Après cet événement, les dirigeants du PRI ont demandé à l’université d’enquêter sur les personnes qui avaient protesté. Le recteur de l’Ibéro-américana a refusé. Certains étudiants ont même reçu des menaces qu’ils se sont empressés de dénoncer sur Twitter.
Boule de neige Très vite, le mouvement a fait de nombreux adeptes dans les universités privées et publiques de tout le Mexique. D’autres visites du candidat Peña Nieto dans des campus ont été boycottées.
« Le mouvement est né comme une réponse au cynisme des politiques et des grands patrons des médias, notamment. Ils veulent nous tromper et nous cacher la réalité de notre pays. Ils ne cessent de démontrer que ce sont eux qui décident et pas, nous, les jeunes qui représentons l’avenir du Mexique. Ce mouvement est tout simplement notre façon de dire aux adultes complètement prisonniers du système qui nous gouverne qu’il y a un autre moyen de faire les choses », raconte Laura. Et de poursuivre :
« Nous qui avons fait des études, nous avons la possibilité de réfléchir au changement. » C’est exactement ce à quoi ce candidat ne s’attendait pas. Pendant toute la campagne, il a joué la carte de la jeunesse. C’est désormais cette jeunesse, issue de la classe moyenne, éduquée et ultra connectée qui se retourne contre lui. Il fait les frais des scandales de corruption de son parti. Dernier en date :
le quotidien anglais The Guardian vient de révéler que Televisa a vendu une couverture médiatique favorable à Enrique Peña Nieto. La chaîne a également torpillé la campagne de Manuel Lopez Obrador, le candidat de la gauche populaire, deuxième dans les sondages. A cela s’ajoute l’impuissance de toute la classe politique face au principal problème de ce pays : la guerre contre le narco.
De Twitter à la rue Cette contestation née dans les réseaux sociaux comme les Indignés, Occupy Wall Street ou le Printemps arabe a pris vraiment de l’ampleur quand les jeunes sont descendus dans la rue. Ils se sont rendus, par exemple, au siège de Televisa à Mexico le 24 mai dernier. Ainsi, le 31 mai dernier, les représentants de chaque lycée ou université qui voulaient participer aux manifestations se sont réunis à Mexico pour organiser un mouvement jusqu’ici très bigarré. Ce mouvement très 2.0 est accueilli avec enthousiasme, y compris par la population civile. Certains observateurs se demandent, pourtant, s’il est efficace vu que deux tiers des Mexicains n’ont pas accès à internet et s’informent grâce à la télévision. Les étudiants assurent qu’ils continueront au-delà des élections. Ils ont déjà obtenu trois victoires de taille. Le dernier débat entre les candidats avant l’échéance électorale sera diffusé sur deux chaînes majeures
contrairement au déroulement du premier. La candidate de la droite, Josefina Vazquez Mota, Andrés Manuel Lopez Obrador, et le candidat écologiste Gabriel Quadri ont accepté de débattre avec les étudiants. Ces derniers ont été invités à participer au processus électoral en tant qu’observateurs. Paloma Arrazola, étudiante à l’Ibero et figure de proue de la contestation, invite tous les jeunes à se joindre au mouvement sur
son nouveau blog :
« Nous sommes nombreux à vouloir nous battre. Aucun obstacle ne nous arrêtera. Je vous invite à vous réveiller, à réagir, à vous lever. Ces derniers jours, de nombreuses portes se sont ouvertes à nous, de nombreux médias sont prêts à nous écouter. Le pays entier a les yeux rivés sur cette jeunesse qui s’éveille. Je vous invite à vous joindre à nous, à vous informer. Un vote informé ne peut en aucun cas être manipulé. »