Fil d'Ariane
Dans sa maison, Nay Zar Min Swe donne des cours à des enfants de son quartier après l'école. Ses Elèves sont bouddhistes ou musulmans comme elle. Un mélange qui a coexisté pendant des générations à Meiktila. Pourtant, il y a cinq ans, elle a dû fuir les violences religieuses contre les musulmans. Elle est restée plus de quatre mois dans un camp surveillé hors de la ville. A son retour, sa maison avait été saccagée. "Je demande que justice soit faite, explique Nay Zar Min Swe. Rien n'a été fait de ce côté-là. Dans tout Meiktila, moins de 5 personnes ont été condammnées pour les violences”.
Officiellement, plus de 44 personnes ont péri en mars 2013. Pendant plus de 3 jours, des émeutes ont détruit des centaines de maisons habitéês par de musulmans, déplaçant plus de 12000 personnes. Aujourd'hui 7 mosquées sur les 13 de la ville sont toujours femées. Lentement la cité panse ses plaies grâce au dialogue entre communautés. Mais le poison du nationalisme bouddhitse demeure.
Nous devons faire très attention à nos actes pour ne pas donner de grain à moudre aux extrémistes. Aujourd'hui, nous essayons de résoudre le problème d'habitat de ces familles musulmanes qui sont revenues à Meiktila sans preuve de propriété.
Htein Min Khaing, “Peace and Development Society”
Certains ont été relogés dans des baraquements, hors de la ville. Une population qui reste discrètement discriminée. Leur école a été fermée par la ville. Aung Nay Paing, en charge de l'éducation à Equity for All, raconte : “les autorités nous ont donné plein de raisons différentes. Mais la vérité est que certains ont fait croire que nous donnions ici des cours religieux.”
Ce genre de rumeurs très répandus sur les réseaux sociaux menace la tranquilité précaire mais apparente de la ville. Une situation facilement inflammable que l'on retrouve dans chaque ville birmane où vivent bouddhistes et musulmans.