Samedi 9 juin au soir, la zone euro s'est dite prête à "répondre favorablement à une demande d'aide" de l'Espagne en faveur de son secteur bancaire et à lui prêter jusqu'à 100 milliards d'euros. Cette débauche de milliards révolte le collectif FLO6x8 qui choisi de protester contre le système financier en dansant le flamenco dans les banques. La Nina Ninja, danseuse professionnelle à Séville, membre du collectif, nous explique leur mobilisation.
Protestation de FLO6x8 dans la troisième banque du pays.
“Les banques représentent un sanctuaire. C’est la représentation physique du système financier que nous voulons dénoncer“.
Le collectif FLO6x8 lors de la Semaine de la lutte sociale à Séville en mai 2011 / Photo La Semane de la lucha social.
Comment est né votre mouvement ?La Nina Ninja : Toute fin 2007, on a commencé à en parler, l’idée à émergé. Notre nom FLO6X8 a une signification précise. « FLO » est l’abréviation de « flamenco » et « 6x8 » est un rythme de danse, d’un style de flamenco : le Tanguillos. C’est un style joyeux que l’on chante pour le carnaval. Même si le peuple revendique, il le fait avec humour. Notre idée s’est concrétisée en mars 2008 avec notre première action dans une banque de Séville. Tous les membres viennent de plusieurs disciplines. Il y a des activistes contre le système depuis des années, des danseurs de flamenco professionnels, des gens du cinéma (preneurs de son, caméraman). Tous du milieu artistique. Le groupe d’activistes a toujours donné une dimension artistique à ses protestations. Nous avions en commun le ras-le-bol, le mécontentement, cette rage qui étouffe tout le monde. Le flamenco est apparu comme notre langage commun. Nous l’avons mis au service de notre colère. Etes-vous liés directement au mouvement des Indignés espagnols qui s’est propagé dans le monde entier ? Nous avons forcément des affinités avec leur mouvement mais nous sommes un collectif parallèle qui sympathise avec eux. Certains membres de notre collectif ont bien sûr participé à des manifestations des Indignés.
Protestation dans la banque Santander de Séville en février 2011.
Où menez-vous vos actions ? A Séville mais nous menons aussi des actions à Malaga, Barcelone et sous peu à Madrid. D’autres collectifs font parfois appel à nous pour participer à des protestations. Par exemple, l’année dernière pour le début de la « Semana de la lucha social » (Semaine de la lutte sociale) à Séville, en mai 2011 nous avons protesté devant la Banque d’Espagne. Pourquoi visez-vous les banques en particulier ? Les banques représentent un sanctuaire. C’est la représentation physique du système financier que nous voulons dénoncer aussi bien sous un gouvernement de droite que de gauche. Nous dénonçons le fait qu’on enlève de l’argent dans les domaines de la santé publique, de l’éducation, de la culture pour le donner aux banques. Cela touche tout le monde. Certains perdent leur travail, leur maison et des droits fondamentaux qu’un gouvernement ne devrait jamais toucher. Même si c’est une action de quatre minutes, elle montre à la banque qu’elle n’est pas à l’abri de tout. Nous ne sommes pas dupes, on proteste. Nos actions font bouger les gens et leur font prendre conscience des problèmes. Il y a plusieurs manières de protester, celle-là en est une. Quelles sont vos attentes pour les mois à venir ? J’attends une réelle révolution, que les gens se révoltent tous ensemble, et pas par petits groupes. Cette dispersion, cette désunion affaiblit notre mouvement. Notre union fera notre force. Les gens ont peur du gouvernement, des politiques. Nous devons faire valoir nos droits en nous unissant.
Traduction de la chanson
A mon ami le banquier Santander Il paie un salaire Sans y penser à deux fois Ils gâchent tout Quelques années de gaspillage Et maintenant ils laissent le peuple payer Si tu ne les paies pas pour leur maison Ils finiront sans abri Et ici, il n’y a pas de crise, non non ! Et ici, il n’y a pas de crise, non non ! Et ici, il n’y a pas de crise, non non ! Ici, il y a juste beaucoup d’insolence Et ici, il n’y a pas de crise, non non ! Formidable formidable formidable Mais à la fin de ces quelques années De faire d’eux-mêmes des vainqueurs Ils ne donnent plus les crédits et les prêts sans caution La banque a été punie d’avoir tant exagéré Mais ils n’oublient pas la dette Ni les salaires ou les chômeurs Et ici, il n’y a pas de crise, non non ! Et ici, il n’y a pas de crise, non non ! Et ici, il n’y a pas de crise, non non ! Ici, il y a juste beaucoup d’insolence Et ici, il n’y a pas de crise, non non ! Mais un jour ils découvraient Le faux rêve espagnol Reposant sur du ciment, mensonges, dette et spéculation Le désordre établi Était juste un pur canular Qu’ils veulent réparer avec des coupures budgétaires et des taxes Ce n’est pas la crise Ça s’appelle le capitalisme !
Une recette bien salée
Karlos Aguinano est le chef cuisinier le plus connu d'Espagne. Il a sa propre chronique culinaire sur la chaîne Antena 3. Récemment, il fait encore plus parler de lui en pimentant sa recette d'un discours contre la politique du gouvernement espagnol. (traduction Maria Luisa Gaspar / Pascal Priestley)