Fil d'Ariane
L’ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi, 85 ans, a annoncé samedi 22 janvier qu'il renonçait à être candidat à la présidence de la République, un poste essentiellement honorifique néanmoins prestigieux pour lequel le vote débute ce lundi au Parlement.
Dans un communiqué en marge d'un meeting virtuel avec d'autres leaders de la droite, Berlusconi a annoncé qu'il avait demandé à ses soutiens de retirer son nom.
"Aujourd'hui, l'Italie a besoin d'unité", a-t-il dit, en référence à l'épidémie de Covid-19. "Je continuerai à servir mon pays autrement". L’élection du nouveau président italien commencera lundi 24 janvier, le septennat du président de la République Sergio Mattarella s'achèvant le 3 février.
Le milliardaire faisait campagne en coulisses depuis des semaines pour remplacer le président sortant Sergio Mattarella, même si les observateurs doutaient qu'il dispose des votes nécessaires. Bersluconi, au contraire, assurait avoir le nombre de soutiens nécessaires pour être élu à la présidence mais y renoncer par esprit de "responsabilité nationale".
Les scandales dans lesquels il a été impliqué, ses gaffes devenues légendaires et ses procès à répétition, auront finalement eu raison de son ultime ambition.
Mario Draghi, l'actuel Premier ministre à la tête d'un gouvernement d'union nationale, est favori.
Silvio Berlusconi, dont le parti Forza Italia participe au gouvernement, préfère toutefois que l’ancien chef de la Banque centrale européenne reste à son poste jusqu'aux élections de 2023.
"Je juge nécessaire que le gouvernement Draghi termine son travail jusqu'à la fin de la législature", a-t-il dit dans un communiqué transmis par son porte-parole. Cela permettrait à M. Draghi de mener à bien les réformes du système fiscal et judiciaire, et de l'administration, promises en échange des milliards d'euros du plan de relance post-pandémie de l'Union européenne, a-t-il expliqué.
Le président est élu pour sept ans au suffrage indirect par une assemblée composée des membres des deux chambres du Parlement (630 députés + 320 sénateurs, contre normalement 321 mais l'élection d'un sénateur a été annulée). S'y ajoutent 58 délégués des régions. Soit au total 1.008 "grands électeurs".
Aux trois premiers tours, une majorité des deux tiers (672) est requise. A partir du 4ème tour, la majorité absolue (505) est suffisante.
Le vote a lieu à bulletins secrets dans l'hémicycle du palais Montecitorio, siège de la Chambre des députés.
En raison des contraintes de sécurité liées à la crise sanitaire, un seul tour de scrutin sera organisé par jour. Le pass sanitaire est actuellement exigé pour accéder au parlement, ce qui empêcherait à ce stade les électeurs positifs d'exprimer leur vote.
Traditionnellement, ce poste ne revient pas à un chef de parti mais à une personnalité jugée au-dessus des partis. Souvent, les personnalités citées en amont de l'élection en sortent bredouille et le poste échoit à un nom sorti du chapeau durant les opérations de vote.
Le président de la République italienne a un rôle principalement symbolique mais exerce un pouvoir considérable en cas de crise politique, qu'il s'agisse de dissoudre le Parlement, de choisir le Premier ministre ou de refuser des mandats à des coalitions fragiles.
Traditionnellement, le président sortant ne se présente pas à un second mandat. Le seul l'ayant fait est Giorgio Napolitano qui resta en poste 9 ans, de 2006 à 2015.
Le siège de la présidence de la République est le palais du Quirinal, ancienne résidence des papes et des rois d'Italie.
Construit à partir de 1573, le Quirinal, orné de multiples œuvres d'art, est l'un des plus importants palais romains: à l'origine résidence d'été des papes, il devint leur résidence principale en tant que souverain temporel, par opposition au Vatican siège de leur pouvoir spirituel: 30 papes au total y ont résidé, de Grégoire XIII à Pie IX.
Sous le joug des troupes napoléoniennes, l'empereur y fit effectuer des travaux pour en faire sa résidence romaine, mais n'y mit jamais les pieds.
Lors de la proclamation de la République, intervenue après le referendum mettant fin à la royauté de 1946, ce somptueux palais de 110.500 m2 devint la résidence du chef de l'Etat. Parmi les palais présidentiels du monde, seul celui du président turc à Ankara est plus étendu.