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Ce jeudi 7 mai, les Britanniques sont appelés aux urnes pour élire leurs nouveaux députés. De ces élections législatives (General élections) dépendra la nomination du prochain Premier ministre. Qui se présente ? Comment se déroule le scrutin ? Explications.
Un balayeur devant le 10 Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre anglais à Londres.
Ce scrutin s’annonce très serré entre les principaux partis politiques en lice. Les conservateurs (Tories) emmenés par le Premier ministre sortant David Cameron et les travaillistes (Labour Party) d’Ed Miliband, sont au coude à coude dans les sondages. Chacun pourrait remporter 35% des suffrages, selon les derniers des sondages menés par The Guardian. Les résultats seraient les plus serrés depuis 41 ans.
Après une campagne qui s’est terminée ce mercredi 6 mai à minuit, les deux principaux candidats réussiront-ils à faire mentir les sondages pour remporter plus largement le scrutin ? S’ils n’y parviennent pas, la composition du gouvernement dépendra d’alliances politiques avec les plus petits partis qui se négocieront au lendemain du scrutin. Qui vote, comment, pour qui, pour quoi ? Réponses.
Quelque 46 millions de Britanniques sont appelés aux urnes ce jeudi 7 mai pour de nouvelles élections législatives. Ils doivent élire leurs 650 députés afin de renouveler la Chambre des Communes, l'une des deux assemblées, avec la Chambre des Lords composée de membres cooptés, qui constituent le Parlement britannique. Du résultat de ce vote dépendra également le nom du prochain locataire du 10 Downing Street.
Tous les cinq ans, les 650 députés de la Chambre des communes sont élus au suffrage universel direct lors d’un scrutin uninominal à un tour (« first past the post »). Cela signifie qu’à l’issue de l’élection, seul le candidat qui remporte le plus grand nombre de voix gagne le siège de député de sa circonscription. Les électeurs doivent choisir cette année parmi plus de 3 900 candidats qui représentent chacun un parti.
Pour remporter les élections législatives, un parti doit obtenir la majorité absolue : soit 326 sièges sur les 650. Il peut alors proposer sa composition du gouvernement et le dirigeant de ce parti vainqueur devient Premier ministre.
Si aucun parti candidat n’atteint cette majorité absolue et qu’il n’y a donc pas de vainqueur clair (« Hung parliament »), la donne change. Le parti qui arrive en tête des résultats devra nouer des alliances avec une ou plusieurs petites formations politiques pour proposer son nouveau gouvernement. (Lire ci-dessous)
En 2010, le Parti conservateur du Premier ministre sortant David Cameron, n’avait pas obtenu cette majorité absolue aux dernières législatives. Il avait donc dû former une coalition avec les Libéraux-démocrates emmenés par Nick Clegg, vice-Premier ministre.
Dans le cas d’une victoire à majorité absolue d’un parti, son chef peut donc former seul son gouvernement et accéder au poste de Premier ministre.
Mais, selon les derniers sondages, il est fort probable que les élections législatives du 7 mai ne permettent pas à un parti de dégager une nette majorité.
Conservateur ou travailliste rallierait chacun seulement un peu plus d’un tiers des voix. Le reste se répartirait entre les différentes petites formations politiques. David Cameron et Ed Miliband devront sûrement se trouver des alliés pour former un « gouvernement de coalition » ou un « gouvernement minoritaire » comme en 1974 et en 1997. Ce n’est pas le parti ayant obtenu le plus de voix qui peut former son gouvernement en priorité. Le futur Premier ministre doit avant tout disposer d’une majorité obtenue avec plus ou moins d’alliés.
Les conservateurs pourraient ainsi s’allier aux Libéraux-démocrates, très anti-européens, UKIP et le parti unioniste irlandais (DUP). Quant aux travaillistes, ils pourraient obtenir le soutien des indépendantistes écossais (SNP) ainsi que des Verts et du Plaid Cymru (gallois).
Le Premier ministre ayant réuni sa majorité devra soumettre son gouvernement au vote de confiance du Parlement lors de l’ouverture officielle du Parlement (« The State Opening of Parliament ») le 27 mai prochain.
C’est à cette occasion que la reine fait le déplacement du palais de Buckingham jusqu’au Parlement où sont réunies les deux chambres pour y prononcer un discours (« Queen’s speech ») dans lequel elle annonce la politique à venir du gouvernement pour la session parlementaire qui s'ouvre. Même s’il est prononcé par la reine, le contenu du discours est établi par le gouvernement.
Si le gouvernement présenté par le Premier ministre obtient la majorité, il est ensuite officialisé par la reine. Dans le cas contraire, le Premier ministre devra démissionner et la reine pourrait demander à son adversaire de former un autre gouvernement dans les quatorze jours. Autre solution : une nouvelle élection peut être organisée « Fresh election », au cours de laquelle les électeurs ne votent que pour un seul nom afin de désigner le futur Premier ministre.
Actuellement, la Chambre des Communes se partagent principalement entre les conservateurs (302 sièges) et les travaillistes (256 sièges). Puis viennent les Libéraux-démocrates avec 56 sièges.
Mais la donne pourrait changer avec ces nouvelles élections. Les indépendantistes écossais du SNP et le parti xénophobe Ukip pourraient bien remporter plus de voix qu’en 2010.
A 48 ans, le Premier ministre sortant brigue un deuxième mandat. En mai 2010, il obtient une faible victoire qui l’oblige à former une coalition avec les Libéraux-démocrates (LibDem). Il met fin à 13 ans de pouvoir travailliste au 10 Downing Street (domicile du Premier ministre).
L’une de ses promesses les plus fortes pour ce nouveau scrutin : la tenue d’un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
>> Lire notre article : Royaume-Uni, David Cameron ou la reprise économique en trompe-l'oeil.
A 45 ans, il est à la tête du Labour Party depuis 2010. Une victoire qu’il a obtenue après une lutte au sommet avec son frère aîné David. Avec cette nouvelle campagne, il comble son déficit de popularité et se retrouve au coude à coude avec les conservateurs.
Pendant cinq ans, le vice-Premier ministre de David Cameron a formé une coalition avec les conservateurs propulsant son parti au gouvernement pour la première fois depuis 1920. Mais ce mariage forcé a aussi entraîné une fuite de ses électeurs et une chute de la popularité du parti de 23% à 8%. Nick Clegg, europhile, compte participer au prochain gouvernement.
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La nouvelle Première ministre écossaise de 44 ans est à la tête d'un parti dont l'essor intervient huit mois après le référendum manqué sur l'indépendance de l'Ecosse. Le SNP pourrait rafler une cinquantaine de sièges en Écosse (contre 6 aujourd'hui au Parlement) dans le fief traditionnel des travaillistes auxquels Nicola Sturgeon a tout de même proposé son soutien afin de "chasser" Cameron.
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