En visite au cimetière européen de Saint-Eugène à Alger, le président français Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur d’un match de football entre la France et l'Algérie pour oeuvrer à la réconciliation des deux pays. La précédente rencontre entre les deux équipes date du 6 octobre 2021, elle fut interrompue après l’invasion de supporteurs sur le terrain avant la fin du match.
"Évidemment, nous allons en parler avec le président (Abdelmadjid Tebboune) et ses équipes", a affirmé Emmanuel Macron évoquant un projet de rencontre entre les équipes de France et d’Algérie.
Un match qui dépend du "hasard des compétitions à venir"
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Ce n'est pas à moi de me prononcer, et puis ça dépendra aussi du hasard des compétitions à venir", a toutefois précisé le chef de l’État.
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Je pense que le sport doit réconcilier. C’est pourquoi je serai demain [samedi 27 août] à Oran avec nos sportifs en prévision des JO [de 2024]", annonce Emmanuel Macron.
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La culture et le sport, ce sont des terrains où nous devons être ensemble […} parfois on peut s'affronter, mais on s'affronte amicalement", a insisté le président français.
À lire : Visites des présidents français à Alger : de Giscard à Macron ni "repentance", ni "excuses"Le président français et son homologue algérien ont scellé jeudi leur réconciliation après des mois de brouille diplomatique, notamment autour de la colonisation française (1830-1962).
À lire : Visite en Algérie : Emmanuel Macron annonce la création d'une commission mixte d'historiensUn dernier match au souvenir cuisant
Le souvenir du match du 6 octobre 2001 a longtemps empêché la tenue d'une nouvelle rencontre entre la France et l’Algérie. Le projet plusieurs fois évoqué, selon l’AFP, n’a jamais été réalisé.
Le 6 octobre 2001, dans un Stade de France bondé, des sifflets avaient retenti durant l’annonce des joueurs et au passage de l'hymne français.
Un quart d’heure avant la fin du match, à la 76e minute, des centaines de supporters de l'Algérie ont envahi la pelouse causant la suspension puis l’arrêt du match. L’équipe de Abdelhafid Tasfaout (capitaine algérien) était alors menée 4 buts à 1 par les Bleus.
Le match a été victime de sa propre densité émotionnelle. Mohamed Ghouali ambassadeur d'Algérie en France (1997 - 2005)
La ministre française des sports, Marie-George Buffet, présente dans le stade, avait relativisé la portée des événements: "
Je ressens une grande tristesse. La descente sur le terrain de quelques énergumènes a gâché cette fin de fête (...) mais ce n'est pas un drame. Il n'y a pas eut de blessés, ni d'incidents", affirme t-elle.
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Le match a été victime de sa propre densité émotionnelle", expliquait pour sa part Mohamed Ghouali, alors ambassadeur d'Algérie en France. Cette rencontre était en effet hautement symbolique, il s’agissait de la première entre les deux pays depuis l'indépendance de l'Algérie.
L’incident a également provoqué des réactions politiques. Alain Juppé, figure de l'opposition de droite, avait déclaré : "
lorsqu'on est Français, siffler la Marseillaise est un comportement intolérable, quelle que soit la communauté à laquelle on appartient." Il avait ensuite appelé à "
une politique d'intégration ambitieuse".
De son côté l'extrême droite française avait critiqué la politique migratoire du gouvernement. Bruno Mégret, président du Mouvement national républicain (MNR), estimait que "
les événements du Stade de France montrent combien l'intégration est un leurre et l'immigration une menace".
Aujourd’hui, l’hypothèse d’un futur match suscite tout de même l’envie d’une partie du monde du football.
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On a l'impression que la France ne pourra jamais rencontrer l'Algérie, mais moi j'en ai tellement envie. Ce sont pratiquement les deux seuls pays qui ne peuvent pas se rencontrer, alors qu'il existe un réel attachement", soulignait ainsi en 2019 le président de la Fédération française de football, Noël le Graët.
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