le pape François est en Egypte, où 20 000 fidèles sont attendus ce samedi au Caire pour assister à sa messe. Un rendez-vous intense avec la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient.
Arrivé hier vendredi 28 avril au Caire, le pape François ira ce samedi à la rencontre de la minuscule communauté catholique d'Egypte. Dès son arrivée, il a dénoncé ceux qui tuent au nom de Dieu, marquant sa compassion après des attentats contre des églises coptes en Egypte. Il a abordé plusieurs sujets à résonance particulière au Moyen-Orient, comme la prolifération des armes ou les "
populismes démagogiques" qui "
n'aident pas à consolider la paix et la stabilité".
Ce samedi, le chef spirituel de près de 1,3 milliard de catholiques dans le monde dirigera une messe dans un stade de 30 000 places de la banlieue du Caire, réunissant tous les rites catholiques du pays, notamment les églises copte, arménienne, maronite et melkite. Il prononcera une homélie et priera avec les fidèles catholiques, au cours d'une cérémonie dont la liturgie sera en arabe et en latin.
Le déplacement de François, le deuxième d'un pape en Egypte dans l'époque moderne, intervient 17 ans après celui de Jean-Paul II, qui avait marqué les esprits.
Une communauté ancrée depuis le Ve siècle
L'Egypte compte une communauté catholique d'environ 272 000 fidèles, soit 0,3% de la population. Les catholiques sont présents en Egypte depuis le Ve siècle. Entre les XVIIIe et XIXe siècles, des ordres catholiques (franciscains, dominicains, jésuites) sont venus s’installer dans le pays, développant notamment un réseau d'écoles, d'hôpitaux et d'oeuvres caritatives.
Le patriarche des coptes catholiques d'Alexandrie, Ibrahim Isaac Sedrak, se réjouit du soutien "
moral et spirituel" du pontife argentin au moment où "
la succession des incidents suscite beaucoup de déception", voire "
de la colère".
La venue du pape - près de trois semaines après un double attentat suicide qui a fait 45 morts dans deux églises coptes orthodoxes du nord de l'Egypte, le jour du dimanche des Rameaux - prend un caractère hautement symbolique pour les chrétiens du pays.
Œcuménisme
Vendredi soir, le pape François, fervent défenseur de l'oecuménisme, avait eu une rencontre privée avec le pape copte orthodoxe d'Egypte Tawadros II. Tous deux se sont joints également pour une prière commune à l'église copte Saint-Pierre et Saint-Paul, où un attentat à la bombe a fait 29 victimes en décembre, en plein coeur du Caire. L'occasion de se recueillir ensemble devant les portraits des victimes, essentiellement des femmes.
Les deux papes, l'un en blanc, l'autre tout en noir, ont aussi signé une déclaration commune, réaffirmant leur liens "
de fraternité et d'amitié", exaltant leur héritage commun, malgré la séparation entre l'Eglise catholique et les Eglises orientales orthodoxes. "
Nous luttons pour la sérénité et la concorde à travers une cohabitation pacifique des chrétiens et des musulmans", stipule notamment ce texte. "
Tous les membres de la société ont le droit et le devoir de participer pleinement à la vie de la nation, en jouissant de la pleine et égale citoyenneté et en collaborant pour bâtir leur société", ajoute la déclaration, sur un registre plus politique, alors que beaucoup de chrétiens d'Egypte s'estiment tenus à l'écart des postes clefs du pays, tandis que leur appartenance religieuse est inscrite sur leurs papiers d'identité.
La première journée du pontife en Egypte était également placée sous le sceau du dialogue interreligieux, au côté du grand imam sunnite d'Al-Azhar Ahmed Al-Tayeb.
Menace terroriste
Les deux papes ont aussi appelé à "
l'unité", en rappelant que la violence des extrémistes cible sans distinction les chrétiens, qu'ils soient catholiques ou orthodoxes, évoquant un "
oecuménisme du martyre". Les jihadistes se sont engagés à multiplier les attaques contre les coptes, qui sont environ 10% des 92 millions d'Egyptiens.