
Fil d'Ariane
L’ONU annonce un nombre record de près de 1,3 million de personnes qui ont dû fuir les violences en Haïti pour trouver un endroit sûr, ailleurs dans le pays. Un chiffre qui révèle une augmentation de 24% depuis décembre 2024 selon l'Organisation Internationale pour les Migrations.
La police patrouille près de l'aéroport international Toussaint Louverture à Port-au-Prince, Haïti, vendredi 30 mai 2025.
Un nombre record de près de 1,3 million de personnes ont été forcées de fuir les violences des gangs en Haïti pour trouver refuge ailleurs dans le pays, indique l'ONU, mercredi 11 juin.
Cela représente "une augmentation de 24% depuis décembre 2024" selon l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), qui souligne que "cette hausse représente le plus grand nombre de personnes déplacées par la violence jamais enregistré dans le pays".
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"Derrière ces chiffres se trouvent de nombreuses personnes dont la souffrance est incommensurable", a souligné Amy Pope, directrice générale de l’OIM, ajoutant que nombre de ces personnes ont été forcées de fuir leur foyer "à plusieurs reprises, souvent sans rien, et qui vivent maintenant dans des conditions ni sûres ni durables".
Elle a appelé à agir d'urgence.
Selon l'OIM, la capitale Port-au-Prince reste l'épicentre de la crise, mais la violence des gangs s'étend au-delà de la capitale.
"Des attaques récentes dans les départements du Centre et de l'Artibonite ont contraint des dizaines de milliers d'autres résidents à fuir, beaucoup vivant désormais dans des conditions précaires et des abris temporaires", indique l'organisation.
Etat le plus pauvre des Amériques, Haïti subit depuis longtemps la violence de bandes criminelles, accusées de meurtres, viols, pillages et enlèvements, dans un contexte d'instabilité politique.
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"Bien qu'environ un quart de toutes les personnes déplacées à l'intérieur du pays vivent encore dans la capitale, un nombre croissant de personnes fuit vers d'autres régions du pays à la recherche de sécurité. Dans le Nord, le nombre de personnes contraintes de quitter leur foyer a augmenté de près de 80%", précise l'OIM.
Dans le département de l'Artibonite (ouest), "la violence à Petite Rivière à elle seule a chassé des milliers de personnes de leur domicile, portant le nombre total de déplacés dans la région à plus de 92.000".
Dans le département du Centre, la situation est encore plus alarmante, selon l'OIM.
"Les combats dans des villes comme Mirebalais et Saut-d'Eau ont plus que doublé le nombre de personnes en déplacement en seulement quelques mois, passant d'environ 68.000 à plus de 147.000", précise l'organisation.
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"Beaucoup se retrouvent désormais sans accès aux soins de santé, aux écoles et à l'eau potable, laissant des familles déjà vulnérables lutter pour survivre", insiste l'OIM.
Alors que la saison des ouragans commence, le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM) a alerté début juin sur son incapacité à faire face à toute nouvelle catastrophe dans le pays où plus de la moitié de la population subit une insécurité alimentaire aiguë.
Environ 5,7 millions d'habitants font déjà face à une insécurité alimentaire aiguë, selon le dernier rapport IPC (Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire). Parmi eux, 2,1 millions sont classés au niveau IPC 4 (urgence) et 8.400 au niveau IPC 5 (le dernier, catastrophique, équivalent à la famine).
Mais le plan d'aide humanitaire pour 2025, chiffré à plus de 900 millions de dollars, n'est financé qu'à environ 8%, a déploré le 3 juin Lola Castro, directrice régionale du PAM, après une visite en d'Haïti.