De gauche à droite, François Legault, Jean Charest, Pauline Marois et Françoise David
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C’était un baptême pour deux d’entre eux, le chef de Coalition Avenir Québec François Legault et celle qui représentait le parti Québec solidaire, Françoise David. C’était aussi un débat où pour la première fois deux femmes participaient, Mme David et Pauline Marois, la cheffe du Parti québécois. Ce débat avec quatre chefs était aussi une première, tout comme le fait que deux des débatteurs, François Legault et Françoise David sont des non-élus. Au-delà de ces premières, ce débat des chefs va-t-il avoir un impact sur la suite de la campagne électorale en cours ? Pas sûr…
Françoise David, la leader de Québec solidaire
Bonne performance de Françoise David, de Québec solidaire
Il n’y a pas eu de moments forts, d’envolées verbales, de prises de bec virulentes ni de petites phrases assassines ou de gaffes majeures. Des tirs croisés entre les chefs des trois principaux partis avec, au centre, Mme David qui semblait compter les coups sans vraiment en recevoir au demeurant. Je dirai d’ailleurs que Françoise David a bien réussi son baptême de feu d’un débat électoral : elle a défendu avec calme, clarté et précision les positions de son parti (en faveur de la souveraineté du Québec, défense de l’environnement, valeurs sociale-démocrates, gratuité scolaire, etc.). Elle était clairement au-dessus de la mêlée, elle était la plus calme et la plus sereine des quatre, car elle n’avait rien à perdre et tout à gagner dans ce débat. Elle a donc fort bien tiré son épingle du jeu et elle a conclu sa participation en demandant aux électeurs de la circonscription montréalaise où elle se présente de lui offrir la chance d’aller les représenter à l’Assemblée nationale. Pour l’instant, Québec solidaire, qui a été fondé en 2006, n’a qu’un seul député, Amir Khadir, dans le comté de Mercier, à Montréal, où il a d’ailleurs de fortes chances d’être réélu. Le suspens le 4 septembre pour Québec solidaire sera donc de savoir si ses deux chefs, Amir Khadir et Françoise David, seront ou non élus. Mais quoiqu’il en soit, la prestation de Mme David à ce débat a été unanimement saluée.
Pauline Marois, la cheffe du Parti québécois
Pas de véritable gagnant, pas de véritable perdant
Celle qui a été la cible de plus d’attaques, c’est bien sûr Pauline Marois. La cheffe du Parti québécois est en tête des sondages, elle pourrait devenir le 4 septembre prochain la première femme première ministre du Québec. Elle a tenté d’être rassembleuse, elle s’est présentée comme étant une femme de conviction qui a une volonté de fer et qui s’est préparée durant toute sa carrière électorale à cette élection. Une élection où elle espère remporter une majorité. Elle a été la plus virulente envers le premier ministre Charest, mais elle a aussi décoché plusieurs flèches envers son ancien collègue François Legault, qui a quitté le Parti québécois pour fonder ce nouveau parti, Coalition Avenir Québec. Ce dernier n’a pas la réputation d’être un très grand orateur, les embûches étaient donc nombreuses dans ce débat pour cet ex-homme d’affaires qui vient jouer le trouble-fête dans cette élection.
François Legault, le chef de la Coalition Avenir Québec
Mais François Legault s’en est relativement bien tiré, il a tapé sur plusieurs clous pour pouvoir passer son message, comme offrir un médecin de famille à chaque Québécois d’ici un an mais surtout, le message principal, qui est de donner le pouvoir à un nouveau parti qui a les mains propres et les mains libres pour faire un gros ménage afin de chasser la corruption de la politique québécoise. Ce thème de la corruption, sur lequel mise également le Parti québécois, est vraiment le thème central de la campagne électorale. Pauline Marois a elle aussi demandé aux électeurs de lui donner le mandat de faire le ménage pour assainir les mœurs politiques québécoises. Ces questions de la corruption et de la bonne gouvernance ont d’ailleurs été les plus périlleuses pour le premier ministre Jean Charest dont le parti a été éclaboussé à quelques reprises par des scandales de corruption et de collusion et qui a mis plus de deux ans avant de mettre en place une Commission d’enquête pour faire la lumière sur ces scandales, notamment dans l’industrie de la construction. Mais Jean Charest, en politicien aguerri, a mis en pratique le bon vieil adage selon lequel la meilleure défense c’est l’attaque, en faisant valoir que le Parti québécois avait lui aussi été entaché par un scandale de corruption. De quoi apporter de l’eau au moulin de François Legault qui tente d’attirer les électeurs québécois en leur disant que son parti, qui vient d’être créé, n’a jamais été souillé par un quelconque scandale et a donc les mains propres pour faire le ménage. Il reste que le premier ministre Charest, qui tire de l’arrière dans les sondages et qui est réputé pour être un excellent débatteur, avait beaucoup à perdre dans ce débat et que dans les circonstances, il s’en est plutôt bien tiré en attaquant de front ses adversaires… pour mieux se défendre. Mais sa prestation ne sera pas suffisante pour lui faire remporter ces élections.
Jean Charest, le Premier ministre du Québec est le chef du Parti libéral du Québec
A noter au demeurant que la question de la crise étudiante et du printemps érable a été à peine abordée au cours de ce rendez-vous, ce qui est plutôt surprenant quand on sait que ces élections ont été déclenchées en partie à cause de cette crise et que la participation des jeunes au scrutin est l’un des enjeux car elle risque d’être déterminante sur l’issue du vote.
Alors, qu’est-ce-que les Québécois vont retenir de ces échanges entre les 4 chefs ? Il y a encore un électeur sur cinq qui se dit indécis, ce débat va-t-il les aider à faire leur choix ? A priori, les grandes tendances qui se dessinent depuis le début de la campagne électorale vont se maintenir, notamment le fait que la lutte va se faire à trois, et non à deux. On saura dans les prochains sondages à qui ce débat aura profité … et bien sûr, les réponses ultimes se donneront le 4 septembre !