Fil d'Ariane
Les djihadistes et leurs alliés mènent une offensive en Syrie, contre le régime de Bachar al-Assad, qui a provoqué la mort de plus de 240 personnes. Vendredi 29 novembre, ils ont réussi entrer dans la deuxième ville du pays, Alep.
Des forces de l'opposition syrienne sont entrées dans Alep, Syrie, ce 29 novembre 2024.
Les djihadistes et leurs alliés sont entrés ce 29 novembre à Alep, la deuxième ville de Syrie, après deux jours d'une offensive éclair contre le régime, qui met fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest syrien.
Ces combats, qui ont fait plus de 277 morts et se poursuivaient dans la soirée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sont les plus violents depuis 2020 dans la région, où la province d'Alep, en grande partie tenue par le régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand bastion rebelle et djihadiste d'Idleb.
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Ce 29 novembre, deux témoins ont déclaré à l'AFP avoir vu des hommes armés à Alep et fait état de scènes de panique dans la grande ville du nord. "Entrés dans les quartiers ouest et sud-ouest", les djihadistes ont ensuite pris le contrôle de cinq quartiers, sans "grande résistance" des forces du régime, a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahman.
Dans la soirée, ils étaient entrés dans plusieurs rues de quatre autres quartiers, a indiqué l'Observatoire.
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Un correspondant de l'AFP à Alep a fait état d'affrontements entre les assaillants et les forces syriennes et des groupes les soutenant.
Selon l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des formations alliées, certaines proches de la Turquie, étaient parvenus ce 30 novembre aux portes de la ville après "deux attentats-suicide avec des voitures piégées".
L'armée syrienne, qui a déployé des renforts à Alep, selon un responsable de la sécurité, a assuré avoir repoussé "la grande offensive des groupes terroristes" et regagné plusieurs positions.
Bombardements russes
L'armée russe a elle annoncé que son aviation bombardait des groupes "extrémistes" en Syrie, en soutien aux forces du régime, selon les agences russes. L'aviation syrienne a aussi lancé des raids intensifs sur la région d'Idleb, a indiqué l'ONG.
Pendant la guerre civile qui a éclaté en 2011, les forces du régime, soutenues par l'aviation russe, avaient repris en 2016 la partie est d'Alep aux insurgés, après des bombardements dévastateurs.
"Pour la première fois depuis près de cinq ans, nous entendons les roquettes et des obus d'artillerie tout le temps, et parfois les avions", a décrit Sarmad, un habitant de 51 ans joint par téléphone par l'AFP. "On a peur que le scénario de la guerre se répète et d'être obligés de fuir nos maisons", a-t-il ajouté.
Selon un correspondant de l'AFP dans les régions rebelles, les combattants ont affirmé recevoir des ordres d'une chambre d'opérations commune. L'offensive a permis aux djihadistes de conquérir environ 70 localités depuis le 27 novembre , dont une vingtaine ce 29 novembre, parmi lesquelles Saraqeb, selon l'OSDH.
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Les combattants ont bombardé Alep pour la première fois depuis quatre ans, visant la cité universitaire où quatre civils ont été tués, selon l'agence officielle Sana. "Il est étrange de voir les forces du régime recevoir de tels coups", a noté Rami Abdel Rahmane. "Etaient-elles dépendantes du Hezbollah, actuellement occupé au Liban?", s'est-il interrogé, en référence à la guerre entre Israël et le mouvement libanais, allié de Damas, arrêtée le 27 novembre par un cessez-le-feu.
Autre allié indéfectible de la Syrie, l'Iran a réitéré son "soutien continu" au pays, où il s'est engagé militairement pour soutenir le président Assad durant la guerre civile. Durant cette guerre, HTS, dominé par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, avait pris le contrôle de pans entiers de la province d'Idleb, et des territoires voisins dans les régions d'Alep, Hama et Lattaquié.
Le Kremlin a appelé ce 30 novembre les autorités syriennes à "mettre de l'ordre au plus vite" à Alep.
Le chef du "gouvernement" autoproclamé à Idleb, Mohammad al-Bachir, a justifié l'offensive en accusant le régime d'avoir "commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l'exode de dizaines de milliers de civils".
Le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a indiqué que "plus de 14.000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont été déplacées" en raison des violences.
Le régime syrien a repris le contrôle d'une grande partie du pays, avec l'appui de ses alliés russes et iraniens, depuis le déclenchement en 2011 du conflit qui a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.