Fil d'Ariane
Dimanche 26 septembre, les 60,4 millions d'Allemands en âge de voter sont appelés à renouveler les députés du Parlement fédéral allemand, le Bundestag. Ces parlementaires seront chargés ensuite d’élire celle ou celui qui succèdera à Angela Merkel, la chancelière, à la tête de l'Allemagne depuis 2005. Comment fonctionnent ces élections qui allient scrutin majoritaire et proportionnel ? Voici la réponse.
Les candidats favoris à la succession d'Angela Merkel, Olaf Scholz des sociaux-démocrates, Anna-Lena Baerbock des Verts et Armin Laschet des chrétiens démocrates, à gauche.
Le système électoral allemand est complexe. Il l'est notamment parce que l’Allemagne est une république fédérale composée de 16 Länder, 16 régions qui ont des pouvoirs étendus, des compétences très larges: police, éducation, aides sociales, environnement ou encore culture. Cette organisation rend le processus de vote moins direct qu’en France par exemple, où le mode d’organisation administratif, même s'il existe aussi des régions, est plus centralisé au niveau national.
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À l’issue de ce week-end, 60,4 millions d’électeurs allemands éliront les 598 députés qui siègeront au Bundestag, le Parlement fédéral allemand, pendant les quatre prochaines années. L’ensemble des députés n’est cependant pas élu de la même manière.
La première moitié, de 299 députés, est élue par un scrutin majoritaire direct. Chaque électeur vote pour un représentant de sa circonscription, affilié à un parti, qui, s’il récolte la majorité des voix dès le premier tour, est élu directement au Parlement.
La deuxième moitié, de 299 députés aussi, est élue via un scrutin dit proportionnel. Le même jour, les Allemands sont aussi appelés à voter pour la liste d'un parti qu’ils aimeraient voir siéger au Parlement. Ces listes sont proposées à l’échelle de chaque Land. Plus un parti reçoit de voix lors de ce scrutin proportionnel, plus il aura de membres au Parlement. Ce vote est très important car il détermine l'équilibre des forces politiques au Bundestag.
Pour qu’un parti puisse entrer au Bundestag, il faut qu’il puisse rassembler au moins 5% des voix du deuxième vote au niveau national. Cette règle est appliquée afin de limiter les partis très minoritaires et les impasses législatives.
Cette spécificité politique peut cependant mener à différents scénarios : si un parti remporte plus de sièges par la voie directe que par la proportionnelle, on peut accorder des mandats supplémentaires et le nombre de sièges au Parlement est alors augmenté.
L’effectif est d’ailleurs en hausse constante : en 2009, il était de 622, en 2013, 631, et en 2017, 709.
Une fois les députés élus, ceux-ci sont chargés de former un gouvernement. L’obtention d’une majorité absolue étant très rare (ce n’est pas arrivé depuis 1957), les partis doivent alors former des coalitions. Et ce n'est pas toujours celle auxquelles on s'attend.
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Exemple, en 2017, une coalition « Jamaïque » - en référence au drapeau de l’île des Caraïbes - devait gouverner l'Allemagne : noir pour les chrétiens-démocrates (CDU) et chrétiens-sociaux (CSU) (ils avaient récolté 33% des voix), le jaune des libéraux (FDP) (10,7% des suffrages) et le vert des écologistes (Die Grünen) (9%). Les négociations ont échoué. Au final, la CDU-CSU s'est entendu avec le SPD (parti social-démocrate) pour former la « grande coalition », au pouvoir ces quatre dernières années.
Une fois l’accord de coalition trouvé, les élus du Bundestag élisent un chancelier ou une chancelière pour 4 ans. Il ou elle est souvent issu du parti arrivé en tête des élections. Le chancelier, qui est aussi le chef du gouvernement, se doit ensuite de nommer les ministres. Le Bundestag exerce un pouvoir législatif. Pendant 4 ans, les députés ont le pouvoir de voter de nouvelles lois et de contrôler le gouvernement.