Pauline Marois (PQ) pourrait devenir la première femme cheffe de gouvernement au Québec.
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La campagne électorale entre dans son dernier droit au Québec. Tous les sondages donnent en tête les souverainistes du Parti Québécois devant la toute jeune Coalition Avenir Québec, et surtout devant le Parti libéral du Premier ministre Charest, au pouvoir depuis 9 ans. Mais il reste encore au moins 15% d'indécis… Et si victoire il y a pour le Parti Québécois, elle pourrait ne pas être suffisante pour former un gouvernement majoritaire...
Depuis le premier août, ce qui se confirme, c’est l’élan de la Coalition Avenir Québec, ce parti fondé l’an dernier par un ex homme d’affaires et ex membre du Parti Québécois, François Legault. Ce parti qui s’ancre plutôt sur la droite de l’échiquier politique a rapidement pris son envol dans la campagne électoral en allant chercher surtout des électeurs du côté du Parti libéral qui lui, a baissé continuellement dans les sondages. Les Libéraux de Jean Charest ont beaucoup de difficultés à faire le plein de vote chez les Francophones. Dans un dernier effort pour rameuter dans le sillon libéral les Francophones qui sont sur le point de tomber dans les bras des sirènes caquistes – c’est ainsi que l’on appelle les partisans de la Coalition Avenir Québec -, le premier ministre Charest a, au cours des derniers jours, promis de raffermir la fameuse loi 101, la loi qui protège la langue française au Québec, en la faisant appliquer dans les institutions fédérales où elle n’est pas en vigueur. Sauf que cette déclaration n’a pas vraiment eu l’effet escompté chez les Francophones, et surtout, elle a fait frémir la communauté anglophone, qui est la base électorale des Libéraux dans l’ouest et le nord de l’île de Montréal surtout. Jean Charest a donc rapidement fait marche arrière sur cette mesure. Un coup d’épée dans l’eau en quelque sorte...
Les libéraux en mauvaise posture
Jean Charest ne parvient pas à faire décoller le Parti libéral. Sa retraite politique s'annonce imminente...
Ce qui est sûr, c’est que les choses ne vont pas bien pour les troupes de Jean Charest que l’on dit même menacé dans son propre comté, celui de Sherbrooke, une région à l’est de Montréal. Le premier ministre pensait avoir un bon momentum en déclenchant ces élections en plein été et avant la tenue des audiences de la Commission d’enquête publique sur les scandales de corruption et de collusion qui minent l’industrie de la construction au Québec depuis des années, des audiences de témoins importants qui pourraient éclabousser le Parti libéral. Jean Charest croyait également que la rentrée dans les collèges et les universités allait se faire dans le désordre avec la contestation étudiante qui se poursuivrait et il avait l’intention de se servir de cette agitation pour incarner l’ordre et le respect des lois dans la province. Peine perdue, les étudiants sont, dans leur très grande majorité, sagement rentrés dans leurs salles de classe, évitant ainsi le piège de servir les intérêts électoraux des Libéraux et déjouant la stratégie du premier ministre. A voir d’ailleurs si les jeunes iront mardi porter dans les urnes leur mouvement de protestation du printemps dernier.
Si les Libéraux confirment la troisième place que leur prédisent les sondages, ils ne pourront pas former l’opposition officielle, ce qui serait historique pour ce parti qui existe depuis un siècle et qui est LE parti du pouvoir au Québec. Et nul doute que les Libéraux se chercheront… un nouveau chef !
Campagne défensive pour les “Péquistes“
Une affiche de campagne du Parti québécois
La prudence semble avoir été le mot d’ordre de la campagne de Pauline Marois. La cheffe du Parti Québécois a tenté tant bien que mal de glisser le moins possible sur les peaux de banane régulièrement jetées sur son chemin par ses adversaires politiques, en particulier sur la tenue d’un prochain référendum sur la souveraineté du Québec. La cheffe péquiste a alors tenté de ménager la chèvre et le chou : oui, le Parti Québécois est là pour faire la souveraineté du Québec mais elle s’est bien gardée de préciser QUAND pourrait se tenir ce fameux référendum. Des rumeurs de départs précipités de citoyens de la province advenant une victoire péquiste courent également sur internet, mais on ne prévoit pas du tout de vague de départs de l’ampleur de celle qui a suivi la prise de pouvoir du Parti québécois lors des élections de 1976. Le Parti Québécois est certes en tête dans les intentions de vote mais il n’a pas réussi à augmenter les pourcentages dans les sondages. On dirait qu’il a fait le plein de votes et qu’il n’arrive pas à séduire davantage d’électeurs. Ce qui risque d’ailleurs d’être insuffisant pour remporter assez de sièges afin de former un gouvernement majoritaire. Pauline Marois pourrait par contre devenir mardi soir la PREMIÈRE FEMME PREMIÈRE MINISTRE DU QUÉBEC, une victoire qui serait historique donc et une victoire personnelle aussi pour cette politicienne d’expérience dont, encore en janvier dernier, le leadership était remis en cause par des militants de son parti. Elle n’a pas quitté le navire en pleine tempête et s’est accrochée à son poste alors que personne ne donnait cher de sa peau. Une peau qu’elle joue définitivement cette fois-ci, ces élections, elle doit les gagner, sinon, elle aussi sera sur la voie du départ.
Et le gagnant (pour l'instant) est !...
L'apparition de la CAQ de François Legault a bouleversé la donne politique traditionnelle
François Legault ! A la tête d’un parti tout neuf, il promet aux Québécois de faire le ménage dans les instances gouvernementales et les mœurs politiques québécoises présument corrompues. La Coalition Avenir Québec séduit les électeurs de la région de Québec, la capitale, et dans la grande banlieue montréalaise. Mais elle ne perce pas sur l’île de Montréal, ce qui est indispensable pour remporter des élections au Québec. Et le parti ne séduit pas non plus l’électorat féminin. Il reste que comme première participation à des élections, ce nouveau parti, qui a attiré des candidatures de prestige issus de différents domaines, a surpris tout le monde. Et même si François Legault a lui aussi fait quelques gaffes, comme les autres chefs d’ailleurs, son parti vient de faire une entrée remarquée dans l’arène politique en devenant un joueur tout aussi important que les deux autres principaux partis. Un joueur avec lequel il faudra dorénavant compter. Un joueur qui a de fortes chances de devenir l’opposition officielle.
Record du vote par anticipation
Dimanche et lundi derniers s’est tenu le vote par anticipation et plus de 900 000 Québécois, soit plus de 15% des électeurs inscrits sur les listes électorales, s’en sont prévalus. Un record. Annonciateur d’une participation massive mardi ?