Egypte : quels enjeux pour le référendum constitutionnel ?

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Un référendum se tient pendant trois jours en Egypte pour modifier la Constitution. Des modifications qui permettraient au président de rester au pouvoir jusqu'en 2030.
©AP Photo/Amr Nabil
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Le référendum pour changer la Constitution égyptienne a débuté ce samedi 20 avril 2019 et se concluera lundi 22. Les changements en cas de vote favorable des électeurs sont importants. L'un d'eux permettrait notamment au chef de l'Etat Abdel Fattah al-Sissi de rester au pouvoir jusqu'à 2030. Analyse.

Les Égyptiens ont exprimé des opinions mitigées lors du vote référendaire débuté ce samedi 20 avril 2019 et se terminant lundi. Ces électeurs doivent se déterminer en faveur ou non de plusieurs changements constitutionnels qui pourraient — entre autres — permettre au président Abdel Fattah al-Sissi de rester en poste jusqu'en 2030. Mais le rôle de l'armée, déjà très puissante, devrait être aussi renforcé si le "oui" l'emportait, tout comme celui d'Al-Sissi. Ce que soulignent l'ONG Human Rigths Watch ainsi que le politologue Abdelasiem Difraou.
 

C'est malheureusement le but de cette réforme de consolider encore plus le pouvoir de ce régime militaire représenté par Al-Sissi. Abdelasiem Difraoui, politologue égyptien

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Pour l'heure  —  selon des journalistes d'agences de presse — les  électeurs interrogés à la sortie des urnes ont majoritairement indiqué qu'ils avaient voté "oui" aux amendements constitutionnels. Peu ont exprimé des points de vue opposés, particulièrement au sujet des amendements qui prolongeraient le mandat actuel de Sissi  et lui permettraient de se représenter à un troisième mandat.

La sécurité a été renforcée dans les rues du Caire et d'autres provinces, avec du personnel et des véhicules de sécurité en grand nombre. Sous la présidence d'Al-Sissi, l’Égypte a assisté à une répression de la dissidence politique qui, selon les groupes de défense des droits de l’homme, est sans précédent dans son histoire récente. Les médias et particulièrement les médias sociaux sont étroitement contrôlés.

Les militaires ont un rôle encore plus important que sous le régime de Moubarak, dans l'économie égyptienne, dans la société égyptienne. C'est un État dans l'État, une économie dans l'économie, une forme de société dans la société.Abdelasiem Difraoui, politologue égyptien

Les opposants au régime expliquent que les changements demandés dans le référendum ont été faits dans l'urgence, sans consulter le public.  Les responsables politiques répondent pour leur part que les Égyptiens de tous les horizons ont eu la possibilité de débattre des amendements et que tous les points de vue ont été pris en compte dans les propositions finales. Les partisans du "oui" au référendum expliquent que ces changements sont nécessaires pour "donner au président Al-Sissi plus de temps pour mener à bien les grands projets de développement et les réformes économiques"

Ces réformes économiques et projets de développement sont "nécessaires" et directement liés au référendum, selon le régime  : les changements constitutionnels devraient amener une stabilité au pays, indispensable pour relancer le tourisme, par exemple. Mais malgré ces investissements massifs, une austérité économique est en cours en Egypte.


Le canal de Suez a été élargi, le chantier de la nouvelle capitale égyptienne est déjà en cours de construction, mais le président Al-Sissi mène pourtant en parallèle une politique d'austérité.  Une majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.Abdelasiem Difraou, politologue égyptien

Stabilité politique, développement économique semblent être les grands enjeux du vote qui se conclut ce lundi en Egypte mais visiblement plus au grand bénéfice d'Al-Sissi et des militaires… que d'autre chose. 

A lire : "Égypte : le projet pharaonique du président Al-Sissi"