427 millions de citoyens européens élisaient leurs eurodéputés ce dimanche 26 mai. Et rarement le paysage politique du Parlement européen aura été autant bouleversé. Les deux grands partis qui dominaient l'assemblée européenne ne sont plus majoritaires. Les Verts enregistrent une percée. Les libéraux constituent une troisième force. L'extrême droite confirme son ancrage dans de nombreux pays. Retour sur les enseignements de ce scrutin.
Rarement un scrutin européen aura suscité autant d'intérêt. En France, par exemple, le taux de participation s'est élevé à 50,12% contre 42,43% lors des dernières élections européennes en 2014. Une mobilisation qui semble avoir eu son effet sur les résultats.
Un parlement européen bouleversé
Le paysage politique du Parlement européen, longtemps dominé par deux formations - le parti populaire européen de centre droit et les sociaux-démocrates - est rebattu. En 2014, le
Parti populaire européen avait gagné les élections et avait pu imposer son candidat à la tête de la Commission européenne. Rien de tout cela en 2019. Désormais aucun parti ne semble dominer la chambre.
Les libéraux deviennent la troisième force politique du Parlement européen. Le PPE reste le premier parti mais recule fortement.
Les écologistes opèrent une percée.
Les chrétiens-démocrates du PPE reculent de 43 sièges mais restent la plus grande famille politique au sein du Parlement européen avec 173 sièges.
Manfred Weber, leader du PPE, candidat à la présidence de la Commission européenne, reconnaît que ces élections ne sont pas "satisfaisantes" pour le Parti populaire européen : "Le PPE ne s'alliera pas avec un parti eurosceptique. (...) Il sera difficile de constituer une majorité sans que tous les partis attachés à l'UE travaillent ensemble", selon lui. "Il faut que les sociaux démocrates, les libéraux, les Verts et le PPE travaillent ensemble. Les Verts sont les grands gagnants de ce scrutin".
Les socialistes et démocrates du S&D arrivent donc en deuxième position avec 147 sièges, soit 38 de moins que lors de la précédente législature. Le groupe libéral de l'ALDE, allié à la liste Renaissance (LREM du président français Emmanuel Macron), empoche quant à lui 102 sièges.
Qui sera le futur président de la Commission ?
Margrethe Vestager, leader du groupe libéral, n'a pas pu s'empêcher de lâcher un "c'est magnifique" (en français dans le texte). La commissaire danoise à la concurence pourrait se positionner comme une sérieuse candidate à la présidence de la Commission.
Le choix du candidat à la Commission européenne sera ardu. Le principe du « Spitzenkandidat », qui instaurait de facto comme président de la Commission , le leader du premier groupe parlementaire semble être remis en cause par l'échec des deux grandes formations politiques que sont les sociaux-démocrates et les conservateurs.
Les Verts sont crédités de 71 sièges, soit 19 de plus qu'en 2014. C'est une vraie poussée verte sur le continent avec des percées en France, Belgique, Allemagne ou Finlande. L'extrême droite voit le nombre de ses parlementaires progresser. Le groupe Europe des Nations et des Libertés où siège la formation de Marine Le Pen progresse de 20 sièges. Un bloc europhobe autour de Salvini et de Marine Le Pen pourrait se constituer.
Les premiers résultats pays par pays
L'Allemagne, pays qui envoie le plus d'eurodéputés au Parlement européen, a voté. La coalition de la chancelière Angela Merkel arrive en tête mais à un plus bas historique avec seulement 28% des voix. Les Verts s'envolent avec près de 22% des voix. Les écologistes deviennent la deuxième formation politique du pays devant les sociaux-démocrates du SPD qui s'effondrent à 15% des votes. L'AFD, parti d'extrême-droite poursuit sa progression avec 10,7% des suffrages exprimés.
En Hongrie, le Premier minsitre nationaliste Viktor Orban a remporté les élections européennes avec 56% des voix. L'opposition est laminée.
En Autriche, les premières projections donnent une victoire au parti du chancelier conservateur Sebastian Kurz avec 35% des voix. Touchés par le scandale de l'Ibizagate, ses anciens partenaires de coalition du FPÖ reculent d'un peu plus de deux points à 19,7%. Les sociaux-démocrates (SPÖ) accusent un recul d'un demi-point, à 24,1%.
En Grèce, la gauche du Premier ministre grec Alexis Tsipras a été lourdement sanctionnée, devancée de plus de 8 points par le principal parti d'opposition, selon des sondages sortis des urnes. Le parti conservateur, la Nouvelle Démocratie (ND), remporterait 33,5% des votes, devant le parti gouvernemental Syriza qui réunirait 25% des suffrages sur son nom, selon des sondages sortis des urnes. Le parti néonazi d'Aube Dorée n'obtiendrait que 4,5% des suffrages, en baisse de près de 5 points par rapport aux élections de 2014.
En Italie, la liste du parti de Mateo Salvini est créditée entre 27 et 31 % selon les sondages sortie des urnes de la Rai.
Le mouvement 5 étoiles est crédité entre 18 et 22, 5%. Le centre gauche dépasse les 21% avec le Parti démocrate. C'est une victoire historique pour la Ligue de Salvini qui dépasse les 30%. Une victoire personnelle pour Salvini face à Luigi di Maio son concurrent populiste du mouvement 5 étoiles.
En Espagne, le Parti socialiste espagnol est arrivé nettement en tête des élections européennes. La formation du Premier ministre, Pedro Sanchez, réunirait ainsi 30,3 % des suffrages. En deuxième position, on trouve les conservateurs du Parti populaire (PP), qui obtiendraient 19,5 % des votes, et perdraient 9 points par rapport à 2014. Derrière, les centristes de Ciudadanos obtiendraient autour de 14,2 %, et la gauche radicale de Podemos 11,8 %. Le parti d’extrême droite Vox, quant à lui, obtiendrait 8,2 % des voix et confirme sa percée.
Le match français
Les premières estimations donnent
le Rassemblement national de Marine Le Pen devant la liste Renaissance issu du parti politique du président français Emmanuel Macron. La formation de Marine Le Pen obtient 23.3% des voix contre 22.4 % pour la liste Renaissance du parti présidentiel.
Percée des écologistes avec 13.5% des voix.
Emmanuel Macron n'a "
d'autre choix au minimum que de dissoudre l'Assemblée nationale en faisant le choix d'un mode de scrutin plus démocratique et enfin représentatif de l'opinion réelle du pays", estime Marine Le Pen. La présidence parle, elle, d'un "
score honorable" pour le parti présidentiel.
La liste des
Républicains s'effondre avec 8,5%. Laurent Wauquiez a du mal à reconnaître sa sa défaite. Emmanuel Macron a été "
l'artisan de la progression" du RN, arrivé en tête des européennes dimanche, a affirmé dimanche le président des Républicains, Laurent Wauquiez, dont la liste est arrivée quatrième. La "
reconstruction sera longue et exigeante", a t-il concédé.
La liste du parti socialiste, qui dépasse les 6,2%, et la France insoumise, avec 6,3 %, enregistrent un échec électoral.
Le scrutin belge
Les premiers résultats des élections européennes belges semblent confirmer deux tendances qui se dessinent sur le continent : une
percée des écologistes et une progression de l'extrême droite avec les résultats du parti Ecolo en Belgique francophone et du Vlaams Belang en Flandre.
Les Belges élisent 21 eurodéputés.
Crédité d'une percée en Flandre, le Vlaams Belang obtient 12% des voix. Les écologistes flamands et francophones dépassent les 14% à eux deux.
Quid du Royaume-Uni à l'heure du Brexit ?
Au Royaume-uni,
le Parti du Brexit de Nigel Farage est en tête selon une projection de la BBC avec 31% des voix. Les libéraux démocrates, europhiles, atteignent la barre des 20 %. Les écologistes obtiennent 12%. Les conservateurs de Theresa May, incapables de s'accorder sur un accord sur le Brexit, s'effondrent avec 9,1 % des voix. Le Labour réalise un mauvais score avec 14 pour des cent des voix.
Si le parti de Nigel Farage arrive en tête, les deux formations europhiles, les libéraux et les Verts, lui font face avec un résultat conjugué équivalent. Le pays reste divisé en deux blocs, ceux des pro et anti Brexit.