En 2022, l'Europe a été le continent le plus touché par le réchauffement climatique selon une étude

Des fleuves et nappes phréatiques au plus bas, un été caniculaire et des incendies géants : l'année 2022 a été la cinquième année la plus chaude au niveau mondial et la deuxième année la plus chaude en Europe. Un rapport  publié jeudi 20 avril par le service européen Copernicus (C3S) met en avant une accumulation sans précédents de gaz à effet de serre sur le continent.
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Incendie espagne 2022
A Tabara, au Nord de l'Espagne, un habitant essaie tant bien que mal d'eteindre un incendie
AP Photo/Bernat Armangue
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Le monde se réchauffe sous l'effet de l'accumulation des gaz à effet de serre générés par l'activité humaine. Essentiellement du CO2 et du méthane (CH4), leur concentration a atteint l'an dernier son niveau le plus élevé jamais mesuré par les satellites, indique le rapport publié par le service européen Copernicus sur le changement climatique.

Tout enregistrements confondus, "il s'agit des niveaux les plus élevés depuis plus de 2 millions d'années pour le dioxyde de carbone et plus de 800 000 ans pour le méthane." souligne ainsi le rapport.

Les huit dernières années ont ainsi été les plus chaudes jamais enregistrées, indique le rapport annuel. Cela confirme les données préliminaires publiées en janvier dernier. 

L'Europe, où la température grimpe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, a pour sa part connu son été le plus chaud jamais enregistré depuis le début des données en 1950. Le continent s'est réchauffé de 2,2°C depuis l'ère pré-industrielle, contre 1,2°C pour la planète dans son ensemble.

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Température de l'air en 2022
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Température de l'air en 2022
Copernicus Climate Change Service/ECMWF
Température de l'air à une hauteur de deux mètres pour 2022, indiquée par rapport à sa moyenne de 1991-2020.

"Le rapport souligne des tendances inquiétantes, 2022 étant encore une année record en terme de concentrations de gaz à effet de serre, en terme de températures extrêmes, de feu de forêt et de (déficit de) précipitations, qui tous ont eu des impacts notables sur les écosystèmes et les communautés à travers le continent", a déclaré Carlo Buontempo, directeur du C3S, lors d'une conférence de presse.

"Nous nous avançons en territoire inconnu", a-t-il souligné.

"Partout dans le monde, certaines années seront plus chaudes et d'autres plus fraîches. Mais les chances d'avoir des années plus chaudes sont en train d'augmenter", a rappelé Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S.

L'Europe a notamment été frappée par une sécheresse très étendue l'an dernier, avec moins de neige que d'habitude durant l'hiver 2021-2022. Des précipitations sous les moyennes au printemps se sont enchaînées sur une partie importante du continent. Les glaciers alpins ont perdu l'équivalent de 5 km3 de glace.

Les canicules estivales ont contribué à une "sécheresse étendue et prolongée" qui a notamment affecté des secteurs d'activité comme l'agriculture, le transport fluvial ou l'énergie.

63% des débits des rivières européennes inférieurs à la moyenne

Plusieurs indicateurs précisés jeudi reflètent cette situation exceptionnelle. Ainsi, le débit des rivières européennes a été le deuxième plus bas jamais enregistré, "marquant la sixième année d'affilée avec des débits sous les moyennes".

Copernicus décompte ainsi 63% des rivières européennes dont les débits sont inférieurs à la moyenne, un record.

Pour cette année, il est déjà acquis que l'agriculture souffrira en Europe méridionale, même en cas de pluies tardives. La France est déjà en état d'alerte avec des restrictions d'eau précoces, tout comme en Espagne, où les réservoirs d'eau sont anormalement bas. 

"Il y aura probablement une récolte réduite cette année à cause de l'hiver sec et du printemps qu'on a connus", a estimé Samantha Burgess.

Ces conditions de sécheresse et de chaleur l'été dernier ont été propices aux incendies, qui ont généré à travers l'UE leurs plus importantes émissions de carbone depuis 2017.

"L'Allemagne, l'Espagne, la France et la Slovénie ont aussi connu leurs plus fortes émissions liées aux feux d'été depuis au moins 20 ans, avec l'Europe du sud-ouest qui a vécu certains de ses plus gros feux jamais enregistrés", remarque le service européen. 

Une réduction impérative des émissions

"La réduction des émissions de gaz à effet de serre est impérative pour atténuer les pires effets du changement climatique", a souligné Samantha Burgess.

Le Giec, les experts climat mandatés par les Nations Unies, a encore appelé récemment à prendre des mesures ambitieuses face au réchauffement. Selon son rapport de synthèse publié en mars, il atteindra 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035.

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C3S/CAMS/ECMWF/Université de Brême/SRON
Concentration atmosphérique moyenne mondiale mensuelle de CO2 (à gauche) et de CH4 (à droite) mesurée par satellite pour la période 2003-2022 et moyenne sur 12 mois.

"Comprendre et répondre aux changements et à la variabilité des ressources d'énergies renouvelables comme le vent et le soleil sont essentiels pour soutenir la transition énergétique vers la neutralité carbone", a aussi souligné Samantha Burgess.

Sur ce point, Copernicus calcule ainsi que l'Europe a reçu l'an dernier son niveau le plus élevé de radiations solaires au sol depuis 40 ans, une bonne nouvelle au moins pour la production d'électricité photovoltaïque.