Élections au Canada : victoire à l'arraché de Justin Trudeau, réélu pour un troisième mandat

Les Canadiens ont finalement tranché : ils redonnent le pouvoir au Premier ministre sortant Justin Trudeau. Mais un pouvoir de nouveau limité car les Libéraux n’ont pas réussi à obtenir les 170 sièges nécessaires pour avoir une majorité au Parlement canadien. C’est une victoire douce-amère pour Justin Trudeau qui a déclenché ces élections le 15 août dernier dans l’espoir d’obtenir une majorité. Il en sort affaibli.

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Trudeau après élections 21.9.21
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau ce mardi 21 septembre 2021.
© REUTERS/Carlos Osorio
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Il a fallu attendre 22h24 pour que Radio-Canada annonce la victoire du Parti libéral du Canada et 23h12 pour prévoir que ce nouveau gouvernement libéral sera minoritaire.
Justin Trudeau garde donc le pouvoir, mais il ressort affaibli de ces élections, car il n’a pas gagné son pari de prendre les rênes d’un gouvernement majoritaire. Même s’il ne l’a jamais avoué, c’était la seule motivation pour faire plonger le pays en mode électoral alors que les Canadiens ne voulaient pas de ces élections. 

Justin Trudeau et les candidats libéraux se sont vu d’ailleurs demander régulièrement au cours de cette campagne électorale pourquoi ils aveient déclenché ce scrutin en pleine pandémie et leurs adversaires n’ont pas manqué de taper sur ce clou régulièrement. Justin Trudeau a été réélu à son poste de député dans sa circonscription montréalaise.

La leçon pour les Conservateurs

Le nouveau chef conservateur Erin O’Toole a mené cette campagne électorale en faisant une opération de recentrage de son parti : il a offert aux électeurs un programme avec des valeurs plus progressistes, dans l’espoir de conquérir des électeurs à la gauche du parti. Cette stratégie, qui a fait des mécontents au sein de la base radicale du parti, n’a pas été suffisante pour prendre le pouvoir, ni pour faire des gains substantiels par rapport à 2019.

Erin O'Toole se dit satisfait comme nous le relate notre correspondante à Montréal, Catherine François :

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Erin O’Toole s’est malgré tout dit très satisfait de sa campagne électorale.
Il croit que cette élection a accentué les divisions entre les Canadiens et il se dit content que les électeurs n’aient pas donné carte blanche à Justin Trudeau. Erin O’Toole se dit encore plus déterminé à poursuivre son travail, il a précisé que le recentrage de son parti était nécessaire pour relever les défis du Canada. « C’est un nouveau mouvement conservateur, a-t-il déclaré, le Parti conservateur va battre les Libéraux mais seulement s’il continue de grandir. Le travail n’est pas terminé ». Erin O’Toole a été réélu facilement comme député dans la grande région de Toronto. Va-t-il rester chef du Parti conservateur malgré cette défaite ? Est-ce que la base radicale du parti, déçue par son recentrage, va tenter d’avoir sa peau ? Ce sera à suivre au cours des prochains mois.

Le travail n’est pas terminé.

Erin O'Toole, chef du Parti Conservateur.

Bonne performance pour les Néo-Démocrates de Jagmeet Singh, statu quo pour le Bloc Québécois

Le seul parti qui a fait plusieurs gains par rapport au scrutin de 2019, c’est le Nouveau Parti Démocratique, mené par son chef Jagmeet Singh.
Du côté du Bloc Québécois, le parti qui défend les intérêts du Québec à Ottawa, on espérait gagner 40 sièges, mais la performance sera sensiblement la même qu’en 2019, donc une certaine déception quand même pour le chef Yves François-Blanchet, qui a commenté les résultats par une formule simple « tout ça pour ça ». Ceci dit, le Bloc et le NPD sont les deux partis qui ont la balance du pouvoir : les Libéraux devront s’entendre avec l’un ou avec l’autre pour faire adopter leurs projets de loi et pour gouverner. Ils auront donc un rôle important à jouer dans le Parlement canadien, ce qu’ils faisaient déjà depuis octobre 2019.    

Des résultats quasi-identiques à ceux de 2019

Les sondages indiquaient un coude-à-coude dans les intentions de vote des Canadiens entre les Libéraux et les Conservateurs et ils ne sont pas trompés.
Au niveau des suffrages exprimés, le Parti libéral obtient 32,2%, le Parti conservateur 34%, le NPD 17,7% et le Bloc Québécois 7,7%, le Parti populaire du Canada 5,1% (parti d’extrême droite) et le Parti vert 2,2%.

A la dissolution de la Chambre des Communes cet été, les Libéraux avaient 155 sièges, les Conservateurs 119, le Bloc Québécois 32, le NPD 24, 5 indépendants et 2 Parti vert du Canada.
Au sortir de ces élections, les Libéraux ont remporté 158 sièges, les Conservateurs 119, le Bloc Québécois 34, le NPD 25 et le Parti Vert 2.

Bref, les résultats de cette élection sont quasiment un copié-collé de ceux d’octobre 2019, et après cinq semaines de campagne électorale et plus de 600 millions de dollars – c’est ce qu’a coûté cette élection – il va y avoir bien des Canadiens qui vont se réveiller ce mardi matin en se disant : tout ça, pour ça ?