Fil d'Ariane
Déterminé malgré une défaite de l'armée ukrainienne à Avdiïvka, le président Volodymyr Zelensky a appelé samedi ses alliés occidentaux à livrer plus d'équipements militaires au pays pour repousser la Russie, en insistant sur l'importante des armes de longue portée.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy prononce un discours lors de la 60e conférence sur la sécurité de Munich à l'hôtel Bayerischer Hof à Munich, en Allemagne, le samedi 17 février 2024.
Si le dirigeant ukrainien a été sonné par le retrait forcé, annoncé dans la nuit, de la ville d'Avdiïvka, dans l'est du pays, il n'en a rien laissé paraître lors de son intervention samedi à Conférence de Munich sur la sécurité, en Allemagne.
"Nous pouvons récupérer nos terres. Et Poutine peut perdre. Cela s'est déjà produit plus d'une fois sur le champ de bataille", a-t-il lancé aux responsables internationaux réunis pour cette grand-messe de la diplomatie mondiale, alors que la guerre en Ukraine va entrer dans sa troisième année.
Mais l'Ukraine ne pourra repousser l'offensive russe qu'à une condition, a-t-il rappelé : "Nos actions ne sont limitées que par la quantité et la portée de l'éventail de nos forces - ce qui ne dépend pas de nous".
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En plus de milliards d'euros d'équipements déjà livrés par les occidentaux, Kiev réclame depuis des mois à ses alliés, dont l'Allemagne, des armes de longue portée capables de toucher plus en profondeur les troupes russes.
"Nous n'avons pas d'armes de longue portée, la Russie a ces armes (...) et c'est pourquoi nous continuons à attendre le soutien de nos partenaires", a insisté Volodymyr Zelensky.
Une problématique que le chancelier allemand Olaf Scholz a soigneusement éludé lors de son intervention à la Conférence.
Kiev souhaite que Berlin l'équipe avec des Taurus, l'un des missiles les plus modernes et les plus efficaces de l'armée de l'air allemande.
"Pas à pas, nous décidons toujours de la bonne chose à faire au bon moment", a répondu M. Scholz signifiant que la livraison de ces armes n'était pas à l'ordre du jour.
Le gouvernement allemand y rechigne, de crainte que le territoire russe soit également touché par ces armes de précision, entraînant potentiellement une escalade du conflit. Olaf Scholz a rappelé que l'Allemagne - deuxième contributeur en valeur absolue après les Etats-Unis -, était un soutien clé de la défense de l'Ukraine.
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Le chancelier allemand avait signé vendredi avec M. Zelensky un accord de sécurité ancrant dans la durée l'aide civile et militaire en attendant une éventuelle future adhésion du pays à l'Otan.
Le document signé contient une aide militaire immédiate d'un montant de 1,1 milliard d'euros, qui est une tranche des sept milliards de soutien déjà annoncés par l'Allemagne pour 2024.
Reçu à Paris vendredi pour la signature d'un accord similaire avec la France, Volodymyr Zelensky s'est vu promettre par Emmanuel Macron "jusqu'à trois milliards d'euros" d'aide militaire "supplémentaire" cette année.
Sa tournée européenne a été assombrie par l'annonce de la mort en prison d'Alexeï Navalny, l'opposant numéro un à Vladimir Poutine, éteignant un peu plus tout espoir d'ouverture à Moscou.
Le président ukrainien va multiplier les entretiens diplomatiques tout au long de la journée à Munich, notamment avec la vice-présidente américaine Kamala Harris.
Kiev espère depuis des mois le vote d'une aide cruciale de quelque 60 milliards de dollars décidée par le gouvernement de Joe Biden, en campagne pour un deuxième mandat, mais entravée par une opposition républicaine sous influence de Donald Trump.
"Il est vital et urgent que les États-Unis se décident sur la série de mesures pour l'Ukraine, parce qu'elle a besoin de ce soutien", a dit samedi le chef de l'Otan Jens Stoltenberg à Munich.
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Une réunion des ministres des Affaires étrangères des puissances industrielles du G7 se déroule également en marge de la conférence.
Si l'Ukraine est de nouveau au cœur des débats à la Conférence de Munich, le conflit meurtrier entre Israël et le Hamas, la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza et la menace d'escalade au Moyen-Orient, occupent aussi les participants.
Des négociations complexes sont en cours en vue d'une trêve incluant de nouvelles libérations d'otages du Hamas et de Palestiniens détenus par Israël.
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, dont le pays est l'un des principaux médiateurs dans les négociations en vue de la libération des otages, doit aussi s'exprimer samedi à Munich