Emmanuel Macron est arrivé à Mayotte, première étape d'une tournée de cinq jours dans l'océan Indien

Emmanuel Macron est arrivé lundi à Mayotte, département le plus pauvre de France en plein océan Indien, où la reconstruction se fait attendre, quatre mois après le passage du cyclone dévastateur Chido, et la pression migratoire reste un défi majeur.



 

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Une école endommagée, en haut à droite, après le passage du cyclone Chido, est visible le samedi 18 janvier 2025 à Mamoudzou, dans le territoire français de Mayotte, dans l'océan Indien, alors que la rentrée scolaire a été reportée au 27 janvier. 

@AP Photo/Chafion Madi
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Le chef de l'Etat a atterri à Mamoudzou, chef-lieu du département, à 8.000 kilomètres de Paris, pour la première étape d'une tournée de cinq jours dans le sud-ouest de l'océan indien (Mayotte, Réunion, Madagascar et Maurice).

Venu constater les dégâts peu après le passage du cyclone, qui a fait 40 morts et causé 3,5 milliards d'euros de dommages le 14 décembre, Emmanuel Macron avait alors promis de revenir pour "lancer le temps de la reconstruction".

"Mayotte doit être plus belle demain qu'elle n'a été même avant le cyclone parce qu'il y avait déjà un territoire qui était en pleine fragilité", souligne l'Elysée.

Le président arrive avec un projet de loi de programmation pour "la refondation" de l'archipel, finalisé à la dernière minute, qui vise à renforcer la lutte contre l'immigration clandestine, l'habitat illégal, l'insécurité et à soutenir l'économie locale.

Ce texte, très attendu depuis plusieurs années par les élus mahorais, sera entériné dans la soirée par un Conseil des ministres spécial que le chef de l'Etat présidera en visioconférence depuis l'avion qui le mènera de Mayotte à La Réunion, l'autre département français de cette partie du globe, distant de quelque 1.400 km.

Durant sa visite d'une dizaine d'heures à Mayotte, il ira d'abord à la rencontre de la population, des représentants de la filière agricole avant de s'entretenir avec les élus mahorais sur le projet de loi.

Quatre mois après le cyclone, Emmanuel Macron risque de se retrouver confronté à la même impatience et aux mêmes frustrations qu'en décembre alors que les défis de la reconstruction restent colossaux.

Les réseaux d'eau, d'électricité et de télécommunications ont été rétablis en urgence. Mais les Mahorais attendent toujours le début des grands chantiers.

Le Parlement a certes adopté en février une loi d'urgence qui prévoit des assouplissements aux règles d'urbanisme et des facilités fiscales pour booster la reconstruction.

Mais entre manque de financements, coordination laborieuse et pénurie de matériaux, le processus patine. Pendant ce temps, les habitations de fortune en tôle réapparaissent aussi vite qu'elles avaient été soufflées.

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Mayotte : une journée de deuil national

Environ un tiers de la population, soit plus de 100.000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des logements précaires.

"On en a tous marre", "rien n'a changé", lâche Alexandre Grau, père d'un nourrisson, qui a perdu son toit à Tsingoni et a dû se réfugier chez des amis. "Tout va très lentement", confirme Julian Champiat, président de la Fédération mahoraise du BTP.

Mayotte, où Marine Le Pen a réalisé un de ses meilleurs scores à la présidentielle de 2022 (59% au second tour), est un enjeu politique majeur.

"Les Mahorais ne peuvent plus attendre: l'Etat doit urgemment venir en aide à ce territoire français!", a martelé sur X le Rassemblement national à la veille de la visite présidentielle.

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Le président Emmanuel Macron en déplacement à Mayotte

En décembre, le chef de l'Etat, qui avait passé deux jours au contact des habitants et des élus jusque dans des zones très enclavées, s'était agacé des critiques.

"Si c'était pas la France vous seriez 10.000 fois plus dans la merde!", s'était-il emporté devant des jeunes et des mères de famille qui lui reprochaient de "raconter ses salades".

Il avait alors aussi dit vouloir "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine" en augmentant, jusqu'à presque doubler, le nombre de reconduites à la frontière, qui était de 24.500 en 2023.