Élections de mi-mandat aux États-Unis : qui sont ces Républicains qui refusent la démocratie ?

Les élections de mi-mandat du 8 novembre aux Etats-Unis pourraient faire basculer la courte majorité démocrate au Congrès dans le camp républicain. Pour le président Biden, c'est la démocratie qui est en danger, à cause notamment des candidats républicains qui refusent les résultats en cas de défaite, à l'instar de leur mentor Donald Trump. 
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Capitole Washington DC
Photo d'archive. Des partisans armés de Trump se tiennent devant le Washington Governor's Mansion, la résidence officielle du gouverneur de Washington, près du Capitole, Washington DC, 6 janvier 2021.
(AP Photo/Ted S. Warren, File)
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Vingt mois après l'assaut historique des partisans pro-Trump contre le Capitole le 6 janvier 2021 pour dénoncer un soit-disant vol de la victoire du candidat républicain, la démocratie américaine ne s'est toujours remise de ce choc. À quelques jours des élections de mi-mandat, le président américain Joe Biden a tenu un discours pour le moins alarmiste devant des démocrates. "J'aimerais pouvoir dire que l'assaut contre notre démocratie a pris fin ce jour-là. mais je ne peux pas".

Il y a des candidats qui se présentent à tous les échelons de l'administration américaine (...) qui refusent de s'engager à accepter les résultats des élections auxquelles ils sont candidats

Joe Biden, président des Etats-Unis

Le pays organise ses premières élections depuis l'assaut du Capitole. Non seulement l'ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants ainsi qu'un peu plus d'un tiers de la centaine de membres Sénat (35 sièges) sont en jeu, mais aussi plusieurs autres élections de gouverneurs, shériffs ou autres fonctions électives.

"Il y a des candidats qui se présentent à tous les échelons de l'administration américaine (...) qui refusent de s'engager à accepter les résultats des élections auxquelles ils sont candidats"

Pour Biden, "cela ouvre la voie au chaos en Amérique". Et pour cause, de nombreux candidats républicains se préparent à refuser les résultats. Ils seraient près de 300 "deniers", ceux qui nient les résultats selon le président Biden. Quels sont les arguments avancés par ces Républicains qui doutent de la démocratie électorale américaine et sont prêts à la fouler aux pieds ? 

Le mythe de la présidentielle volée

La matrice de cette vague de refus est liée à l'accusation sans preuve de l'ancien président Trump d'avoir été volé de sa victoire à la dernière présidentielle. Un mensonge qui s'est pourtant enraciné dans l'électorat républicain, mais aussi au sein des candidats du parti. Selon The Washington Post, "une majorité de candidats républicains doutent ou rejettent les résultats de l'élection de la présidentielle de 2020". On les retrouve dans toutes les régions et quasiment dans chaque Etat. Sur les quelque 300 inscrits sur les bulletins de vote, 171 sont sûrs de gagner et 48 seront en ballotage serré.

Un des cas les plus emblématiques est celui de Kari Lake, candidate au poste de gouverneur de l'Arizona. Adoubée par Donald Trump, cette ancienne présentatrice de la chaîne conservatrice Fox News répond à la question si elle accepterait sa défaite  : "je vais gagner l'élection et j'accepterai ce résultat".

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La dénonciation de la machine à voter

Là encore, le doute sur la fiabilité des machines à voter émane de Donald Trump lui-même. L'ex-président républicain et ses alliés ont en particulier critiqué les matériels de vote utilisés pour enregistrer et compter les voix, en affirmant notamment que des logiciels avaient été conçus à l'étranger.

En conséquence, deux comtés ruraux dans deux Etats-clé que sont l'Arizona et le Nevada ont autorisé le retour au comptage manuel des suffrages. Pourtant, selon certaines études les comptages électroniques sont plus fiables. "Les machines de comptage fournissent exactitude, efficacité et rapidité au processus de traitement des voix", souligne Gregory Miller, cofondateur de l'organisation OSET Institute, une ONG qui renforcer la démocratie en renforçant la confiance en les outils et technologies de vote. Selon lui, le comptage manuel fait planer le risque d'un "chaos provoqué".

Le vote par correspondance mis à l'index

Autre cible privilégié des extrémistes républicains, le vote par correspondance matérialisé par une boîte de collecte dans laquelle il faut déposer son enveloppe avec son bulletin. L'ancien président Donald Trump avait toujours dénoncé, sans aucune preuve, que les Démocrates lui avaient volé son élection dans certains Etats grâce au vote par correspondance. Plusieurs dizaines de millions d'Américains avaient voté par ce biais lors de la dernière présidentielle, une pratique plus répandu dans l'électorat démocrate.

Le dépouillement prenant plus de temps, le décompte avait parfois renversé l'avance provisoire du candidat républicain qui avait d'ailleurs demandé l'arrêt de ce décompte sous prétexte qu'il donnerait lieu à de la fraude généralisée. les accusations de fraude par le vote par correspondance sont alimentées par des théories du complot selon laquelle des "mules" chargeraient frauduleusement ces boîtes en les bourrant de plusieurs bulletins à la fois.

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La violence criminelle s'invite dans la campagne des élections de mi-mandat

S'agit-il d'une conséquence directe de ce climat politique délétére dans le camp républicain, dont une grande partie a basculé dans l'extrémisme, nourri de complotisme et de désinformation ? L'attaque lancée le 28 octobre par un homme au domicile de la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, s'est soldée par une fracture au crâne de son mari à coup de marteau par l'agresseur qui voulait s'en prendre à son épouse absente. Lors de son attaque, le suspect âgé de 42 ans projetait de "briser les rotules" de la parlementaire si elle n'avouait pas les "mensonges" du camp démocrate, selon les premiers éléments de l'enquête. Loin de condamner fermement cette agression, l'ancien président Donald Trump ne s'est exprimé que deux jours après en la qualifiant de "chose terrible", au détour d'un commentaire.