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Après des décennies de mise en place de relations diplomatiques avec l'Afrique, la deuxième puissance économique du monde y est maintenant solidement implantée.
Entre 1995 et 2017, le montant des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique est passé de 3 milliards de dollars… à 143 milliards de dollars ! Seulement 3,7% du commerce extérieur chinois, mais plus de 15% de celui de l’Afrique.
Dès 2009, la Chine a devancé les États-Unis et est désormais le premier partenaire commercial du continent.
Elle y déverse son argent, notamment via des prêts, permettant le financement d’infrastructures et ce, alors que beaucoup de pays africains voient leur dette exploser.
Un pari pourtant risqué puisque la Chine s'expose à des non-remboursements de crédits. Pour y faire face, elle a décidé d'intégrer des clauses de sûreté dans de nombreuses transactions. En cas de manquements, les débiteurs peuvent être amenés à rembourser leur prêt en matières premières ou en infrastructures.
Face à cela, l'Occident tente, tant bien que mal, de maintenir son influence, issue de son passé colonial. D’autres pays, là encore, à l’Est, essayent de s’implanter dans ce continent qui représente une mine d’or pour leurs investissements, mais aussi un fournisseur de potentiels alliés politiques.
L’Inde, mais aussi le Japon, étendent aujourd'hui leur influence sur le continent africain.
Les Japonais veulent néanmoins se démarquer des Chinois en revendiquant une approche plus respectueuse des pays africains. Un discours qu’avait d’ailleurs déjà tenu la Chine auparavant lorsqu’il s’agissait de se distinguer des pays occidentaux.
Selon Kae Amo, anthropologue (Tokyo University of Foreign Studies) et spécialiste du Japon, il y a une différence fondamentale entre la stratégie chinoise et japonaise : "Le Japon est venu, poussé par la communauté internationale et a surtout mis l’accent sur l’aide au développement et sur la diplomatie culturelle. Il recherche une vraie implantation locale, contrairement à la Chine qui voit en l’Afrique un marché purement économique, notamment de par les ressources minières qui y sont".
Le Japon ne lutte pas à armes égales avec Pékin. Depuis la première Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, les Japonais ont distribué 47 milliards de dollars sur le continent alors que la Chine y consacre 60 milliards par an. En termes d’investissements, le fossé est encore plus grand : en 2017 le Japon a investi cinq fois moins que la Chine.
Là où le Japon pourrait venir concurrencer la Chine, c’est sur le plan qualitatif des investissements. Car les infrastructures construites par Pékin sont souvent pointées du doigt comme de piètre qualité, là où Tokyo veut tirer profit de sa maîtrise technologique. "Une maîtrise que le Japon dit vouloir transmettre via la formation d’Africains sur place plutôt qu’en ramenant de la main d’œuvre, contrairement à ce que fait la Chine", affirme Kae Amo, même si elle tient à pondérer : "Ceci est annoncé dans les discours officiels. La réalité du terrain que j’ai pu constater, c’est que les Japonais ont du mal à rester plus de 2-3 ans sur un projet. Une durée insuffisante à la formation de professionnels locaux".
En dépit du discours politique, le secteur privé japonais a encore du mal à se passionner pour l’Afrique, même si cela tend à changer.
"Le Japon commence, depuis peu, à intégrer les entreprises japonaises aux discussions du TICAD. Elles voient encore peu d’intérêt dans le marché africain et surtout, contrairement aux entreprises chinoises qui sont directement pilotées par le gouvernement, les entreprises japonaises sont indépendantes. Il est donc difficile de les forcer à adopter une stratégie africaine, mais si Shinzo Abe les incite de plus en plus", ajoute l’anthropologue.
C’est d’ailleurs dans ce sens qu’elles ont une nouvelle fois été conviées à la TICAD. Tokyo veut multiplier les coopérations dans le secteur privé, même si son but premier est avant tout de faire usage de pouvoir d'influence.