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En France, la révolte des femmes de chambre africaines

Leurs exigences : hausse de la rémunération et diminution des cadences de travail. Une vingtaine de femmes de chambre du deuxième plus grand hôtel Ibis d'Europe, sont en grève depuis le 17 juillet 2019. Africaines pour la plupart, elles sont employées par l'entreprise de nettoyage STN, un sous-traitant.

12 août 2019. Gilets jaunes sur des boubous aux couleurs vives, drapeaux rouges de la CGT, sonos et pas de danse. L'ambiance est en apparence festive mais il s'agit bien d'une grève.

Ces femmes de chambre africaines ont mis au placard balais, serpillères et aspirateurs. Elles dénoncent les conditions de travail dans cet hôtel Ibis Batignolles de 700 chambres, dans le Nord de Paris. Mama Ndiaye a dix ans d'ancienneté et ne supporte plus les cadences infernales : "On ne nous respecte pas. C'est un métier très difficile, on bouge beaucoup et j'ai eu des problèmes de tendinite".
 

La majorité des Africains ne connaissent pas les lois. Beaucoup ne savent ni lire, ni s'exprimer, et ils en profitent.Rachel Kéké, voix du mouvement

Difficile de savoir combien d'heures supplémentaires elles effectuent mais les journées à rallonge sont fréquentes. "En 4 heures de travail, une femme de chambre peut faire 30 chambres et les heures supplémentaires ne sont pas payées", explique Rachel Kéké, une des voix principales du mouvement. En CDI à temps partiel pour la plupart, elles sont 22 à prendre part au piquet de grève et ainsi renoncer à leur salaire. Depuis le 17 juillet 2019, elles se rendent sur leur lieu de travail uniquement pour manifester. Les grévistes subsistent grâce à une caisse de soutien mise en place par le syndicat CGT-HPE.

Rachel Kéké est arrivée d'Abidjan en l'an 2000. Depuis son installation en France, elle est employée par des sociétés de nettoyage. Ses collègues aussi viennent majoritairement d'Afrique subsaharienne. Pour elle, leur situation actuelle est liée à leur profil : "La majorité des Africains ne connaissent pas les lois. Beaucoup ne savent ni lire, ni s'exprimer. On n'arrive même pas à lire les fiches de paie, et ils en profitent".

Ne rien lâcher


Malgré les difficultés, elle mène ce combat avec la fierté d'avoir toujours travaillé. De retour chez elle, Rachel peut compter sur le soutien de ses cinq enfants et de son époux qui doit prendre soin d'elle. Car son métier a laissé des traces sur ses articulations et ses muscles. Après un accident du travail, elle a été arrêtée de février à début juillet 2019. Son corps a lâché. C'est pourquoi, elle souhaite être intégrée à l'effectif de l'hôtel afin de bénéficier des mêmes droits que les salariés de l'hôtel.
 

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Rachel Kéké était sur le plateau de TV5MONDE ce mardi 13 août, accompagnée de Sylvie Kimissa Esper, elle aussi femme de ménage. Après trois négociations, la direction leur propose "une prime repas d'un montant de 2 euros", assure Rachel Kéké qui poursuit : "Avec 2 euros, on ne peut même pas s'acheter un sandwich". Les femmes de chambre exigent la somme de 7, 24 euros pour se nourrir.

Souvent des clients nous maltraitent. Parce qu'on n'a pas fait d'études, on ne vaut rien.Sylvie Kimissa Esper, femme de ménage

Outre les douleurs physiques et psychologiques, Sylvie Kimissa Esper dénonce le mépris de certains clients : "Souvent des clients nous maltraitent. Parce qu'on n'a pas fait d'études, on ne vaut rien."  Rachel Kéké lance un appel en direct à la secrétaire d'Etat chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes : "C'est important que Madame Schiappa se rende sur le piquet de grève pour constater la souffrance des femmes de chambre".
 
"La lutte continue et on ira jusqu'au bout", assure Rachel. Si les négociations n'aboutissent pas, le combat des femmes de chambre de cet hôtel parisien devrait les conduire devant le Conseil des Prud'Hommes. Rachel Kéké et ses compagnes de lutte se sont promis de maintenir la pression.