Élections au Mozambique : le président et son parti en tête selon des résultats partiels

La Commission électorale mozambicaine (CNE) a commencé vendredi à publier des résultats très partiels des élections présidentielle et législatives de mardi, qui donnent sans surprise une large avance au président sortant et au parti au pouvoir.
La Renamo, principal parti d'opposition au Mozambique, accuse le gouvernement d'avoir violé un récent accord de paix en recourant à la "violence" pendant les élections générales cette semaine, et réclame l'annulation du scrutin.
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Le président mozambicain Felipe Nyusi pose devant un bureau de vote où il a voté à Maputo, le mardi 15 octobre 2019
AP Photo/Ferhat Momade
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Les Mozambicains ont voté mardi dans un climat de vives tensions, au terme d'une campagne violente alimentée par des accusations de fraudes au profit du régime lancées par l'opposition et la société civile.

Après dépouillement de 830.000 bulletins exprimés, soit à peine plus de 6% des 13,1 millions d'électeurs inscrits, l'actuel chef de l'Etat Filipe Nyusi, qui brigue un deuxième mandat, est crédité de près de 75% des suffrages, selon les résultats publiés par la CNE sur son site internet vendredi.

Il devance largement son concurrent Ossufo Momade, le chef du principal parti d'opposition la Renamo, l'ex-rébellion de la guerre civile (1975-1992), créditée de 20% des voix, selon ces mêmes résultats.

A la dernière présidentielle, M. Nyusi l'avait emporté avec 58% des voix devant le chef historique de la Renamo Afonso Dhlakama (37%).

Si elles ont salué le déroulement "globalement normal" du scrutin mardi, les principales missions internationales d'observateurs ont émis de nombreuses réserves sur l'équité et la régularité de la campagne et sur le dépouillement du vote.

Dans un communiqué vendredi, l'ambassade des Etats-Unis au Mozambique a émis d'"importantes inquiétudes liées à (...) des irrégularités qui pourraient avoir des conséquences sur la perception de l'intégrité du processus électoral". 

Elle a notamment cité des "divergences" entre les listes électorales et le recensement démographique dans plusieurs régions, notamment dans les provinces de Gaza (sud) et de Zambezie (centre).

"Processus honteux"

Elle s'est aussi étonnée que dans nombre de bureaux de vote à Gaza, le taux de participation affiché en fin de journée était "près de 100%" alors qu'il était resté "faible jusque dans le milieu de l'après-midi".

De son côté, le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM, opposition) a dénoncé un "processus électoral honteux". 

Dans un communiqué vendredi, le MDM a exprimé son "indignation" et son "rejet" du processus électoral. "Nous affirmons qu'il y a eu fraude", a ajouté le parti, "ces élections n'ont été ni justes, ni libres, ni transparentes".

Pour les élections législatives, le parti présidentiel du Frelimo, qui dirige le Mozambique sans partage depuis son indépendance sur le Portugal en 1975, pointe largement en tête avec 70% des voix après dépouillement de 750.000 bulletins, devant la Renamo avec 22% des suffrages, selon les premiers résultats.

Affaibli par une crise financière, un scandale de corruption et une insurrection jihadiste dans le nord du pays, le Frelimo avait réalisé sa plus mauvaise performance de son histoire en 2018 aux  élections locales, avec un score national de 51,8%.

La CNE doit annoncer lundi les résultats des élections provinciales qui se sont également déroulées mardi.

La Renamo espérait, avant le scrutin, prendre le contrôle de plusieurs des dix provinces du pays. Elle s'est abstenue de tout commentaire officiel depuis mardi.

Le gouvernement et l'ex-rébellion ont signé en août un accord de paix et de désarmement censé mettre un point final à leurs affrontements, récurrents depuis plus de quarante ans. Mais la campagne électorale a ravivé les tensions entre les deux camps et l'opposition accuse aujourd'hui le gouvernement d'avoir violé l'accord de paix en recourant à "la violence".  La Renamo réclame l'annulation du scrutin du 15 octobre.

La mort troublante d'un observateur électoral

A la tête d'un forum d'ONG, Anastacio Matavele, 58 ans, se piquait de vouloir vérifier la régularité des élections générales du 15 octobre au Mozambique. Il en est mort lundi dernier au coin d'une rue poussiéreuse de Xai-Xai (sud), abattu au volant de sa voiture. Une véritable exécution.
 

Le véhicule des tueurs présumés en fuite en a violemment percuté un autre. Deux de ses occupants ont trouvé la mort, deux autres ont été blessés, un cinquième a pris la fuite. Les témoins ont eu vite fait de les reconnaître. Des policiers, membres d'une unité locale d'intervention.

La direction nationale de la police n'a eu d'autre choix que de reconnaître l'identité de ses agents, de suspendre deux officiers et d'ordonner une enquête. En attendant ses résultats, elle se refuse à tout autre commentaire.

"Escadrons de la mort"

Pour le candidat local de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), le principal parti d'opposition du pays, le crime est signé. "Ce gars travaillait pour que l'élection soit transparente", lâche comme une évidence Mouzinho Gama Gundurujo, "alors ils l'ont tué".
 
On sait que les escadrons de la mort existent et que la police mène des opérations spéciales pour faire taire les hommes politiques, les activistes. Elle sert de bras armé au parti au pouvoirMouzinho Gundurujo, candidat local de l'opposition
Le collectif d'ONG auquel appartenait Anastacio Matavele a révélé une série d'irrégularités troublantes dans les listes électorales de la province de Gaza.