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TV5 Monde/Anaïs Renevier
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En fuite, Luisa Ortega accuse Nicolas Maduro de corruption

L'ex-procureure générale du Venezuela Luisa Ortega, en fuite à Brasilia, a affirmé détenir "beaucoup de preuves" de la corruption du président vénézuélien Nicolas Maduro et a dit craindre pour sa vie.

 Arrivée tard mardi en provenance de Colombie, où elle s'était rendue après avoir quitté le Venezuela, Mme Ortega a profité mercredi de la tribune offerte à Brasilia par une réunion des procureurs des pays du Mercosur - le marché commun sud-américain - pour fustiger le pouvoir chaviste (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013).

"Ce qui se passe au Venezuela, c'est la mort du droit. La stabilité de la région est en danger", a-t-elle affirmé. "Le Venezuela traverse une grave crise qui empêche (la population) d'avoir accès à l'alimentation, à la santé et aux médicaments de base".

Élu en 2013, le président Maduro est confronté depuis cinq mois à une vague de manifestations pour exiger son départ, qui ont fait 125 morts sur fond de naufrage économique.

Chaviste entrée en dissidence, relevée de ses fonctions par le pouvoir socialiste, l'ex-procureure a fui vendredi le Venezuela, où elle se considère victime d'une "persécution politique".

"J'ai reçu des menaces sur ma vie et je (tiendrais) le gouvernement vénézuélien responsable si quelque chose devait arriver", a-t-elle déclaré.

Mme Ortega a affirmé détenir "beaucoup de preuves, concrètement dans l'affaire Odebrecht, qui mettent en cause de nombreux hauts responsables vénézuéliens, à commencer par le président de la République" Nicolas Maduro.

Le groupe brésilien de BTP Odebrecht, l'un des plus grands groupes de construction d'Amérique latine, est au coeur d'un scandale de corruption qui a secoué tout le continent, avec la constitution d'un cartel ayant truqué des marchés de sous-traitance de la compagnie pétrolière brésilienne Petrobras, distribuant des pots-de-vin à des hommes politiques.

"Dans le cas d'Odebrecht, nous avons découvert qu'ils avaient versé 100 millions de dollars à Diosdado Cabello à travers une entreprise espagnole possédée par ses cousins", a accusé Mme Ortega. Ancien président de l'Assemblée nationale, M. Cabello est le numéro deux du pouvoir chaviste.

"L'Etat vénézuélien a payé 300 milliards de dollars d'argent public pour des chantiers qui sont actuellement paralysés. Nous avons tous les éléments qui impliquent" M. Maduro et son entourage, a affirmé l'ancienne procureure.