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©TV5MONDE / Antoine Fonteneau, Véronique Perez
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En Allemagne, l'abandon du nucléaire favorise-t-il vraiment le charbon ? [À vrai dire]

"L'Allemagne renonce au nucléaire, et c'est le climat qui trinque". Voilà en substance le message entendu ces dernières années : les Allemands auraient massivement fait appel au charbon pour compenser l'arrêt de leurs centrales atomiques. En réalité, ce sont surtout les éoliennes et les panneaux solaires qui ont été appelés à la rescousse.
Début 2011, Angela Merkel y tenait : elle promettait de maintenir en vie les centrales nucléaires plus longtemps que prévu. Mais une catastrophe naturelle a changé la donne. Le 11 mars 2011, la centrale de Fukushima au Japon explose après un tsunami. Le monde prend peur face au risque nucléaire ; les Allemands tout particulièrement.
 

Comment l'Allemagne renonce au nucléaire ?

Après cette catastrophe, la chancelière allemande change d'avis. Angela Merkel annonce la fermeture de tous les réacteurs atomiques du pays avant 2022. Dans les mois qui suivent, les sept plus anciens sont mis à l'arrêt. Deux autres sont définitivement éteints en 2015 puis en 2017.

Aujourd'hui, il ne reste plus que sept réacteurs en activité en Allemagne. La part du nucléaire dans le mix énergétique est passé de 25% en 2010 à 13% l'année dernière.
 

Quelles énergies de substitution ?

A partir de 2011, l'Allemagne a eu recours en plus grande quantité au charbon. Sa part dans le total de la production d'électricité a grimpé de 43% en 2010 à 47% trois ans plus tard.

Mais par la suite, cette hausse a été compensée par un vaste développement des énergies renouvelables.

Pour Rana Adib, secrétaire exécutive de l'association REN21, qui soutient le développement des énergies renouvelables, "l'Allemagne a été clairement un précurseur et un des pays pionniers dans le développement de l'électricité renouvelable, notamment du solaire photovoltaïque et de l'éolien. Avec une réelle vision, avec l'objectif de développer une industrie de production."

La part du solaire dans le mix énergétique est passé de 2% en 2010 à 8% en 2018.

Plus spectaculaire, la puissance du vent permet aujourd'hui à l'Allemagne de produire 20% de son électricité, grâce à de nombreuses fermes éoliennes en mer Baltique. C'était seulement 7% en 2010.

Pendant ce temps, la part du charbon est retombée à 37%. C'est beaucoup moins qu'en 2010. Et pour la première fois l'an dernier, l'Allemagne a produit plus d'électricité à partir d'énergies renouvelables qu'avec le très polluant charbon. Cette matière première à bas coût aura servi de ressource-relais le temps que le pays investisse dans les énergies vertes.

Il n'empêche que l'Allemagne utilise encore massivement le charbon et reste le plus gros émetteur de dioxyde de carbone en Europe. 

"Quand on regarde notamment les secteurs de la chaleur, des transports et de l'industrie, explique Rana Adib, il y a du chemin à faire. L'Allemagne a besoin de reproduire ce bel exemple qui existe dans le secteur de l'électricité dans les autres secteurs."

Des manifestations anti-charbon ont d'ailleurs débuté ce mercredi 19 juin autour de l'une des plus grandes mines du pays, dans la Ruhr.