Fil d'Ariane
C’est à Marcoussis dans l’Essonne que va être lancé, ce jeudi 8 septembre, le Conseil national de la refondation. Ironie du sort ou jeu du hasard, ledit CNR sera lancé … au CNR, le Centre national de rugby où s’entraine notamment l’équipe de France.
Mais ce n’est pas pour cette raison que la nouvelle instance fait l’objet de toutes attentions. Outil de "revitalisation" pour les uns, "bidule" qui "se substitue" au Parlement pour les autres, le CNR est loin de faire l’unanimité.
Selon l’Élysée, une cinquantaine de participants, "des forces vives de la Nation" sont attendues à Marcoussis, le jeudi 8 septembre donc, de 9H30 à 18H. Le Président français y présentera une première réunion d’introduction, avant "un dialogue long et très ouvert" sur les attentes et les priorités des participants. Ces derniers écouteront également de courts exposés de la présidente du Haut-Conseil pour le climat, Corinne Le Quéré, du Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici et du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
Dans l'après-midi, ce sera à la Première ministre Élisabeth Borne de piloter une réunion pour déterminer les chantiers et établir leur mise en œuvre dans la durée.
Pour cette journée de lancement, cinq grands thèmes de discussion ont été listés : "le plein emploi, l’école, la santé, le bien-vieillir et la transition écologique".
Dans une allocution diffusée en ouverture du 43e congrès de la Mutualité française à Marseille, à la veille du lancement du CNR, le chef de l'État a rappelé la priorité accordée à la santé, et plus particulièrement au "défi de l'accès aux soins", qui sera, selon lui, "au cœur de l'enjeu". Pour cela, il a notamment souhaité "renforcer l'accès à la santé partout et pour tous", pour "permettre à tous d'avoir accès à un médecin où qu’ils résident", en premier lieu les plus âgés, les malades chroniques et les personnes handicapées.
Se gardant de "préempter les débats", il a toutefois prévenu qu'il "faudra parfois trouver des accords pour rebâtir la continuité des soins sur une base qui sera, je l'espère, partagée et négociée".
Un appel au compromis de "l'ensemble des parties prenantes" (soignants, patients, élus locaux), alors que la "conférence santé" qui découlera du CNR rouvrira des sujets conflictuels comme l'obligation de garde ou la liberté d'installation des médecins.
Des compromis, il risque d’y en avoir en effet, c’est en tout cas ce que laisse présager la méfiance qui accompagne la nouvelle initiative présidentielle. Si les responsables de huit associations d'élus seront présents à Marcoussis, seuls trois syndicats (la CFDT, la CFTC et l'Unsa) participeront au Conseil national de la refondation. La CGT, FO, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU ont quant à eux annoncé qu'ils ne s'y rendront pas.
"Plus que des mots, des sermons à l'encontre des citoyens et citoyennes visant souvent à les culpabiliser, nous attendons des actes, qui répondent aux urgences sociales et environnementales, aux attentes du monde du travail et de la jeunesse", a par exemple écrit la CGT au président de la République. Elle récuse en outre "l'utilisation du sigle CNR" - évoquant le Conseil national de la Résistance-, qui "ressemble à de l'usurpation sociale et historique, à de la communication dont (les syndicats ne peuvent) être dupes".
La CGT ne participera pas au Conseil National de la Refondation le 8 septembre
— La CGT (@lacgtcommunique) September 6, 2022
Ci-dessous, le courrier adressé à Emmanuel MACRON pic.twitter.com/l0b8CEAhMn
Boycott également au sein de l’opposition à commencer par le président LR du Sénat, Gérard Larcher qui dénonce "une confusion des rôles".
"Vouloir réunir dans une même instance des parlementaires, seuls constitutionnellement habilités à voter la loi et contrôler l'exécutif, et des représentants de la société civile (...) ne peut aboutir qu'à une confusion des rôles", dit-il.
Je partage le diagnostic sur la crise de la démocratie. Mais le conseil national de la refondation n’est pas la solution. Il faut éviter la confusion entre démocratie participative et démocratie représentative. @franceinter
— Gérard Larcher (@gerard_larcher) September 7, 2022
Du côté du PS, Olivier Faure dit n’y voir "aucun intérêt" surtout si "c'est pour revivre ce que nous avons vécu avec le Grand débat et la Convention citoyenne" et "si c'est pour contourner un Parlement qui n'est pas favorable (à Emmanuel Macron, ndlr)". N'ayant pas obtenu de majorité absolue aux dernières législatives, le Président français est en effet confronté à une forte opposition à l'Assemblée nationale.
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance, ndlr), qui sera, elle, présente à Marcoussis, a tenté de rassurer l'opposition en assurant qu'elle serait "extrêmement vigilante" sur la défense des prérogatives du Parlement. La Première ministre s’est quant à elle légèrement agacée de ce refus, elle promet toutefois que "la porte restera ouverte" aux oppositions qui voudraient finalement y participer.
Enfin, après un premier refus, les principales associations d'élus, dont celle des maires (AMF), ont décidé d'être à Marcoussis après avoir obtenu des réunions régulières avec Emmanuel Macron sur les problèmes des collectivités.