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TV5MONDE : Que révèle cette découverte ?
Sandrine Prat : À ce jour, seule une cinquantaine de crânes complets, de 4 à 2 millions d'années et appartenant à dix espèces, ont été découverts. C’est la première fois que l’on découvre un crâne complet de l’espèce Australopithecus anamensis.
Cette espèce est la plus ancienne connue du genre Australopithèque. Il s’agit d’une découverte exceptionnelle car elle permet de mieux comprendre nos origines. Jusqu’à présent, on découvrait principalement des fragments de dents ou de squelette.
L’article Un crâne hominidé de 3,8 millions d'années, originaire de Woranso-Mille, en Éthiopie a été publié le 28 août 2019 dans la revue scientifique américaine Nature.
Nous savons, grâce à ce crâne, que les Australopithecus anamensis étaient présents sur Terre entre 4,2 millions d’années et 3,8 millions d’années. Cela permet également de reculer la date d’apparition des Australopithecus afarensis (comme Lucy) de 3,8 millions d’années à 3,9 millions d’années.
Les premières études ont montré que les deux espèces sont des groupes frères. Il n’y a donc pas eu une transformation progressive entre Australopithecus anamensis et Australopithecus afarensis. Au contraire, chacune de ces deux espèces a connu une évolution différente.
Que peut-elle nous apprendre sur l'histoire de l'Homme ?
Avec ce crâne du plus ancien Australopithèque, on va mieux comprendre le lien de parenté entre Australopithecus anamensis et Australopithecus afarensis.
L’espèce humaine appartient au genre Homo. Il existe depuis 2,8 millions d’années. Il est donc beaucoup plus récent que les Australopithèques. Certains experts pensent que l’Australopithecus anamensis serait un "bon candidat" pour l’origine du genre Homo, dont nous ne sommes pas encore sûrs.
Grâce aux dents et aux muscles liés à la mastication, cette découverte va également nous renseigner sur le régime alimentaire de l’espèce.
Que pensez-vous de cette étude ?
Elle est assez impressionnante. La contemporanéité entre Australopithecus anamensis et Australopithecus afarensis montre le caractère buissonnant de l’évolution humaine. C’est la première fois que l’on montre la coexistence de ces deux espèces. On sait, grâce à ce crâne, qu’elles se sont côtoyées pendant cent mille ans dans le même environnement : des forêts parsemées de rivières.