Ce sont des résultats serrés qui marquent la fin de l'ère Merkel. Les sociaux-démocrates du SPD et leur chef de file Olaf Scholz ont remporté d'une courte tête ce dimanche 26 septembre les élections fédérales. Près de 25, 7 % des voix se sont portées sur le SPD, contre 24, 1 % pour les conservateurs emmenés par Armin Laschet. Aucune majorité parlementaire ne se dégage pour l'instant.
Les conservateurs allemands n'étaient jamais tombés sous le seuil de 30%. Il s'agit d'un cuisant revers pour le camp de la chancelière Angela Merkel, au moment où elle doit prendre sa retraite politique. Les deux camps revendiquent la victoire. Ils se disent en capacité de former le futur gouvernement de l'Allemagne fédérale. Les tractations s'annoncent difficiles.
"La partie de poker commence"
Dès ce lundi 27 septembre, les directions des différents partis susceptibles d'entrer dans une future coalition se réunissent à Berlin et devraient donner des indications sur les alliances qu'elles envisagent. Tout reste à faire dans le pays car en Allemagne ce ne sont pas les électeurs qui élisent directement le chef du gouvernement mais les députés, une fois une majorité constituée.
Cette dernière est cette fois particulièrement compliquée à constituer car elle devra probablement réunir trois partis, du jamais vu depuis les années 1950.
"Tout dépendra du choix des Verts et des Libéraux, ils se trouvent en position de faiseurs de rois", constate David Philippot, notre correspondant à Berlin.
La partie de poker commence. Après le vote, les questions essentielles restent ouvertes : qui sera chancelier? Quelle coalition va gouverner le pays à l'avenir ?
Magazine Der Spiegel
Risque de paralysie politique
À l'issue du précédent scrutin de 2017, il avait déjà fallu six mois aux partis pour trouver un gouvernement droite-gauche, entraînant dans l'intervalle une paralysie politique en Allemagne, notamment sur les questions européennes.
Tant le SPD que le centre droit ont dit viser une conclusion cette fois avant Noël. Y parviendront-ils? La Bourse de Francfort, qui a ouvert en hausse de plus de 1% lundi matin, semble y croire.
Mais
"l'Allemagne prendra la présidence du G7 en 2022", a mis en garde M. Laschet, et c'est pourquoi un nouveau gouvernement doit
"venir très rapidement".Durant toute les tractations de coalition, Angela Merkel se contentera d'assurer les affaires courantes, sans pouvoir lancer de grandes initiatives.
Selon un sondage de YouGov , une majorité des électeurs favorise une coalition entre centre gauche, écologistes et libéraux. Et 43% d'entre eux estiment qu'Olaf Scholz doit devenir le prochain chancelier de la première économie européenne.
Pour Paul Maurice, chercher au Comité d'études des relations franco-allemandes à l'IFRI
"on est dans un paradoxe qui est lié aussi à l'éclatement du système politique allemand et du système partisan allemand".
Deux petits partis en position de "Faiseurs de roi "
Tout dépendra donc du bon vouloir de deux petits partis, qualifiés lundi par le quotidien Bild de
"faiseurs de roi".Le chef des libéraux du FDP Christian Lindner a d'ailleurs estimé dimanche qu'il serait
"souhaitable" pour son parti et les écologistes
"de discuter d'abord entre eux" avant de décider s'ils s'allient avec les conservateurs ou les sociaux-démocrates.
Pour les sociaux-démocrates, les semaines à venir auront valeur de test.
Pendant toute la campagne, le plus vieux parti d'Allemagne a mis en sourdine ses légendaires disputes entre ailes gauche et centriste pour soutenir sans faille son chef de file, ministre des Finances actuel d'Angela Merkel.
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