Élections aux Pays-Bas : l'extrême droite face au défi de réunir une coalition après sa victoire

Après la victoire de l'extrême droite aux législatives néerlandaises dont l'ampleur a surpris par-delà les frontières, une tâche ardue attend à partir de jeudi 23 novembre son dirigeant  Geert Wilders: convaincre ses rivaux de former une coalition.

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GERT WILDERS

Geert Wilders, chef du parti de la liberté, formation d'extrême droite s'exprime devant ses partisans ce 22 novembre après les premiers résultats des élections législatives.

AP Photo/Peter Dejong
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Son PVV (Parti de la Liberté) a remporté 37 des 150 sièges au Parlement, plus du double que lors du scrutin de 2021, selon des résultats presque complets. Mais la victoire, inattendue, de l'homme politique à la célèbre chevelure peroxydée ne lui assure pas un poste de Premier ministre.

L'alliance gauche-écologistes de Frans Timmermans est, selon ces résultats, deuxième avec 25 sièges (+8), tandis que le VVD (Parti populaire pour la liberté et la démocratie,  centre droit) du Premier ministre sortant Mark Rutte a remporté 24 sièges (-10).

Un brusque virage à droite dans le pays

Surfant sur une crise de confiance envers la politique, le nouveau parti NSC (Nouveau Contrat Social) de Pieter Omtzigt, qui adopte également une ligne dure sur l'immigration, aurait remporté 20 sièges.

La victoire de Gert Wilders, 60 ans, marque un brusque virage à droite dans le pays qui devrait être accueilli avec appréhension à Bruxelles. Le PVV a promis notamment un référendum sur le maintien ou non des Pays-Bas dans l'Union européenne. Les médias néerlandais ont réagi avec stupéfaction à la victoire de M. Wilders, qualifiée de "monstrueuse" par la radiodiffusion publique NOS.

"Personne ne s'y attendait, pas même le vainqueur lui-même", affirme le quotidien Trouw.  Pour le quotidien NRC, il s'agit d'une "révolte populiste de droite" qui ébranlera la politique néerlandaise "jusqu'à ses fondations".

Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban a salué sur X "les vents du changement". Et la cheffe de file du Rassemblement national français Marine Le Pen a félicité Gert Wilders pour sa victoire "qui confirme l'attachement croissant à la défense des identités nationales".

Avant les élections, dont l'issue est restée incertaine jusqu'au bout, les dirigeants des trois autres grands partis avaient assuré qu'ils ne ne participeraient pas à un gouvernement dirigé par le PVV. Ce dernier "ne peut plus être ignoré", a martelé Gert Wilders.

Finalement, le populaire Pieter Omtzigt du NSC s'est dit ouvert aux négociations, tout en concédant que le processus ne serait "pas facile".

"Défendre la démocratie"

Frans Timmermans a, lui, rejeté d'emblée une coalition avec Gert Wilders. "Le moment est venu pour nous de défendre la démocratie", a-t-il déclaré.  "C'est une victoire écrasante et cela instaure une toute nouvelle dynamique", a déclaré à l'AFP Diederick van Wijk, de l'Institut Clingendael. "Un Premier ministre Wilders pourrait être à notre portée", a-t-il ajouté.

"Une période très difficile commence pour les musulmans", a déclaré à l'agence de presse néerlandaise ANP Muhsin Köktas, de l'organisme de contact pour les musulmans et le gouvernement (CMO). La candidate du VVD Dilan Yeşilgöz, laconique à la sortie des urnes après un résultat décevant, a lâché qu'il faudra voir si  Gert Wilders parviendra à forger une coalition.

Surnommé le Premier ministre "Teflon" pour sa capacité à surmonter les scandales, Mark. Rutte a passé plus de 13 ans à la tête des Pays-Bas, un record, et joué un rôle de premier plan à l'international. Il a choqué les Pays-Bas  en juillet en annonçant la chute du gouvernement après des divergences "insurmontables" sur l'immigration, puis son départ de la politique.

Gert Wilders est parfois qualifié de "Trump néerlandais", mais il est en fait entré en politique bien avant l'ancien président américain.

N'hésitant pas à traiter les Marocains de "racailles" ou à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, Gert Wilders a bâti sa carrière en livrant bataille contre ce qu'il nomme une "invasion islamique" de l'Occident. 

Ni ses démêlés avec la justice --qui l'a reconnu coupable d'insultes envers des Marocains-- ni les menaces de mort à son encontre --qui le font vivre sous protection policière depuis 2004-- ne l'ont découragé.

Plus récemment, il a tenté de calmer sa rhétorique populiste et de se concentrer sur d'autres préoccupations des électeurs que l'immigration, comme la crise du coût de la vie. Il s'était également dit prêt à mettre de côté ses opinions sur l'islam pour gouverner.

Mais le manifeste du PVV a conservé son ton xénophobe. Il propose le rétablissement du contrôle aux frontières néerlandaises, la détention et l'expulsion des immigrants illégaux, le renvoi des demandeurs d'asile syriens et la réintroduction des permis de travail pour les travailleurs intra-UE.

Son manifeste dit également que "les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique. Pas d'écoles, de Corans et de mosquées". En matière de politique étrangère, il défend une approche: "les Pays-Bas d'abord".