Fil d'Ariane
Kyriakos Mitsotakis est donné favori aux élections législatives qui ont lieu ce 21 mai en Grèce. Il devance son prédécesseur, Alexis Tsipras, Premier ministre jusqu'en 2019.
Kyriakos Mitsotakis pendant son meeting devant l'Acropole le 19 mai 2023
Le Premier ministre sortant de droite, Kyriakos Mitsotakis, part favori des élections législatives de ce 21 mai en Grèce dont l'issue pourrait toutefois le contraindre à un nouveau scrutin faute de majorité stable.
Face à lui, le dirigeant de la gauche Syriza, Alexis Tsipras, veut reprendre les rênes du pays après un premier mandat de 2015 à 2019 marqué par un bras de fer avec l'Union européenne puis la capitulation lors de houleuses négociations pour sauver la Grèce du marasme financier.
La campagne électorale, jugée atone, s'est achevée vendredi soir lorsqu'au pied de la colline de l'Acropole, Kyriakos Mitsotakis, 55 ans, a demandé aux électeurs un nouveau mandat de quatre ans pour poursuivre l'édification d'une "nouvelle Grèce".
Au même moment, son rival Alexis Tsipras a prédit la fin du "cauchemar" dimanche et accusé le gouvernement d'avoir mené une politique économique qui a conduit à ce que "la classe moyenne vive avec des coupons" alimentaires.
Depuis des mois, les sondages accordent une avance confortable au dirigeant conservateur de Nouvelle-Démocratie (ND), entre 5 et 7 points.
ND est ainsi créditée de 32,7% des intentions de vote, Syriza de 26%, selon un sondage de la société Arco jeudi. En troisième position, le parti socialiste Pasok-Kinal pourrait récolter 8,3% des suffrages.
Un électeur grec dans un bureaux de vote d'Athènes le 21 mai 2023
Mais un tel score pour la droite ne lui permettrait pas de gouverner seule. Or Kyriakos Mitsotakis a exclu de former une coalition, dans un pays dont la culture politique ne repose pas sur le compromis.
Alexis Tsipras, 48 ans, a déjà fait des appels du pied au dirigeant du Pasok-Kinal, Nikos Androulakis, mais celui-ci a formulé des exigences.
En cas d'impossibilité de former un attelage gouvernemental, ce que nombre d'analystes prédisent, un nouveau scrutin devra être convoqué fin juin ou début juillet.
En tournée électorale de la Crète à la frontière turque, M. Mitsotakis, omniprésent à la télévision, n'a cessé de brandir son bilan économique. Chômage en baisse, croissance de près de 6% l'an dernier, retour des investissements et envolée du tourisme, l'économie a repris des couleurs après les années de crise aiguë et de plans de sauvetage européens.
Mais la baisse du pouvoir d'achat et les difficultés à boucler les fins de mois restent les principales préoccupations d'une population qui a consenti de douloureux sacrifices ces dix dernières années.
De nombreux Grecs doivent se contenter de bas salaires et ont perdu confiance dans des services publics réduits à peau de chagrin après des cures d'amaigrissement drastiques.
Le pays ploie toujours sous une dette publique de plus de 170% de son PIB.
"La vie, en particulier pour les jeunes, est très difficile", déplore ainsi Dora Vassilopoulo, une Athénienne de 41 ans, énumérant "le niveau élevé du chômage, l'absence de perspectives professionnelles et des salaires qui fondent dès le milieu du mois".
"On va de mal en pis. Nous travaillons juste pour survivre", renchérit Giorgos Antonopoulos, 39 ans, employé dans un magasin de Thessalonique, la deuxième ville du pays.
Fin février, la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts a réveillé la colère qui ronge la Grèce depuis la crise et déclenché des manifestations contre le gouvernement conservateur accusé de négligences en matière de sécurité sur le réseau ferré.
Fils d'un ancien Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis se voit aussi reprocher un scandale d'écoutes téléphoniques illégales visant des responsables politiques et des journalistes.
En mars, le Parlement européen a dénoncé des "menaces sérieuses à l'Etat de droit et aux droits fondamentaux" en Grèce, selon l'eurodéputée néerlandaise Sophie in't Veld.
La Grèce, lanterne rouge de l'UE en matière de liberté de la presse dans le classement annuel de Reporters sans frontières, est aussi régulièrement accusée de refouler des migrants vers la Turquie.
Vendredi, le quotidien New York Times a publié une vidéo attestant de telles pratiques illégales qu'Athènes nie avec véhémence.