En Syrie, Alep échappe au contrôle du régime selon une ONG

La deuxième ville syrienne, Alep, a échappé au contrôle du régime, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, dimanche 1er décembre. Depuis mercredi, une coalition de groupes rebelles mène une offensive fulgurante dans le pays.

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Les corps de soldats de l'armée syrienne et de combattants alliés

Les corps de soldats de l'armée syrienne et de combattants alliés reposent à côté d'un véhicule de l'armée syrienne après avoir été tués au combat par des combattants de l'opposition à Alep, en Syrie, tôt le samedi 30 novembre 2024. Des milliers d'insurgés syriens se sont dispersés à l'intérieur de la plus grande ville de Syrie, Alep, un jour après l'avoir prise d'assaut avec peu de résistance de la part des troupes gouvernementales.

AP Photo/Omar Albam
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Alep, la deuxième ville de Syrie, n'est plus sous le contrôle du régime pour la première fois depuis 2011, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni, dimanche 1er décembre. Une déclaration qui intervient après une offensive fulgurante lancée par une coalition de groupes rebelles menée par des islamistes.

Les combattants rebelles avaient lancé, mercredi 27 novembre, une offensive contre les forces du régime de Bachar al-Assad, soutenues par la Russie et l'Iran, dans le nord-ouest de la Syrie, s'emparant de dizaines de localités avant de parvenir jusqu'à Alep, le poumon économique du pays, dominée par sa citadelle historique.

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Le début de cette offensive a coïncidé avec l'entrée en vigueur d'une trêve au Liban entre Israël et le Hezbollah, allié de la Syrie et de l'Iran. Plus de 330 personnes au total ont été tuées, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie.

Ces combats sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie, où la guerre civile déclenchée en 2011, impliquant des belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales, et des groupes djihadistes, a laissé un pays morcelé en différentes zones d'influence.

Avec l'appui militaire crucial de la Russie et de l'Iran, le régime syrien a lancé en 2015 une contre-offensive qui lui a permis de reprendre progressivement le contrôle d'une grande partie du pays, et en 2016 la totalité de la ville d'Alep.

Le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et ses alliés "contrôlent la ville d'Alep, à l'exception des quartiers contrôlés par les forces kurdes. Pour la première fois depuis le début du conflit en 2011, Alep est hors de contrôle des forces du régime syrien", a déclaré dimanche à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.

"Sans aucune résistance"

Le HTS, dominé par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, et des factions rebelles syriennes, certaines soutenues par la Turquie, avaient lancé mercredi une offensive depuis la région d'Idleb, voisine de celle d'Alep, leur dernier bastion échappant au régime.

Ils étaient entrés, vendredi, à Alep dont ils ont pris, samedi, la majeure partie "sans rencontrer de résistance significative", selon l'OSDH, atteignant la citadelle et s'emparant de bâtiments gouvernementaux, de prisons et de l'aéroport international. L'ONG a fait état, samedi, de raids aériens russes sur Alep, les premiers depuis 2016.

Les rebelles ont défilé dans les rues, installé leur drapeau devant un poste de police et déchiré un portrait de Bachar al-Assad, selon des images de l'AFP. Bachar al-Assad a assuré samedi que son pays était capable "de vaincre les terroristes".

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Selon l'OSDH, les rebelles ont également progressé, samedi, dans les provinces d'Idleb et de Hama, prenant le contrôle de "dizaines de localités stratégiques sans aucune résistance".

L'armée syrienne a renforcé son déploiement autour de la ville de Hama, dans le centre du pays, a annoncé dimanche l'OSDH. 

L'armée a confirmé la présence de combattants hostiles au régime dans de "larges parties" d'Alep et déploré des "dizaines" de morts et de blessés dans l'offensive.

L'Iran "soutient fermement l'armée et le gouvernement" de ce pays, a affirmé dimanche son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, avant de partir pour Damas. Téhéran a en outre appelé, samedi, à une "coordination" avec Moscou face à cette offensive.

Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable, qui a pris tout le monde par surprise.

Dareen Khalifa, une experte de l'International Crisis Group

La Maison Blanche a jugé que le régime syrien subissait les conséquences de "son refus" de s'engager dans un dialogue politique et de sa "dépendance à la Russie et à l'Iran".

Le nord-ouest de la Syrie bénéficiait ces dernières années d'un calme précaire en vertu d'un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara, instauré après une offensive du régime en mars 2020.

Couvre-feu

Les rebelles ont instauré un couvre-feu de 24 heures à Alep, jusqu'à 17 heures dimanche (14 jeures GMT), "pour assurer la sécurité des habitants".

"Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable, qui a pris tout le monde par surprise", a estimé Dareen Khalifa, une experte de l'International Crisis Group.

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Le HTS et les rebelles contrôlent des pans entiers de la province d'Idleb, ainsi que des secteurs des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié. 

Pour leur part, les Kurdes de Syrie ont instauré une administration autonome dotée d'une force militaire dans de vastes régions du nord-est du pays. L'armée turque, qui contrôle plusieurs zones du nord de la Syrie après en avoir expulsé les forces kurdes, avait appelé, vendredi, à mettre "fin" aux "attaques" sur Idleb après des raids russes et syriens.

Déclenchée en 2011 après la répression brutale de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait un demi-million de morts.